Only her

Chapitre 29

Gabriel a enfin pu pénétrer dans le monde professionnel de Victoria, et il la trouve tout simplement parfaite. Elle est à sa place en tant que femme d'affaires dans ce milieu, dirigeant cette revue et toute son équipe qui semble lui être entièrement dévouée, telle une reine de la ruche. Ici aussi, elle a ensorcelé tout le monde par son esprit et son aura. Gabriel ne souhaite qu'avoir l'opportunité de lui parler. Lorsqu'il a appris que son alter ego allait accorder une interview pour l'édition de septembre de Only Her, il a supplié Erika de lui permettre d'y assister, lui promettant même de considérer un dernier tome pour donner une véritable conclusion à cette histoire, en envisageant éventuellement une romance de Noël en bonus. Malheureusement, il n'a pas pu lui parler, car elle s'est enfermée dans son bureau pour un appel téléphonique. Laissant sa carte de visite et ses coordonnées à la secrétaire, il lui explique qu'il est important de lui parler au sujet de l'interview, puis il accompagne son alter ego sans dire un mot jusqu'aux ascenseurs avant de quitter le bâtiment, chacun partant de son côté.

Gabriel se promène dans les rues de Manhattan, prenant des notes sur ce qu'il voit et entend, se demandant s'il pourra les utiliser dans un futur roman. Il est en train de déjeuner dans un restaurant lorsque son téléphone sonne.

« Que veux-tu, Gabriel ? » demande Victoria sans préambule.

« Juste avoir l'occasion de te parler, Victoria. »

« Nous nous sommes tout dit la dernière fois, je crois, Gabriel. Pourquoi ne peux-tu tourner la page, tirer un trait sur le passé ? »

Sa voix est douce et posée, une musique à ses oreilles, lui donnant la chair de poule tant elle le ramène en arrière.

« C'est ce que j'ai fait, mais te revoir a tout ramené. »

« Ne te fous pas de moi, Gabriel, je sais que tu es derrière Impossible Love, tu crois que je n'ai pas reconnu notre passé ? Tu as fait de moi une sacrée salope ! »

« Mais non, voyons, c'est un condensé de plusieurs personnes », se justifie Gabriel.

« Ethan, lui, n'est le condensé de personne, c'est toi. Donc, ton condensé d'Ashley, ce n'est que moi, la salope. Je te l'ai dit avec affection il y a huit ans. Je te remercie pour toutes ces années, mais c'est fini. Je n'ai pas envie de reprendre où nous nous sommes quittés. Je me suis fait une bonne et belle vie, sois un peu heureux pour moi, si tu as sincèrement eu de l'affection pour moi, laisse-moi partir, s'il te plaît. Est-ce que je dois te supplier ? C'est ça que tu veux ? »

« Non, Victoria, je suis vraiment heureux de voir où tu en es rendue. Tu as une belle carrière, c'est le genre de conversation que nous aurions eue, et je te l'aurais dit, je suis si fier de toi et de ton parcours. »

« Et toi, tu es finalement devenu écrivain, même si c'est de la romance et que tu te caches derrière un pseudonyme, tu as réussi et tu vis de ta plume, je suis contente pour toi, Gabriel. Peux-tu accepter ceci comme la dernière conversation entre deux vieux amis ? »

« Je vais faire de mon mieux et faire mon deuil, Victoria. »

« Merci, Gabriel. Je te souhaite une belle vie, c'est sincère. »

Gabriel repose son téléphone en souriant, désormais bien déterminé à se lancer dans un nouveau tome, résolu à retrouver Ashley. Il lui reste à trouver l'intrigue qui la mettra dans des situations improbables, la poussant à supplier Ethan de venir à son secours et à lui montrer toute sa reconnaissance comme il se doit.

Restant un moment au restaurant, Gabriel observe autour de lui, prenant quelques notes. Il décide de situer la grande finale d'Ashley à Manhattan. Il se met en route, parcourant la ville à la recherche d'endroits pour ancrer son histoire, des lieux qui serviront de bases pour une visite touristique de la ville. Gabriel déambule dans les rues, prenant des notes et des photos de magasins, de bâtiments et de restaurants. Finalement, il descend la Cinquième Avenue en direction de son hôtel, prenant une photo du Metropolitan Museum avant de reprendre sa route. Mais soudain, il s'arrête, stupéfait, en voyant Victoria sortir d'un taxi en tenant un enfant par la main et entrer dans un immeuble de luxe. Il est sûr de ne pas se tromper : la femme a les mêmes cheveux, la même coiffure et les mêmes vêtements, mais elle est accompagnée d'un enfant.