XXI

2K 156 86
                                    

R I M A

« Je serai là », c'est la réponse que Dayana m'a envoyé. Je ne suis pas en colère, mon cœur est sincèrement léger et je peux le dire, c'est la volonté de Dieu qui est en moi, de ma chaire je n'aurais jamais pu être ici, en Jésus je pardonne et j'avance pour qu'il me pardonne.

C'est là, la raison qui m'a poussée à attendre ma sœur, celle qui m'a volé mon futur, celle que j'ai couvé comme un œuf en or.

Qué hubiera sido... chantonnai-je doucement.

... - Rima.

Je sursaute légèrement en tournant la tête vers la droite pour trouver ma petite sœur debout les bras croisées et le visage légèrement serré. Ce visage, je le reconnais, c'est celui de la honte et de la gêne.

Sans le vouloir, j'ai souris légèrement avant de me lever pour la fixer.

Elle a maigri, énormément maigri. Je fixe chaque parcelle de sa peau avant de soudainement lever ma main pour abattre volontairement ma main sur sa joue dans un bruit assourdissant. Il faut croire que l'impact de ma paume contre sa peau représente tous ces jours de souffrance où je n'ai pu m'en prendre à elle.

Contre toute attente, elle s'est contentée de baisser les yeux avant de fixer le sol en tenant sa joue.

— Je te pardonne. J'étais énervée, vexée, blessée, triste, détruite mais Dieu m'a sauvée, comme toujours, c'est pourquoi j'ai choisi de te voir, tu es ma petite sœur, malgré ce que tu as pu faire, j'te pardonne, va dans la paix du Christ et je pourrais également aller pour mon plus grand bien.

À nouveau je souris alors qu'elle lève les yeux vers moi.

DAYANA - J'ai... j'étais amoureuse de ton copain depuis le premier jour où tu nous l'as présenté. Je regrette d'avoir jeté mon dévolu sur lui parce que j'ai trahi ta confiance pour un homme qui aujourd'hui m'a fait un enfant mais qui montre les photos de son ex à mon fils en lui disant qu'elle est la plus belle femme de cette terre et il me traite comme une pute. J'ai fait la pute et je ne peux m'en prendre qu'à moi aujourd'hui mais... mais je... je veux pas voir la vérité en face. J'arrive même pas à m'occuper de mon fils.

Ses yeux qui m'ont paru si froid au début, sont voilés d'un filme larmoyant et brillant. Ça fait des années que je n'ai pas vu Dayana et encore moins, pleurer.

DAYANA - J'ai tout foutu en l'air. Je t'ai détruite, aujourd'hui tu as un neveux et tu ne l'connais même pas et c'est ma faute.

Connaissant ma soeur j'aurais pensé qu'elle aurait joué à la fière par peur d'être engueulée mais bizarrement elle n'a pas la bouche et c'est réellement surprenant.

— Tu aimes Fahim ?

Elle hausse les sourcils en essuyant ses joues.

DAYANA - Je... plus maintenant non.

— Il est perdu, soufflai-je en regardant le ciel.

Les nuages se déplacent aussi lentement que ma colère, elle aura mis du temps à partir mais aujourd'hui je peux le dire je n'ai plus de colère en moi. Juste de la tristesse.

R I M A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant