𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐂𝐀𝐂𝐇É𝐄 |

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒

Glenn

   Tout ça pour ça.

   Je commence vraiment à penser que Pandora nous prend pour ses sous-fifres.

   Après tout, ce n'est pas s'il avait autre chose à faire !

   Et puis y a l'autre. On va la voir, on lui paye à boire pour être sympas – et surtout parce que l'autre con s'est barré trop tôt et que l'on n'a pas eu le temps de lui parler, et la seule à laquelle elle s'intéresse, c'est à Pandora.

   Bordel ! Ce n'est pas comme s'il y avait deux beaux-gosses en face d'elle ! L'un plus que l'autre, il faut bien se l'avouer...

   Mais... j'ignorais qu'ils se connaissaient, Pandora et elle. Surtout qu'elle avait l'air de bien le connaitre. Peut-être même plus que moi...

- T'en a pensé quoi, d'la p'tite ? je demande à Wreck, avachi dans le luxueux canapé de cuir blanc de Pandora.

- Elle n'est pas petite, rétorque-t-il. On a le même âge elle et moi.

   Complexé !

- Donc tu es petit. Mais bon, regarde le bon côté des choses : qui se ressemble s'assemble ! Tu vas pouvoir te la faire ! P'tit veinard, va !

   Rhhahh putain ! Le salaud ! Pourquoi il me frappe tout le temps ! Y a des violences injustifiées ! Où est passé le respect envers les aînés dans ce monde !

   Et puis, dans sa gentillesse et sa grâce absolue, le majeur de Wreck se lève dans ma direction.

- Tu me la laisses, alors ? poursuis-je tout de même.

   Aïe.

- C'était pourquoi, ça ? je proteste en frottant mon bras endoloris.

- Pour rien. Pour le plaisir. Et pour le fait que ça ne plaira jamais à Pandora.

- Et où est le rapport avec Pandora ?

- Tu ne l'écoute jamais quand il cause, soupira Wreck.

   Si, si, des fois.

   Quelques fois.

   Peut-être pas aussi rares que ça, mais...

   Par exemple, une fois, il a dit que si je rebrûlais une seule fois les rideaux de ma chambre avec de la vodka, je dormirais dans la cave.

   Alors déjà, c'était un accident, et ensuite, il ne vaut mieux pas savoir ce que Pandora cache sous nos pieds.

   Je précise que je ne compte pas recommencer. Mine de rien, ça coûte cher la vodka. Surtout depuis que Pandora refuse de prendre en charge les dépenses dues à l'alcool. Sauf si c'est pour lui, bien évidemment.

   Et il m'a aussi dit non pour avoir un chat parce que c'était "des saloperies juste bonnes à bouffer, à pisser et à te regarder d'un air dédaigneux". Je cite.

- Qu'est-ce qu'il a dit ? je tente à pas hésitants.

- Il a parlé d'une prophétie. De la prophétie. Il a pas mal insisté sur le « la ».

  Et donc?

- Il ne veut pas qu'elle se réalise, poursuit Wreck. Sauf que son frangin, il a élu Angelica rien que pour cette prophétie. Sauf que Pandora serait directement concerné, et que pour une fois, il n'y a rien qui le met plus en rogne que de donner raison à son frère alors que celui-ci ne fout strictement rien.

- Il est un peu con, non ? Ça se réalise forcément une prophétie.

   Et là, Wreck me regarde comme si j'avais réellement que de la merde dans la tête. En même temps, c'est compliqué toutes ces histoires de prophétie ! Moi j'y comprends que dalle !

- Il n'y aurait pas besoin de faire des prédictions si elles étaient inévitables ! Les prophéties sont là pour être évitées, ou au pire, pour prévenir de leur arrivée !

   Attendez...

- Donc c'est pour ça, dis-je d'un air plutôt convaincu, que tu ne voulais pas qu'elle entende parler de Pandora. Pour qu'elle ne puisse en parler à personne, qu'elle ne soit au courant de rien, et pour ne pas que son frère se rende compte qu'elle détient un message de la part de Pandora !

   Bordel, je suis un putain de génie !

- Nan pas du tout. C'est juste que l'on n'est pas censé parler de Pandora en présence d'autres personnes.

- C'est vrai, j'affirme de mon génie. Si elle caftait à son frère qu'elle connaissait Pandora, et que celui-ci en entendait parler, on mourrait tous les deux. Euh... Mais dans tous les cas il le saura, ducon !

- Tu l'aurais écouté dès le début, on ne serait pas allé lui parler ! siffle Wreck.

- Parce que c'est de ma faute, maintenant ! je m'indigne.

   Il me regarde d'un air acquiesceur, et me regarde fixement.

   Abruti !

   Dans un moment soudain de folie, je lui saute dessus dans l'espoir de réussir à lui faire bouffer le coussin du canapé, mais il se décale d'un petit mètre sur le côté, me laissant m'aplatir comme une crêpe à ses côtés.

   Il est de plus en plus fort ce p'tit.

- Au fait, je lui demande en relevant la tête. Elle parle de quoi, la prophétie ? J'ai pas écouté Pandora quand il en a parlé.

   Wreck enfouit son visage dans ses mains, avant de se lever et de sortir de la pièce.

  Et je n'ai toujours rien compris à ce qu'il m'a raconté...