𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐂𝐀𝐂𝐇É𝐄 |

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐

Kyle

   Mes yeux sont clos, et ma tête écrasée sur l'oreiller. J'entends les oiseaux piailler sans s'arrêter depuis cinq longues minutes. Et aujourd'hui, ça me fait chier. Sérieusement.

   Je n'ai pas envie de me lever.

   Ça sent le brûlé. Mike a encore dû faire brûler les toasts ou ses œufs brouillés. Faut dire qu'il ne sait pas faire grand chose. 

   J'entends Erik et Audric gueuler en bas. Je ne sais même pas quelle heure il est, mais tant que je ne suis pas levé, c'est que ce n'est pas l'heure. J'ai envie d'aller leur en mettre une, mais, je ne sais pas, j'ai la flemme.

   Et venant de moi, c'est rare.

   Je me retourne dans mon lit et enfonce la tête dans mon oreiller. Il est frais. Il fait chaud. Je dis ça, malgré la pluie qui tombe dehors, et ma couverture qui est tombée par terre durant la nuit, et le fait que le sol était recouvert de neige il y a encore trois jours. Je me retourne dans l'espoir de trouver un coin de mon matelas qui soit froid et sur lequel je peux reposer mon torse.

   Alors pourquoi ?

   Pourquoi quand j'ai pris mon courage à deux mains et que je me suis enfin décidé à me lever, et à descendre dans le salon, j'ai trouvé Angelica, Mike et Zack, en proie à une hypothermie, mourant de froid sous leurs sweets et leurs pull, buvant à grandes gorgées du café ou du chocolat chaud, dans l'espoir que se brûler l'estomac au centième dégré puisse les réchauffer un petit peu.

   Pourquoi ?

   Je tire la chaise à côté d'Angelica et m'y assoie, tandis que Mike me lance une assiette de trois toasts cramés avec du beurre dessus. J'y jette un regard réticent avant de lui dire : « Je prendrais qu'un café. ».

   Il me répond : « Va te faire foutre ! » du regard. À croire que c'est difficile de mettre des tranches de pain dans un grille-pain ! J'te jure.

- T'as bien dormi ? je demande à Angelica, faute d'avoir une meilleure question à lui poser.

- Nan. Il faisait froid.

   Elle se fout de ma gueule. Non ?

- Euh... commence-­t-elle. Je voulais te demander si par hasard... il y aurait un coin pas très loin d'ici, du genre, un village, ou une rivière... Un truc où on pourrait être... dissimulé du bruit, par exemple.

- Bah ouais, je lui réponds. Y a le village d'à côté, à dix minutes à pied. Mais les gens sont tous corrompus là-haut.

- C'est super ! s'exclame-t-elle. Dis... Tu crois, qu'on pourrait y aller ? Tous les deux? Et de préférence le plus tôt possible. Il faut que je te parle.

Bordel. Je lui ais rien demandé moi. Je ne la connais pas. Alors non, je ne viendrais pas.

- Ok.

   Ne me demandez pas pourquoi, ça s'est échappé de ma bouche comme ça. Ça doit être parce que c'est la sœur de son frère.

- Super ! s'exclame-t-elle avec un léger clin d'œil et un sourire rayonnant aux lèvres.

   Elle se lève de table pour quitter la pièce, mais, l'air enjoué disparait soudain de son visage. Elle a dû considérer que je ne la regardais plus.

   Je me lève à mon tour et la suis dans l'entrée. Puis je me stoppe en la voyant monter les escaliers.

- Tu vas où ? je lui demande.