Petits moments de vie - Jours de juillet

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Le petit train de vie de James ne changea pas tant que cela après l'arrivée d'Alexander, si ce n'est que toutes les choses qu'il faisait seul, il les faisaient à présent en la compagnie du jeune homme: les longues marches dans la forêt ou les champs s'avéraient être plus animées et les soirées de lecture ou d'écriture beaucoup moins banales. Car oui, la présence d'Alexander n'était pas contraignante, ce qui ne déplut pas le moins du monde à James. Le garçon était intelligent et il possédait d'incroyables connaissances sur le monde grâce à ses nombreux voyages. Lors d'un soir de juillet, alors que le Soleil commençait enfin à décliner, James et Alexander étaient chacun assis sur un fauteuil et lisaient à la lumière des bougies. C'était l'un des rares moments où le pensionnaire se taisait.

-James, puis-je vous faire une requête? demanda soudain Alexander, brisant le calme de la maison. Enfin, deux requêtes.

-Je vous écoute, répondit distraitement James.

-Pouvons-nous nous tutoyer? Cela va bientôt faire une semaine que je suis ici, et je trouve le vouvoiement si formel...

James leva son regard d'acier sur Alexander.

-Cela ne me pose pas de problème. Quelle est votre -hem- ta deuxième requête?

Alexander se redressa quelque peu, ses yeux suppliants braqués sur James.

-Puis-je, s'il te plaît, déplier mon chevalet ici? Je l'ai toujours avec moi et je rêve de peindre ces paysages sublimes que sont ceux de la baie de Red Wind! Oh, s'il-te-plaît, accepte! Je te promets de faire attention en peignant, et je replierai mon chevalet et rangerai mes outils après chaque utilisation si cela te dérange!

James haussa un sourcil. Semblait-il si sévère pour qu'Alexander le supplie ainsi?

-Bien sûr. Tu n'auras pas besoin de ranger quoi que ce soit, je suis curieux de voir comment tu travailles.

Le visage d'Alexander se fendit d'un sourire enfantin et victorieux et il se leva, manquant d'aller prendre son hôte dans ses bras. Il se retint juste à temps, de peur de se faire fusiller du regard.

-Oh, merci infiniment! Merci mille fois, je vais m'y mettre dès maintenant! Le coucher de Soleil est particulièrement beau ce soir, tu ne trouves pas? C'est lui que je vais peindre en premier.

James se surprit à sourire. Il souriait beaucoup, en ce moment... Était-ce la joie de vivre de son pensionnaire qui s'insinuait peu à peu dans son âme? En tout cas, c'était agréable. James regarda Alexander peindre avec attention, et se dit que s'il n'était pas humain, le garçon aurait facilement pu être un farfadet qui répandait la joie avec des sourires et des actes enfantins. Les gestes d'Alexander étaient précis et délicats, empreints d'une douceur et d'une légèreté semblables à celles des fées. En plus de son amour pour la vie, Alexander avait quelque chose de magique en lui qui attirait James comme un aimant. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient radicalement opposés, ou parce que James n'avait jamais eu l'occasion de côtoyer une âme si riche et intéressante de toute sa vie...

Le lendemain, James proposa à Alexander d'aller au-delà de la forêt, et le jeune homme accepta avec joie. Ils partirent donc tôt le matin et purent assister au lever du Soleil.

-Le lever de Soleil est si divin, tu ne trouves pas? déclara Alexander. Mais je préfère le crépuscule. Rien que le mot crépuscule sonne bien à l'oreille... C'est le moment où les ombres et les lumières se mêlent pour une dernière danse avant que la nuit emporte avec elle les chants et les joies du jour pour les remplacer par ceux de la nuit, seulement éclairés par la Lune. Le crépuscule a quelque chose de magique, je ne m'en lasserai jamais.

Les deux hommes s'enfoncèrent dans la forêt, et James repéra rapidement des endroits où poussaient avec abondance fleurs et champignons.

-C'est pour le chemin du retour, expliqua-t-il à son compagnon en surprenant son regard surpris. Je fais des herbiers.

Au temps des TournesolsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant