143 22 8
                                    


➳ ❀ ➳

La chaleur de la lumière du soleil contrastait avec le froid du lit. Elle ne savait pas pourquoi, le soleil lui donnait froid. Elle fronça les sourcils, le vide remplissait la chambre comme s'il manquait la pièce maîtresse du puzzle. Elle avait l'impression de suffoquer, elle ne trouvait pas d'oxygène, son oxygène, l'air froid lui brûlait les poumons. Rien, elle ne pouvait se raccrocher à rien pas même à un maigre espoir. Mais par-dessus tout, elle avait peur d'ouvrir les yeux. Elle glissa ses doigts gelés sous la couverture, elle cherchait un peu de chaleur mais elle enleva sa main brusquement comme si elle avait touché de la glace. Non, elle ne voulait pas ouvrir les yeux parce qu'elle le savait, elle l'avait toujours su.

Les muses ne vivent que dans la mythologie.

C'était un espoir vain. Depuis le début, ce n'était pas réel, elle se mentait un peu plus chaque jour. Elle avait cru en une promesse qui n'avait même pas été celée. Ses ongles griffent le matelas, elle grelotte, elle ne sait pas si elle a de la fièvre mais son corps lui fait mal. C'était comme si son organe vital envoyait des décharges électriques dans l'ensemble de son organisme. Sa poigne agrippe les draps blancs comme neige, du verglas fait renverser ses chimères. Non, depuis le début, elle savait qu'elle allait finir seule.

En une fois.

Cependant, elle n'allait pas passer sa vie à se mentir, à quoi bon ? Des larmes lui brulaient les yeux, sa poitrine se soulevait de façon chaotique, elle cherchait son air, un maigre espoir, un soulagement. Mais elle ne rencontra que son fantôme.

Elle.

Sa muse avait de toute évidence disparue. Était-elle au moins réelle ? N'avait-elle pas simplement imaginé leur relation ? Alors, elle avait eu des hallucinations ? Elle était en train de devenir folle. Mais quand elle ouvrit enfin les yeux, son cœur manqua un bond. Sur les draps, à sa droite, elle pouvait voir la forme de son corps marquer le matelas.

Impossible.

Alors, elle n'avait pas rêvé ? Elle se leva précipitamment et courut jusqu'au salon. Elle courut dans la cuisine, la salle de bain. Mais rien, elle ne trouva personne. Si ce n'est le parfum cerise, son odeur, sa présence avait marqué les lieux. Toutefois, elle n'était plus.

Elle avait disparu.

Ainsi, Shuhua se jeta sur son téléphone posé sur la table de chevet. Elle enleva le mode avion, son souffle désordonné, sa mine défaite, son cœur battant à toute allure. Elle n'allait pas la perdre, n'est-ce pas ?

Vous avez un appel manqué.

Elle écarquilla les yeux, prise de court. Non, impossible, non, elle l'avait manqué. Elle avait manqué la dernière chance, l'opportunité de lui dire au revoir.

Message vocal.

Aurait-elle de nouveau cette chance ? Le message avait été laissé quelques minutes plus tôt, elle avait le droit de respirer une once d'espoir, pas vrai ? Elle tapa violemment sur son écran, comme si sa force allait lui apporter une réponse plus rapidement.

Bip.

Sa voix, elle sonnait comme une hymne à la beauté. Shuhua pouvait voir son sourire se dessiner dans ses souvenirs. Des belles lippes rouge vif. Elle caressa du bout des doigts son grain de beauté sous son yeux qui dansaient en parfaite symbiose. Son souffle qui se heurte au sien, le goût de ses lèvres, tout ça était réel, avait été réel. Juste un instant, juste le temps d'une petite année de bonheur. C'était simplement un bonheur éphémère. Car à présent, elle allait la perdre à tout jamais.

𝗔𝗡𝗧𝗜-𝗥𝗢𝗠𝗔𝗡𝗧𝗜𝗤𝗨𝗘, sσσsɦʋOù les histoires vivent. Découvrez maintenant