15.

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« Prépare-toi, je serai dans le hall. Une surprise t'attend...

Marshall. »

C'est la toute première chose que j'ai vu en me réveillant. Une note en papier marbrée, posée sur le lit, à côté de moi. Les lettres finement écrites, penchées, et bien proportionnées font briller le petit bout de parchemin, et ont même réussi à me faire décrocher un sourire. Même si, pour être franche, j'ai longuement hésité à lui poser un lapin, je n'ai toujours pas envie de le voir, ni de lui adresser la parole. Il suffit que je repense à ce qui s'est passé hier pour que j'en ressente un dégoût profond à son égard.

— Les trentes minutes c'était pour me faire mourir d'ennui trésor ?

À peine venais-je de descendre la dernière marche de l'escalier de l'hôtel, qu'il se trouve déjà fin prêt. Un costume gris clair sur les épaules ainsi qu'une chemise entre-ouverte blanche en dessous. J'ai droit à un somptueux sourire, ses cheveux noirs en désordre pointent dans toutes les directions, et mettent trop bien en valeur la silhouette noire de ses yeux allongés et perçants qui me violent sans cesse du regard. Il me tend la main galamment, ce que j'entreprends d'ignorer royalement.

— Tu as bien lu mon mot ? Je t'attendais. sourit-il

Il se racle la gorge et vient saisir mon bras pour le mettre en dessous du sien.

— ...Tu sais très bien que je n'aime pas que l'on me fasse attendre. C'est bien parce que c'est toi, et que je suis de bonne humeur. me murmure-t-il près de l'oreille

— Dans ce cas j'aurai du prendre plus de temps. souriais-je faussement

Nous traversons ensemble le hall, les clients qui d'ordinaires pullulent au bar de l'hôtel ne sont formidablement plus ici. Et c'est seulement en sortant du bâtiment que je me permets un instant de bonheur. L'air frais me donne de l'énergie, et la lumière du soleil me transmet sa bonne humeur. J'avais oublié que nous étions en Italie...

Après tout, pourquoi ne pas profiter quelques instants ?

Avant de retourner à la maison, j'aimerai visiter un peu le coin. Si ça ne t'ennuie pas, bien sûr. me lance-t-il soudain

Il m'ouvre la portière, passant une main dans ses cheveux sombres tombants aléatoirement sur son front, son regard est planté dans le mien. Il est beau, au naturel comme ça. Le soleil sur son visage le rend encore plus séduisant, ce qui fait voler en éclat ses airs « d'hommes implacables qui puent le danger à plein nez » mais lui offre un portrait plus sincère, plus authentique et... très charmant.

Je m'approche de lui et me stoppe à quelques centimètres de ses lèvres, je le défis du regard.

— Où comptes-tu m'emmener cette fois ? soufflais-je

Il se met à sourire et passe une main dans mon dos.

— Dans un endroit sympa et chaleureux, contrairement à toi beauté. fait-il en me dévorant du regard

En me détachant de lui, je sens sa main rester coller sur mon corps jusqu'au dernier moment. Il aura beau dire ce qu'il veut, je vois bien son petit manège. Il ne m'aura pas.

— Où sommes-nous ?

— C'est ici, viens, suis-moi.

Le trajet fut court. Malgré l'heure assez matinale, les rues de Milan sont énormément peuplées. Et j'ai bien vite remarqué que la voiture s'éloignait de plus en plus du centre-ville pour se diriger vers des routes plus terreuses et isolées. Lorsque enfin, nous nous arrêtons devant d'immenses portes en pierre blanches, d'énormes colonnes fissurées, ternies, vieillies par le temps nous barrent la route. Nous sommes forcés de poursuivre à pieds la visite.

DiabloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant