Je ne répondis mot. Je restais là, planter dans le couloir de l'auberge, son propriétaire assommé dans les bras, à entendre les gloussements de plaisir passionnel de la femme que je convoitais. Je dois dire que j'avais connu des jours meilleurs ! Mais pour digérer le tout, je me dis que j'aurais pu être mort à cette heure là, et que par conséquent, je ne m'en étais pas si mal sorti.
Mais quand même, elle était fichtrement bien roulée la petite ! Je me débarrassai du gros plein de soupe, me redressai, et me saisis de la poignée de la porte. J'allais lui expliquer à ce malotru de chasseur de pacotilles, que j'avais été le premier sur le coup !
J'ouvris la porte violemment, en grand, et fis un pas dans la chambre tout en gardant la main sur la poignée. Je me figeai alors soudainement : Obscure Noirceur s'était tout juste retiré de ma belle promise, et brandissait sa hache avec fureur, dans son plus simple appareil.
— Je t'avais dit de partir, me hurla le chevalier noir, petit vicieux, je vais t'arracher la tête !
— Voyons grand fou, apaisa ma belle allongée nue sur le lit, tu ne dois plus tout régler par la violence maintenant. Reviens t'allonger tout de suite à côté de moi, nous avons mieux à faire. Et toi, petit rat, vas-t'en vite, sinon je laisse mon grand et valeureux chevalier te régler ton compte.
J'allais répondre et sauter sur le chasseur de primes avec ma dague. Heureusement, dans un ultime sursaut de lucidité, je me raisonnai. Après tout, une de perdue, dix de retrouvée, comme me répétait souvent mon père. Et ce n'était pas une fois mort que j'allais avoir plus de chances de succès !
Je repartis ainsi, la queue entre les jambes, en empruntant les escaliers afin de redescendre et quitter ce lieu malsain. J'allais sortir de l'auberge, lorsque son patron me prit par le bras :
— Eh, toi, tu allais partir, comme ça ?
— Bah... Oui ! Pourquoi ?
— Et qui c'est qui va régler les consommations, petit malin ?
— Bah... Vous vous en doutez non ? C'est la petite demoiselle et son charmant compagnon.
— Bien sûr, prononça-t-il d'un air peu inspiré... Je connais cette femme, et elle n'a jamais rien en poche. Quant à l'autre, j'l'aime pas trop, je préfère m'en tenir éloigné. Alors tu me dois cinquante deux ponis, et qu'ça tinte !
— Oh, oh, oh. Je crois que nous partons sur de mauvaises bases, commençai-je hardiment. Ecoutez, je n'ai pas un carré en poche, alors ce n'est pas à moi qu'il faut demander de la monnaie. D'accord ?
— Quoi, tu n'as pas de quoi honorer tes dettes ?
— Pardon ? Mes dettes ? Oh, ça va pas recommencer là, j'en sors à peine...
— Ah oui, parce que je ne suis pas le seul je suppose ? Allez, à la plonge, tu tombes bien, le dernier s'est enfui sous la masse de travail que je lui demandais. Tu auras fini de me rembourser dans une semaine si tout va bien.
— Une semaine, m'esclaffai-je ? Mais vous êtes fou, ah, ah, ah. Mes mains manucurée dans la lessive pendant une semaine... Pfeuh, allons, bonne fin de journée brave aubergiste.
Ce dernier me ressaisit de plus bel, alors que je tentais de partir. Je me débattis légèrement, et m'extirpai de ses sales pattes. Enfin, je pris mes jambes à mon cou, poursuivi par le gros bonhomme accompagné pour l'occasion par deux gardes de la ville appelés en renfort. Décidément, la journée n'était vraiment pas bonne pour moi !
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A couteaux tirés
FantasiaJ'étais dans d'beaux draps ! J'arrivais habituellement à tourner à mon avantage toute situation, aussi abracadabrante soit-elle, mais cette fois-là, il allait falloir que je la joue plus fine que d'habitude Il faut dire, à force de parier aux "Coute...