Chapitre 1 - The Tonight Show

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_ Ce n'était pas facile au début, tu sais ? Je manquais cruellement de confiance en moi, j'ai dû beaucoup travailler pour essayer d'effacer mon syndrome de l'imposteur. 

_ Et si tu nous racontais comment tout à commencé, s'exclama le présentateur en se penchant sur son bureau, visiblement impatient d'en apprendre plus sur son parcours. 


Il se tourna vers le public, leva les bras en l'air afin de demander une acclamation générale pour son invitée. Aussitôt, la foule se mit à crier et applaudir et la jeune femme éclata de rire pour dissimuler sa gêne. On lui avait raconté que tout était beaucoup plus dynamique à New York, plus fort en émotion. Ce n'était pas une ville pour les introvertis. 


_ J'avais vingt ans quand je me suis achetée mon premier piano. Je ne viens pas d'une famille modeste et monoparentale. Ma mère n'a jamais eu les moyens de m'acheter un instrument ou de me payer des cours, alors dès que j'ai reçu mon premier salaire, je me suis lancée. Je ne savais absolument pas par où commencer. Je n'avais jamais fait de solfège, tu imagines ? J'étais même incapable de placer un « do » correctement sur le clavier. J'ai fini par apprendre seule et j'ai découvert que la musique représentait quelque chose de très... singulier. C'était devenu une sorte d'exutoire. Je n'ai jamais été très à l'aise pour exprimer mes émotions, alors le piano est devenu mon moyen d'expression favoris. 

_ Comment tu as fait, si tu ne connaissais même pas les bases de la musique, s'enquit Jimmy. 

_ J'ai créé mon propre langage. J'ai donné un nom à chaque touche et ensuite j'écoutais les morceaux pour mémoriser les notes. A l'heure actuelle, je suis toujours incapable de lire une partition, mais il me faut une quinzaine de minutes en moyenne pour reproduire à peu près n'importe quoi. 

_ C'est un sacré talent ! 


La brune replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, imaginant très bien la tête que ferait la coiffeuse derrière l'écran en la voyant faire. Il avait fallu plus de quatre heures de déménage pour essayer d'apprivoiser ses boucles et les faire tenir en place. Ses lèvres esquissèrent un sourire. Ce simple geste avait permis de lui redonner un peu de contenance.  D'une voix plus assurée, elle toisa la caméra, affirmant que son talent n'avait rien d'unique et que chacun, avec un peu de bonne volonté et de chance, était capable d'y arriver. 


_ Et puis, je ne me suis pas forgée seule, affirma t-elle en se redressant dans son fauteuil. Un ami avait une connaissance qui elle-même connaissait un pianiste. Il lui a envoyé un enregistrement que j'avais fait et c'est comme ça que tout a démarré. Si mes amis n'avaient pas eu foi en moi, je ne serais pas ici en ce moment et je crois que c'est assez important pour le souligner. Sans mon entourage, je jouerai toujours dans ma chambre pour moi. 


Et la discussion continua, Séréna étayant son parcours et expliquant comment elle avait finalement gravi les échelons au point de venir en quelques années la pianiste la plus reconnue de la décennie. Si les professionnels l'avaient d'abord moquée par son incapacité à connaître les bases de la musique, force avait été de constater qu'elle était née avec un talent certain et qu'en apprenant seule, elle s'en sortait mieux que certains pianistes dont les doigts parcouraient les touches depuis plus de quarante ans. 

Peu à peu, le sérieux laissa place aux nombreuses surprises et plaisanteries que réservaient le Show américain. Peu habituée à ce genre d'émission, Séréna tenta tant bien que mal de se prêter au jeu, donnant de temps à autres des informations sur le milieu dans lequel elle travaillait. En France, les interviews étaient toujours plus sérieuses, plus cadrées. Ici, un farfadet aurait pu sortir du plafond qu'elle n'aurait sans doute pas été surprise. 

Joseph Quinn x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant