La fin du voyage, le début de l'aventure

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Les pierres défilaient sous ses pieds, le vent giflait son visage et le soleil aveuglait ses yeux alors qu'Arik poursuivait sa course folle sur le large sentier de montagne. Dans son village on lui avait appris à mesurer ses forces, maintenir son rythme, toujours économiser son souffle lorsqu'il marchait en montagne mais la vue de son objectif final avait tôt fait de chasser de son espri tous ces conseils avisés et le jeune homme dévalait à présent le sentier depuis vingt bonnes minutes.
Au fur et à meusure qu'il progressait, les maisons se rapprochaient, se précisaient, on pouvait presque voir la délimitation des tuiles ornant la totalité des toîts de la ville qui s'étendait en contrebas.
L'impatience vainquît finalement le peu de prudence qui le retenait et Arik se retrouva à enchainer courses folles et dérapages contrôlés, coupant droit dans les lacets du sentier, évitant de justesse les pierres et les ronces qui mille fois durent manquer de lui faire achever sa course six pieds sous terre.
Le jeune homme dépassait à présent les premières maisons construites à flanc de montagne, naturellement détruites. La plupart avaient vu leur porte enfoncée, leurs fenêtres défoncées et leur intérieur probablement pillé et mis à sac, on reconaissait là l'oeuvre de goblins des pics. Une maison particulèrement ancienne était même carbonisée.
"Ils sont fous, ces citadins ! Construire des maisons en dehors des rempars et à flanc de montagne, en plus ! Belhor m'avait dit qu'il aimaient faire n'importe quoi mais quand même..."
Arik poursuivit son avancée jusqu'à l'imposante porte de bois renforcée de grandes barres métaliques, assurance d'une relative sécurité pour le peuple comme pour la noblesse.
- "HALTE !" Cria un des gardes perchés sur la haute muraille de pierre. "Qui êtes vous et que venez vous faire ici ?"
-" Je suis Arik... Arik de Fulmiris et je viens pour devenir aventurier."
Les gardes se concertèrent en silence, s'échangeant des regard suspicieux, puis l'un d'entre eux répondit :
-"Prépares tes sacs, je descend pour l'inspection."
Tandis qu'Arik se délestait, non sans un certain soulagement, de son lourd sac à dos qu'on aurait pu croire greffé à ses épaules tant il l'avait porté ces derniers jours, la porte s'ouvrait dans un grincement sonore, lui laissant apercevoir l'intérieur de la ville. Il n'eu cependant guère le temps de s'attarder dessus car déjà le garde à l'air renfrogné fouillait entre ses vivres et ses vêtements de rechange à la recherche d'un quelconque objet passible de sanction. Ne sachant que faire pour patienter, Arik se retourna pour observer la ville mais c'était sans compter sur les portes, déjà refermées, il se contenta donc d'observer les innombrables entailles qui ornaient les planches comme l'acier, symboles de l'ancienneté de la porte et du danger que représentait l'instalation d'une ville si près des montagnes.
-C'est bon, 'pouvez passer. Affirma finalement le garde avant de faire signe à son camarade perché sur la muraille qui ouvrit à nouveau les lourds battants, laissant enfin le jeune homme pénétrer dans l'enceinte la ville.

Soit il se trouvait dans un quartier d'une remarcable pauvreté, soit cette ville était d'une pauvreté remacable à en juger par l'état des lieux.
Les nombreuses fissurés qyi parsemaient les murs étaient grossièrement réparés à l'aide de planches de bois, où comblées par des pierres insérées dans les fentes, voire cachées par des draps lorsque l'ampleur des trous rendait inenvisageable toute tentative de réparation. En entamant sa recherche d'une auberge, Arik vit un enfant esquiver de justesse une tuile tombée d'un toît et entrer dans une maison par le trou béant laissé dans une porte patiellement carboniée avant d'en sortir, poursuivi par des hurlement provenant de l'intérieur, quelque chose dans la main.

Le jeune homme n'eu guère le temps de s'atarder sur cet évènement pour le moins douteux qu'un inconnu enroulé dans des haillons poussiéreux le bouscula violement, avant de s'enfuir en courant. Tandis que derrière lui, Arik entendit un hurlement :
-"VIENS LÀ SALOPERIE DE VOLEUR À LA CON !!!"
Un autre homme, cette fois-ci arborant une tunique une cape et des braies dans un état acceptable ainsi qu'une ceinture à laquelle pendait un large glaive doubla Arik, continuant de proférer des injures à l'encontre du soit disant voleur. Décontenancé, le jeune homme porta machinalement une main à sa propre ceinture sans y sentir le sac de peau qui lui servait de bourse.
-"Hé mais...!"
Sans finir sa phrase, il se lança à son tour à la poursuite de l'homme aux haillons, zigzagant entre les personnes et les maisons, luttant pour garder le voleur dans son champ de vision "à droite !" Il sauta au dessus d'une charette, bousculant certains passants dans son élan, "par là !" s'engouffra dans un dédale de ruelle à peine assez large pour y faire passer deux hommes, esquiva la chute d'une pierre insérée dans une fissure "vite !" Prenant une longueur d'avace sur ses poursuivants, le voleur coupa à l'intérieur d'une maison dont un coin faisait s'alligner deux trous béants, resortant de l'autre côté d'un virage à angle droit "où est-il ?" Apercevant un bout haillon disparaître derrière un mur, le jeune homme tourna d'un coup, courant après son voleur avant de le perdre une bonne fois pour toute au détour d'une ruelle. Il continua de courir quelques secondes avant de se mettre à marcher au hazard, espérant peut-être retrouver l'homme quelque part dans ce labyrinthe de ruelles, de murs et de trous.
C'est à force de marcher qu'il retrouva celui qui poursuivait le voleur avec lui, adossé contre un mur, décoiffé et encore haletant.
Le concerné tourna brusquement la tête vers lui et demanda d'un ton sec :
-"Qu'est-ce que tu fouts là, toi ?"
Un peu surpris par cette question, Arik bredouilla une réponse, tentant d'articuler au mieux alors qu'il reprenait encore son souffle :
-"Ah... eh bien, euh... il m'a volé aussi, l'homme... le même que toi, donc je l'ai suivi et..."
-"Et il nous a échapé." Compléta l'homme, dont le visage exprimait une frustration certaine.
"Bon, suis-moi."
Sur ces mots, il se décola du mur et prit la direction d'un bâtiment à l'enseigne métalique repésentant un crâne coupé au sommet duquel débordait de la mousse.
Il poussa la porte de ce qui semblait être une taverne, étant donné le vacarme ambiant et les chopes qui s'échangeaient à tour de bras, de manière à laisser Arik entrer puis se dirrigea d'un pas vif vers une table dans le fond à laquelle une femme à la taille et la musculature aussi impressionante qu'imposante.
-"C'est pour quoi ?" Marmona-t-elle à l'instant où l'homme tira l'unique autre chaise à cette table.
-"Retournes-toi." Ordonna-t-il au jeune homme qui s'exécuta, bien qu'un peu dubitatif.
-"Alors, c'est pour quoi ?" Reprit la femme, un brin d'impatience dans la voix.
-"Moi et mon amis, on a un problème qu'on doit régler au plus vite, un homme nous a volé nos bourses et..."
-"Cinquante." Le coupa la femme avec une voix autoritaire.
-"Cinquante ?"
-"Cinquante pourcent de vos bourses à tous les deux quand j'les aurai retrouvées.
-"Allons, vous pouvez faire un effort, je suis sûr que si on cherche bien, on pourra les retrouver nous même... dix pourcent ?"
La femme éclata d'un grand rire sonore qui emplit un instant l'espace clos avant d'être à nouveau avalé par le tintamare ambiant.
-"Vous êtes pas sérieux ? Quarante huit."
-"Les temps sont durs, le métier aussi, on a besoin de manger, nous. Qu'est-ce que ça peut t'faire, quelques piécettes ? Quatorze ?"
-"Pour moi aussi, les temps sont durs, de moins en moins de clients, tu sais ? Quarante."
-"Mais tu veux me ruiner, ma parole ! Tu sais combien ça coûte, une nuit à l'auberge ? Seize."
-"Pendant mon dernier boulot j'ai été salement blessée, tu veux que j'm'endette pour les soint peut-être ?" Trente six."
Détachant peu à peu son attension des négociations, Arik commença à s'éloigner de la table lorsqu'il entendit son compagnon d'infortune crier :
-"VENDU !!!"
Il se retourna brusquement et se fît prendre par l'épaule par l'homme, visiblement ravis de la transaction, qui l'enmena vers la sortie tandis que la femme disparaissait dans une autre salle de l'auberge.
-"Tu sais à combien j'ai eu le pourcentage ? Vingt deux pourcent ! Vingt deux pourcent, tu te rends compte ? Je pensait m'en sortir avec trente mais 'faut croire qu'elle était de bonne humeur... au fait, j'm'appelle Agheel et toi ?"
Décontenancé par l'entrain de son... compagnon, le jeune homme bredouilla :
-"A...A-Arik, en-enchanté..."
-"Pareil ! Tu viens ?"
Sans attendre la réponse, Agheel se retourna, invitant Arik à le suivre d'un mouvement de la main.
-"Laisses moi deviner, tu viens d'arriver non ?"
-"Euh... oui, comment le sais-tu ?"
-"Ça se voit. Tu regardes partout, tu trimbales un sac de voyage plein craquer et tu te fais voler ta bourse par par le premier venu. T'es forcément pas d'ici."
-"Et ta bourse à toi ?"
Agheel s'éclaircit bruyament la gorge avant de reprendre :
-"Ici, t'es dans les quartiers pauvre à l'ouest de la ville. 'Y a pas grand chose à voir à par les tavernes, les voleurs, et les établissements... enfin tu vois le genre..."
Au fur et à mesure que les deux compaires progressaient, les nombre de fissures diminuait et les bâtiments grandissaient, les gens changeaient également, mieux habillés, de plus en plus se trouvaient sur des charettes où des cheveaux marchant sur une rue bien mieux pavée, qui s'élargissait de plus en plus. Alors qu'un groupe d'hommes arborant les mêmes armures de cuir et de métal que les gardes qui avaient fouillés Arik à la porte ouest oassait à côté d'eux, Agheel se tourna à nouveau vers le jeune homme et annonça :
-" Ça, c'est le quartier résidenciel, il fait tour du quartier riche. T'y trouveras beaucoup plus d'auberges et de tavernes, par contre leur bière est pas terrible...
Sans plus de cérémonies, Agheel entraina à présent Arik vers une grande place circulaire bondée de monde au centre de laquelle trônait une énorme tablette de pierre recouverte d'un texte finement gravé à même la roche qui ne devait son équilibre qu'à quatre longues chaînes rouillées, la maintenant à la vericale.
Tout en avançant, Agheel poursuivit ses explications :
-"Là, c'est la place principale. C'est là que les grandes routes de la ville se rejoignent et que tout le monde se croise...
-"C'est quoi, ça ?" Le coupa Arik, désignant l'étrange monument.
-"Un mémoriel, je crois qu'on m'avait dit que ça parlait d'attaque de monstre où un truc comme ça... C'est comme ce temple, si tu veux mon avis."
Il désigna un grand bâtiment à l'architecture cubique au sommet duquel trônait un cercle d'or duquel sortaient des barres semblables à des rayons de plus en plus longues de la moitié jusqu'au bas, la dernière faisant le jonction entre le symbole et le toît du bâtiment.
-"Comment ça ?"
- "Inutiles." Rétorqua Agheel. "Si ce qu'ils racontent étaient vraiment importants, on aurait pas besoin d'un tas de pierres pour s'en souvenir."
Il se détournai rapidement des monuments et poursuivit sa route, taloné par Arik, de son côté déçu de ne pas en savoir plus.
À peine étaient-ils arrivés de l'autre côté de la place que son guide s'arrêta de nouveau pour reprendre la parole :
-"Par là, c'est une zone réservée à la milice. Personne y va, on dit qu'il y a rien à voir."
-"Qui dit ça ?" Interrogea le jeune homme.
-"La milice." Répondit l'intéressé avec un regard malicieux. "Au nord, 'y a l'embassade mais le plus intéresseant pour toi, c'est ce qu'il se passe au sud."
Virant brusquement sur sa gauche, il se mit à avancer plus vite que tout à l'heure, progressant à travers la foule qui s'amassait dans cette direction.
Dans cette partie de la ville, bien que les bâtiments se trouvaient plus vieux et plus petits que dans les quartiers résidenciels et militaires leur état n'était en rien comparable à celui des quasi-ruines du quartier pauvre. Au contraire, ici, les bâtiments semblaient parfaitements entretenus et les commerces nombreux. Beaucoup d'entre eux avaient tendu une large bâche devant leur porte, utilisant ainsi l'espace déjà restreint des rues, plus étroites et sinueuses que dans le reste de la ville, dans le but d'exiber encore d'aventage de marchandises. Dans ces rues, on semblait pouvoir trouver tout et n'importe quoi : armes, provisions, armures, bijoux, vêtemens et poteries exotiques...
Plus ils progressaient, plus Arik avait l'impression de se perdre dans un coffre géant contenant les effets personnels de milliers d'explorateurs.
Tout en poursuivant sa progression à travers la foule, Agheel reprit ses exlications, criant presque pour couvrir le brouhaha ambiant :
-"Ici, c'est le quartier marchand ! Évites d'y aller seul, c'est facile de se paumer et après bon courage pour en sortir, c'est le plus grand des quartier ! 'Me perds pas, on accélère !"
Sur ces mots, l'homme se mit à jouer des coudes avec une remarcable dextérité, creusant rapidement l'écart qui le séparait d'Arik qui n'eu d'autre choix que de l'imiter pour ne pas se retrouver piégé dans la foule.
Après quelques minutes à se frayer un chemin à la force des bras à travers la forêt humaine, le jeune homme finit par sortir du moulon à la suite d'Agheel.
Ils débouchèrent alors sur une petite place au centre de laquelle se trouvait un puis, visiblement hors d'état de fonctionner.
-"Enfin !" S'écrièrent les deux hommes en même temps. Ils se fixèrent un instant puis Arik se mit à rire tandis qu'un sourire amusé se dessinait sur le visage anguleux d'Agheel.
-"Bon, félicitation pour avoir passé la jungle, maintenant t'es à l'extrême sud de la ville, si tu descends la rue à gauche, t'arriveras à la grande porte. C'est ici que la plupart des voyageurs dorment. 'Y en a encore dans les rues autours mais rien que sur la place, t'as des auberges, une taverne, deux trois magazins qui vendent un peu de tout et..."
Les yeux du jeune homme se mirent à briller.
-"Les avenuriers !" Compléta-t-il au comble de l'excitation.
-"Les aventuriers ? Ah ! La guilde !" Corrigea son guide. "Pourquoi ? Ça t'intéresses ? J'te préviens, c'est pas un métier de rêve, je sais pas ce qu'on t'a raconté mais..."
-"Comment je m'inscris ?" Le coupa Arik, bien trop impatient pour attendre une quelconque explication.
-"Avec de l'argent !" Répliqua Agheel. "Et à moins d'avoir un groupe, c'est même pas la peine d'essayer, un mec seul peut pas accepter de travail."
-"C'est si difficile de trouver un groupe ? Je suis sûr qu'ils sont nombreux à chercher un équipier...
-"Un équipier expérimenté." Compléta son guide. "Enfin bon, fais comme tu veux. En tout cas on devrait rentrer à la taverne, Hildda a sûrement bientôt avoir fini."
-"Hildda ?" Interrogea le jeune homme.
-"Celle qui doit retrouver notre argent."
Sur ces mots, Agheel tourna les talons, bientôt suivi d'Arik qui poursuivit son argumentaire jusqu'à ce que l'homme pousse de nouveau la porte de la taverne et revienne s'assoir à la place qu'il occupait plus tôt dans la journée, ce non sans une certaine énergie.
C'est dans le silence que les deux compères restèrent assis, l'un sur la chaise, l'autre sur la table après qu'Agheel lui ait fait part la règle d'or de ce lieu : Ne JAMAIS s'assoir à la place d'Hildda.
Arik n'ayant aucune intention de s'attirer les foudres d'un personne comme elle, il optempéra rapidement et à raison, étant donné que l'imposante silouhette de la concernée se dessina quelques minutes seulement après que le jeune homme ait changé de place.
C'est donc dans la non-violence que la femme reprit sa place en face de son client et une fois instalée, annonça :
-"J'ai retrouvé votre voleur et il a toujours vos bourses. Il vous attend au nord du quartier pauvre, à droite du "Mendiant beuré".
-"Comment ça, il nous attend ?" Répliqua Agheel avec stupeur.
-"J'l'ai trouvé et j'lui ai bien comprendre qu'il avait intérêt à vous attendre sagement, comme vous avez intérêt à me rapporter ma part." Répondit calmement Hildda dominant Agheel de toute sa taille.
-"T'avait dis que tu les ramènerai..."
-"J'avais dit que j'les retrouverai, pour les reprendre, démerdez vous." Le coupa-t-elle.
Celui-ci ouvrit la bouche pour répliquer mais se ravisa, tentant sans y parvenir de cacher sa frustration.
-"Très bien."
Il se leva de table, fit signe à son compagnon d'infortune de le suivre et tourna les talons, poussant avec brusquerie la porte de la taverne avant de lacher les quelques injures, qui devaient lui être resté en travers de la gorge.
-"Tu m'étonnes, qu'elle ait été gentille sur le pourcentage... elle retrouve le gars et après elle reste assise tranquille en nous laissant la partie la plus dangereuse !"
-"Comment ça, la plus dangereuse ? On y va, on récupère notre argent et on repart." Objecta Arik, surpris par ce changement d'humeur soudain.
-"'Soit pas naïf, vu le mal que ce mec s'est donné pour nous voler, il aura au moins engagé deux-trois gars prêts à tout d'l'argent en nous attendant, et c'est pas ça qui manque ici." Répliqua Agheel, de mauvaise humeur.
Les compagnons d'infortune poursuivirent leur route jusqu'au lieu indiqué par Hildda. À une centaine de mètre de l'auberge, Agheel s'arrêta et exposa se consignes au jeune homme :
-"Bon, c'est clair que c'est une embuscade donc tu restes desrrière moi et au premier mec qui attaque, tu te barres vers un autre quartier. Même si tu te fait suivre, les gardes pourront pas ignorer une course poursuite en dehors du quartier pauvre. Si tu peux pas fuir, tu restes derrière moi et tu te fait pas toucher, pigé ?"
Sans attendre de réponse, il se remit à avancer tout en sortant un large bouclier rond de sous sa cape, portant son autre main au manche de son glaive.
Consient que l'embuscade pouvait venir de n'importe où, le jeune homme préféra ne rien dire et suivit son guide en silence, préparant son corps à réagir au quart de tour.
Ils arrivèrent finalement devant leur voleur, assis sur le sol à droite de l'auberge comme convenu, une barbe grise et brousailleuse qui lui mangeait le visage, des traits tirés parcourus d'une longue cicatrice passant sur son oeuil droit, et de longues mains squelettiques posées comme mortes sur ses genoux, il était vêtu des mêmes haillons que lors de leur première "rencontre".
Son oeuil unique toujours dirrigé droit devant lui, il n'esquissait pas le moindre mouvement pas la moindre expression, il faisait exprès de les ignorer.
Excédé, c'est Agheel qui prit la parole :
-"Plus besoin d'attendre, rends nous ce que tu nous a volé et on s'en ira."
Faisant mine de les avoir à peine remarqués, le vieil homme tourna la tête vers eux :
-"Z'avez pris vot' temps dis donc, s'agirait d'êt' ponctuel... 'fin bon, s'pas qu'chuis pressé mais 'savez, rester l'cul vissé sur les pavés toute la journée s'pas bien marrant..."
Alors qu'il continuait de parler, un homme titubant, une bouteille vide à la main s'approchait peu à peu par la gauche. Il avait beau immiter du mieux qu'il pouvait la démarche d'un homme ivre, son regard ne sut tromper l'oeuil attentif du jeune homme : il allait attaquer Agheel.
Alors que la distance entre les deux hommes n'était plus que de quelques mètres, le bouclier rond se leva, percutant la bouteille qui explosa en mille morceaux dans un fracas asourdissant, forçant Arik à se protéger les yeux des éclats tranchants qui fusaient dans toutes les directions. Lorsque celui-ci les rouvrit, un poing imposant s'approchait dangereusement de son visage. Par réflexe, il plia les genoux, se laissant choir sous son propre poids tout en recroquevillant le haut de son corps en une positon de deffense devenue instictive. Relevant aussitôt sa tête, il vit son adversaire, un grand gaillard de presque deux mètres qui ramenait à peine de son bras. Les mouvements suivants s'exécucèrent tous seul, comme imposés par le corps qui répétait par automatisme des mouvement comme encrés en lui, gravés dans la chair et les os : de ses jambes jusqu'au bout de son bras, tout ses muscles se détendirent à l'unisson, percutant en un éclair le menton de son agresseur. Profitant alors de son élan pour pivoter de tout son corps et décocher d'un second mouvement fourdroyant un coup de pied droit dans la machoire de l'homme, toujours étourdis par le premier coup.
Ce n'est qu'à ce moment qu'Arik reprit le contrôle de son corps, enfin à même d'analyser la situation.
Agheel, alors qu'il venait d'assomer le premier agresseur était déjà au prise avec un autre, armé d'un couteau tandis que deux autres se ruaient vers le jeune homme, l'un à main nue l'autre une masse dans la main droite. Le voleur, quant à lui tentait de s'éloigner sans se faire remarquer. Le jeune homme n'eu guère le temps de réfléchir au meilleur comportement à adopter car déjà, il était contraint d'esquiver d'un rapide pas sur sa gauche un coup de bâton de l'un de ses adversaires. Il répliqua d'un direct du gauche rapide et précis dans le foie de l'attaquant qui se plia en deux de douleur tandis que l'autre se lançait à la poursuite d'Arik, lui même s'élençant aux arrières du voleur. Sans une longeur d'avance, ce dernier ne put semer une seconde fois son poursuivant qui le coinça contre un mur, l'empêchant de s'enfuir dans une ruelle. La seconde d'après, le vieil homme était assomé tandis que le jeune homme faisait face au second agresseur.
Arik, dos au mur n'avait d'autre choix que d'attaquer de face, d'autant que l'homme au bâton, bien que toujours souffrant, s'approchait petit à petit.
Plus le temps de réfléchir : l'agresseur qui le bloquait contre le mur para, non sans une vive douleur sans les deux bras, un premier coup du jeune homme, bien plus violent que ce à quoi il s'attendait. Le second coup fut plus douloureux encore, lui faisant fléchir les jambes tandis que l'ultime impact du genou dans sa machoire le fit sombrer une bonne fois pour toutes dans l'inconscience.
Ce bâton ne fut encore une fois d'aucune utilité à son possesseur pusqu'aisément dévié d'un mouvement du poiget et son visage percuté de plein fouet par le poing de cette soit disant "cible facile", l'homme bascula en arrière, sa tête cognant le sol avec violence. Comprenant qu'il ne servait à rien de se relever, il préféra rester au sol.
Lorsqu'Arik regarda dans la direction de son guide, celui-ci achevait son adverdaire déjà tombé d'un coup de bouclier dans le crâne. L'air de rien, Agheel prit le poux de l'agresseur tout en se relevant avant de se tourner vers Arik. Voyant le jeune homme debout, sans aucune blessure, entouré de trois corps inertes et le fixant avec inquiétude, le voleur également assomé à côté de lui, son cerveau mit quelques secondes à mettre en relation les différentes informations. Une fois la tache accomplie, il bafouilla, incrédule :
-"C'est... c'est toi qui a fait ça ?"
-"Oui." Répondit naturellement Arik, quelques peu essouflé d'avoir exécuté tous ces mouvement sans échauffement préalable.
Sur le visage d'Agheel, la surprise céda peu à peu la place à l'amusement, inapable de se retenenir devant une telle situation, ce dernier éclata de rire.
-"Qu'est ce qu'il y a de si drôle ?" Interrogea le jeune homme, perplexe.
-"Et... et moi qui t'ai dit de te barrer..." articula l'interessé alors qu'il tentait de reprendre son souffle. "T'en as assomé deux fois plus que moi !" Poursuivi-t-il, hurlant de rire.
Devant tant d'entrain, c'est le sourire aux lèvres qu'Arik se tourna vers le voleur et entreprit de le fouiller, sortant de derrière son dos les bourses tant désirées.
Il rendit la sienne à son ami, encore entrain de ricaner et c'est guidé par ce dernier qu'il se rendit à la taverne dans laquelle les attendait Hildda, toujours assise à sa table.

Une fois le paiement effectué, les deux amis se rendirent dans le quartier riche. L'air s'était rafraichis, les ombres s'allongeaient, si bien qu'entre les bâtiment, la nuit pernait déjà ses aises et c'est après avois gravit une bonne dixaine d'escaliers qu'Arik demanda :
-"Où tu nous emmènes, finalement ?"
-"Tu vas voir !" Répliqua Agheel qui marchait de plus en plus vite.
Au bout d'une minute, alors que les pavés défilaient sous ses pieds, le jeune homme se retrouva aveuglé par une douce lumière rougeâtre. Les rayons du soleil mourant aveuglaient ses yeux et caressaient sa peau.
Du haut de son balcon, il voyait la ville s'étendant en contrebas.
La lumière léchait les formes, étirait les ombres, en une multute de silouhettes géométriques abstraites, passant du bleu au rouge orangé, des tuiles au pavés, des doux ombrages à la reconfortante lumière du soir. Le gracieux tableau s'étendait autours de lui, une légère brise poussait ses mèches blondes rendues dorées devant ses yeux, bien incabables de se détacher de pareil spectacle.
Pour la première fois depuis des jours, le jeune homme se sentait comblé, apaisé. Il aurait pu passer l'éternité sur ce balcon, à admirer le sepectacle qui s'offrait à lui, récompense de ses jours de voyage, de ses mois de documentation, de ses années d'entrainement.
Accoudé à la rambarde, Agheel lui aussi contemplait la ville, une lueur nostalgique dans le regard.
Poussé par la curiosité, c'est Arik qui brisa le silence :
-"Pourquoi m'avoir emmené ici ?"
-"J'me suis dit qu'il fallait finir la visite en beauté." Répondit l'intéressé, un léger sourire en coin. "À vrai dire, quand je t'ai rencontré dans le quartier pauvre, je m'attendais pas à ce que tu soit si fort... où est-ce que t'as appris à te battre comme ça ?"
-"Je ne peux... pas vraiment te répondre... Disons que j'ai appris en montagne ?"
-"En montagne ?" L'homme pouffa rire. "Ouais, t'es vraiment un drôle de gars, toi..."
Les deux amis se turent quelques minutes, contemplant la ville hapée par les ombres et le soleil rougeoyant qui disparaissait derrière l'horizon. Cette fois, c'est Agheel qui brisa le silence :
-"Dis moi... tu veux toujours devenir aventurier ?"

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