Sur le toit

Partie Deux

B'soir ! 🖤

[...]

_ Je ne pensais pas te trouver ici un jour. 

Lui non plus. 

_ Tout est à sa place. 

Du coin de l'œil, il vit Gojo appuyer une épaule contre l’encadrement de porte et croiser les bras sur son torse. 

_ Tu aurais préféré que je débarrasse la chambre ? 

_ Non, murmura t-il du bout des lèvres. Enfin, je n’en sais rien. C’est juste…On dirait qu’elle vit encore ici. 

Et l’impression était étrange. Il ne doutait pas que parfois son tuteur venait ici y faire un peu de ménage, pourtant, c’était juste comme si sa sœur était encore là la veille. Sa brosse à cheveux était encore posée devant le miroir de sa coiffeuse, le tiroir où elle rangeait son parfum, son déodorant, son léger mascara qu’elle n’utilisait qu’en de rares occasions, était encore ouvert. Sur son oreiller, son pyjama était négligemment plié et près du lit trônait sa paire de chaussons aux cornes de licornes. Il pouvait presque l’imaginer débarquer et reprendre possession de sa chambre, comme si rien ne s’était jamais passé. 

_ Elle me manque. 

_ L'hôpital n’est pas très loin. 

Megumi soupira et rétorqua : 

_ Ce n’est pas ce que je voulais dire. 

_ Je sais. 

L’échange était maladroit et Megumi se demanda un instant pourquoi Gojo s’infligeait ça. Rien ne l’obligeait à être là avec lui. Puis  il se questionna sur ses motivations à lui. Pourquoi soudainement, en rentrant de l’école, il s’était senti obligé d’ouvrir cette fichue porte ? Elle était restée close toutes ces années, peut-être même qu’il avait réussi à oublier qu’elle existait. Alors pourquoi, ce soir, il avait ressenti le besoin de jeter un coup d'œil dans cette chambre ? C’était douloureux, pas nécessaire. Il pensait qu’il avait réussi à cheminer, depuis le temps. Que le deuil était fait. Un peu n’importe comment, mais fait. Mais, installé là, sur le bout de ce lit bien fait, il s’avoua finalement que rien de tout cela n’était vrai. Au fond, peut-être qu’il espérait encore qu’un jour cette chambre servirait à sa propriétaire et c’était foutrement stupide. 

Sa sœur ne rentrerait pas. Jamais. 

_ On pourrait peut-être trier ses affaires, un jour. 

Il tourna le visage vers le cendré qui haussa les sourcils. 

_ Tu veux vider la chambre ? 

_ Je veux cesser d’espérer bêtement, contrecarra t-il, serrant les poings. C’est trop difficile à imaginer, pour toi ? 

Il sût que son ton avait été trop dur dès l’instant où Gojo afficha une mine abattue. Il s’en voulu, parce qu’il savait que c’était difficile, pour lui aussi et que vider cette chambre allait peut-être lui demander beaucoup d’efforts. Il soupira, les yeux rivés sur le bout de ses orteils. 

_ Pourquoi tu nous as adopté, ma soeur et moi ? 

Il ne semblait pas forcément surpris par la question. Megumi, si. Il ne s’imaginait pas un seul instant qu’elle puisse un jour dépasser la barrière de ses lèvres. Il la regrettait déjà, cette question. Il n’était même pas sûr que la réponse l’intéresse. Ni même qu’elle puisse lui faire du bien. Mais c’était trop tard. 

_ Je connaissais vos parents. 

_ Je ne me souviens pas de toi, répliqua-t-il immédiatement, comme si Gojo était capable de lui mentir.