— « Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même. »
Il eut un soupir de regret et se dit encore :
« Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux... »
Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures ! ».
Le jeune homme abaissa son livre et tourna son regard vers son meilleur ami. Il avait toujours sa tête posée sur sa poitrine, blottit contre lui, et son regard fatigué était perdu dans le vide.
— Tu préfères les couchers de soleil ou les levers du soleil, demanda Keisuke en interrompant sa lecture.
— C'est la même chose..., répondit Kazutora d'une faible voix.
— Avez l'aurore le ciel s'éclaircit, alors qu'avec un coucher de soleil, il se noircit. J'ai toujours trouvé l'aurore plus douce. Je pense que je préfère.
Kazutora ne répondit pas et resta partiellement absent. Il n'avait presque rien dit aujourd'hui, comme chaque jour de la semaine qui venait de s'écouler. Il était anxieux, il avait déjà fait une crise d'angoisse ce matin, et Baji sentait que son anxiété n'était pas redescendue à un niveau supportable. Il pouvait entendre sa respiration courte, et il sentait son index tapoter sur son ventre. Kazutora devait le faire inconsciemment, comme lorsqu'il faisait trembler son pied lorsqu'il était en cours, ou qu'il faisait taper ses doigts sur une table.
Le jeune homme déposa alors un baiser sur le front de son meilleur ami pour lui montrer qu'il était là, il enfouit sa main dans ses cheveux et les caressa doucement, avant de reprendre sa lecture du Petit Prince. C'était le seul livre qu'il avait trouvé chez lui, enfin le seul qu'il comprenait. Il n'avait que des mangas d'action ou d'horreur, il n'avait pas envie de lire ça à son meilleur ami, et les seuls autres livres qu'il avait chez lui étaient ceux de sa mère, et ils étaient incompréhensibles.
De toute façon, Kazutora aimait bien l'histoire du Petit Prince, lorsqu'ils étaient plus jeunes et qu'ils dormaient ensemble, Baji et lui lisaient toujours ce livre pour s'endormir. C'était un peu leur livre à eux, un objet symbolique et réconfortant, même si à force ils le connaissaient par cœur.
Ça faisait une semaine qu'ils étaient tous les deux à l'hôpital. Désormais Keisuke n'avait plus besoin de se battre pour pouvoir rester ici, son état s'était tellement dégradé qu'il avait régulièrement besoin d'appeler un infirmier. Il semblerait bien que ce qu'il était en train de vivre avait déclenché chez lui des troubles anxieux... Même si son meilleur ami se rétablissait et qu'ils étaient désormais tous les deux suivis par un psychologue, il ne pouvait pas s'empêcher de continuer à faire des crises d'angoisse, tout comme Kazutora. Dès qu'il repensait à ce qu'il s'était passé, dès qu'il réalisait que les choses ne pourraient plus être comme avant à présent, ou qu'il voyait juste son ami aller mal, Keisuke pouvait faire une crise. Elles arrivaient sans prévenir, d'un coup, violentes, et elles l'écrasaient si brutalement qu'il ne pouvait même pas essayer de se calmer. À chaque fois qu'il sentait une crise se déclencher, le jeune homme se forçait à quitter son meilleur ami et à partir de lui-même dans la salle des médecins pour demander de l'aide.
Keisuke ne voulait pas que Kazutora le voie aller mal, son meilleur ami avait déjà lâché prise, alors c'était à lui de rester fort pour eux deux, c'était à lui de tenir bon. Il ne voulait pas l'inquiéter, et encore moins le faire culpabiliser. Connaissant Kazutora, il devait déjà tellement s'en vouloir que Keisuke ait assisté à sa tentative... Alors il ne voulait pas en rajouter une couche, et préférait partir lorsqu'il en avait besoin.
Les médecins du service dans lequel il se trouvait s'étaient habitués à le voir arriver dans leur salle pour demander de l'aide. Ils n'étaient plus surpris en le voyant débarquer, le jeune homme n'avait même plus besoin de dire pourquoi il venait qu'on le prenait aussitôt en charge.
L'intensité de ses crises ne diminuait pas, c'était toujours pareil. Sa mère avait pris un congé maladie pour pouvoir être auprès de son fils et de Kazutora, mais elle essayait de les laisser un peu seuls tous les deux. Elle passait la plupart de son temps dans la cafétéria ou dans le jardin, à discuter avec d'autres médecins, infirmiers ou avec le psychologue.
La semaine était horriblement longue, les secondes étaient des minutes, les minutes étaient des heures, et les heures étaient des jours. Le temps n'avançait pas, il était comme bloqué, et le quotidien ne se résumait plus qu'à une succession interminable de crises, de rendez-vous médicaux, de nouvelles crises, de larmes, et de crises. Et c'était ça, encore et encore, sans aucune évolution, ni positive ni négative.
Kazutora ne disait presque rien, il n'avait adressé que quelques mots à Keisuke et sa mère, mais il n'avait rien réussi à dire au personnel médical. Il osait à peine regarder son meilleur ami dans les yeux. Il gardait la tête baissée, ses mains croisées sur ses cuisses, à se triturer les doigts en se mordant les lèvres. Il dormait beaucoup, énormément même, et restait pendant des heures bloqué sur lui-même. Ses crises étaient très différentes de celles de Baji aussi. C'était étrange, Keisuke avait l'impression d'entrer dans le quotidien de son meilleur ami, de pénétrer son intimité. Et c'était comme s'il le redécouvrait. Kazutora ne se cachait plus, il laissait Keisuke le voir tel qu'il était vraiment, il n'essayait plus de faire comme si ça allait. Il ne devait plus en avoir la force, et à présent qu'il avait essayé de partir, ça n'avait plus aucun sens...
Keisuke passait chacune de ses nuits auprès de son meilleur ami, il ne le quittait jamais. Il se réveillait toujours avant lui, alors en attendant qu'il ouvre les yeux, il le prenait dans ses bras et le câlinait tendrement, pour adoucir autant que possible son réveil. Mais il avait beau donner toute la douceur qu'il pouvait à son meilleur ami, le serrer contre lui, passer sa main dans ses cheveux, l'embrasser et lui murmurer des paroles rassurantes, ça semblait toujours inutile. Kazutora avait toujours la même réaction à son réveil. Lorsqu'il ouvrait et qu'il voyait la lumière du soleil briller derrière le rideau de sa chambre, il mettait quelques secondes avant de relancer son esprit, et lorsqu'il comprenait qu'il était toujours là, que sa situation n'avait pas changé, et qu'il allait devoir affronter une journée de plus, les larmes lui montaient aux yeux et il fondait en sanglots. Il s'écroulait en larmes. C'était ça, sa première réaction. Pleurer lorsqu'il réalisait qu'il était toujours en vie et qu'il devait continuer de se battre. Pleurer parce qu'il était toujours là. Pleurer, pleurer, pleurer. À peine ouvrait-il ses beaux yeux d'or qu'ils étaient déjà embués d'eau. Et ça à chaque matin de la semaine, à chaque coucher de la semaine, à chaque moment.
Alors Keisuke le serrait dans ses bras, il enfouissait sa tête dans le creux de son cou en caressant ses cheveux, et lui murmurait « je suis là », « tout va bien ». L'absurdité de ses paroles devenait presque naturelle. Ça n'avait aucun sens de lui dire cela, que tout allait bien, qu'il était en sécurité, que tout s'arrangerait. C'était stupide, absurde, inutile, et pourtant, c'étaient les seuls mots que trouvait Keisuke. À ses yeux plus rien n'avait de sens, ni le monde, ni la vie, ni la souffrance, ni le bonheur. Comment tout pouvait continuer d'exister, de fonctionner correctement, alors que son univers volait en éclats ? Comment est-ce que dehors, dans le monde qui apparaissait derrière les fenêtres de la chambre d'hôpital, des personnes pouvaient être heureuses et vivre comme si tout allait bien, alors que Keisuke s'écroulait dans la noirceur d'un abîme dont il ne pouvait s'échapper ?
Il s'écroulait, un peu plus chaque jour. À chaque nouvelle crise d'angoisse il s'écroulait. En voyant les larmes de son meilleur ami au réveil il s'écroulait. En le voyant s'arracher la peau des lèvres il s'écroulait. En le voyant trembler parce qu'il se retenait de se déchirer les cuisses il s'écroulait. En voyant ses plaies de nouveau ouvertes et de nouvelles coupures lorsqu'ils se douchaient ensemble il s'écroulait. En le voyant faire des crises il s'écroulait. En le voyant vomir il s'écroulait. En le voyant repousser ses plateaux-repas il s'écroulait. En le voyant dormir encore et encore il s'écroulait. En le voyant être incapable de se lever il s'écroulait. En le voyant défoncé aux calmants il s'écroulait. En l'entendant crier il s'écroulait, en l'entendant le supplier de le sortir de là lorsqu'il était défoncé, il s'écroulait. À chaque mot, chaque acte, chaque geste, chaque cri, chaque larme.
Il s'écroulait, il s'écroulait, il s'écroulait.
Keisuke avait toujours pensé qu'il pouvait sauver son meilleur ami de sa situation familiale compliquée, il s'était toujours dit qu'il était assez fort pour porter Kazutora à bout de bras et le protéger, et il avait toujours été sûr qu'il pourrait tout supporter pour lui. Mais ce n'était pas le cas. Il n'en était tout simplement pas capable, ses nerfs n'étaient pas assez solides, il n'y arrivait pas. Voir la personne qu'il aimait le plus souffrir autant était la pire des douleurs. Et l'entendre le supplier de le libérer de cet enfer était une douleur bien plus déchirante que n'importe quelle autre douleur.
C'était bien au-delà d'une simple douleur, ce n'était pas seulement sentir son cœur se briser. C'était sentir chaque minuscule partie de son être exploser, sentir son cœur s'arrêter, se décrocher pour tomber quelque part en lui, dans un vide abyssal, et s'émietter dans une atroce souffrance. Se sentir perdre pied à son tour, s'effondrer sans avoir rien à quoi se retenir, comme si le sol s'ouvrait sous ses pieds et disparaître dans un immense vide sans fin. Keisuke se sentait tomber. Il se disait chaque jour qu'il ne pouvait pas souffrir davantage, et pourtant, le lendemain il avait toujours plus mal. Toujours.
Il ne savait pas ce qui était le pire. De se sentir tomber alors qu'il voulait rester fort, de lâcher prise sous les yeux désespérés de sa mère, ou de réaliser que son ami était déjà brisé depuis trop longtemps et se dire qu'il ne sera peut-être jamais heureux. Mais peut-être que le pire, c'était de voir Kazutora s'en vouloir et avoir honte de tout ça, à tel point qu'il n'osait même plus lui parler.
Il s'en voulait pour lui faire vivre ça, et Keisuke s'en voulait de ne pas être assez fort, et de ne pas trouver les mots justes pour son ami. Ils s'en voulaient tous les deux, et au final, ils ne se disaient rien de ce qu'ils ressentaient. Alors ils continuaient de tomber ensemble, main dans la main, et de sombrer dans le silence déchirant qui les étouffait. Et cela sans que personne ne réussisse à les rattraper.
Keisuke arrêta sa lecture, le regard perdu dans le vide, avant de fermer son livre et de le poser près de lui.
— Kazu, appela-t-il en caressant les cheveux de son ami. Tu te sens capable d'aller faire une promenade ?
— Une promenade, répéta Kazutora sans comprendre.
— Dans le parc dehors. On a besoin de prendre l'air.
— Je sais pas si j'en suis capable, murmura son ami.
— Prends ton temps pour te lever, on a tout notre temps.
Kazutora acquiesça, mais il se força à se redresser, les bras tremblants. Il portait les vêtements de Keisuke, un pull assez large ainsi qu'un jogging, le tout en gris. La mère de ce dernier avait rapporté des vêtements de rechange de chez eux, mais elle n'avait pas osé aller chercher de vêtements chez Kazutora. Et ses parents n'étaient pas passés.
Keisuke se redressa à son tour et regarda le visage de son meilleur ami. Il avait de grands cernes noirs, ses lèvres rouges saignaient à cause des morsures qu'il s'était faites, et ses joues étaient creusées par les larmes.
— On va juste faire un tour dehors et on rentre, après tu pourras dormir, promit-il en voyant que Kazutora n'était vraiment pas bien.
— J'ai pas la force, murmura lentement son meilleur ami, en fermant les yeux pour faire rouler des perles de sel sur ses joues.
Keisuke prit la main de son meilleur ami et essuya ses larmes.
— Hé... Zouzou... Je suis là, tu seras pas tout seul, dit-il en essayant de garder une voix calme.
Kazutora acquiesça mais il continua de pleurer avec fatigue. Il n'avait pas la force pour bouger, Keisuke n'aurait pas dû lui demander ça.
— Si tu veux vraiment pas, on le fait pas, y'a pas de problème.
— Je veux le faire pour toi, dit Kazutora d'une voix si tremblante qu'il pouvait à peine parler.
— J'en ai pas besoin moi, je veux juste que tu puisses respirer un peu, te force pas pour moi mon Zouzou.
— Si, t'en as besoin, dit son meilleur ami en prenant de grandes inspirations. J-je le sais...
— T'arrives pas à respirer, remets ton masque, dit Keisuke en attrapant le masque à oxygène de Kazutora.
— N-Non ! J'en peux plus de cet air, je... Je veux sortir pour toi... T'en as besoin... Mais j-je... J'y arrive pas... Je te jure que... que j'essaye... Mais...
— Chut, calme-toi, calme-toi ok ? Tout va bien, murmura Keisuke avec douceur. Respire doucement, ferme les yeux, fais le vide dans ta tête, et concentre-toi sur ton cœur qui bat. Écoute le battre, et prends lentement une inspiration. Bloque quelques secondes, pense juste à ma voix, et expire lentement.
Kazutora suivait chacune de ses instructions à la lettre, mais ça ne semblait pas l'aider assez pour qu'il retrouve une respiration calme. Ses larmes continuaient de couler silencieusement sur ses joues fermées, et malgré ses tentatives pour calmer sa respiration, sa poitrine ne cessait de se soulever précipitamment. La voilà, la différence entre leurs crises d'angoisse.
Lorsque Keisuke en faisait une, il se recroquevillait sur lui-même, les yeux grands ouverts, emplis de panique, une main crispée sur le cœur, respirant précipitamment pour trouver son air. Il avait peur de ce qu'il était en train de lui arriver, peur de perdre son meilleur ami, et peur de l'avenir incertain qui se dessinait devant lui. C'était le plus flagrant dans ses crises.
C'était très différent pour Kazutora. Contrairement à Keisuke, la première chose qu'il faisait, c'était fermer les yeux. Il laissait tomber ses paupières sur ses iris avec fatigue, faisant rouler des cristaux de larmes sur ses joues, comme s'il lâchait finalement prise, qu'il montrait enfin qu'il n'avait plus la force de se battre. Et alors que son corps se paralysait, il fondait silencieusement en sanglots. Le silence. Il n'y avait jamais de bruit. À l'image même de la manière dont il s'était consumé devant ses amis sans qu'ils ne le remarquent, il cédait à la panique et à la douleur sans rien dire, sans faire de bruit. Il avait la bouche fermée, même s'il ne pouvait plus respirer, il ne cherchait pas son air, il ne cherchait plus à savoir ce qu'il lui arrivait, et peut-être qu'à ce moment-là, tout en lui disparaissait pour qu'il ne soit plus qu'une coquille vide. Et il pouvait rester des heures ainsi, sans bouger, à pleurer en silence, sans pouvoir dire un seul mot.
Keisuke cherchait à se débattre dans sa panique, et Kazutora la laissait le submerger sans avoir la force de lutter. Keisuke tentait de survivre, alors que Kazutora avait déjà abandonné depuis longtemps.
La voilà, la différence entre eux deux.
Keisuke finit par arrêter d'essayer de faire respirer son meilleur ami. Il mit de force son masque sur son visage, puis il prit sa main et posa son front contre le sien.
— Kazutora, je suis désolé de t'avoir proposé de sortir, murmura le jeune homme en fermant les yeux à son tour.
Son meilleur ami ne put pas répondre, par manque de souffle.
— Si tu ne veux pas sortir, je ne te forcerai pas. Ce n'est pas grave, et si tu veux vraiment le faire, mais que tu as besoin de temps, j'attendrais. Que tu aies besoin de dix minutes, d'une heure ou même de toute la journée, j'attendrais.
— Baji, murmura Kazutora d'une voix essoufflée. Je veux le faire pour toi, je sais que tu en as besoin... Je le vois, que tu vas mal, et ta mère me l'a dit... M-moi aussi je veux t'aider... c'est... C'est de ma faute tout ça...
— C'est pas grave, moi je peux tenir, j'ai encore assez de force pour nous deux...
— Je suis désolé de te faire vivre tout ça, si tu savais à quel point je m'en veux, murmura son meilleur ami entre deux sanglots. Je voulais pas te faire de mal, je voulais pas, je voulais juste... Juste dormir un peu plus longtemps, tout ça c'est... C'est trop pour moi et... Tu es tout ce que j'ai de plus précieux, j'ai jamais voulu t'entraîner dans tout ça, te faire du mal... Et pourtant je fais que ça, je fais que ça... Je voulais pas que tu me vois comme ça, que tu me vois faire tout ça... Je sais que je suis en train de détruire ta vie, je te fais vivre un traumatisme tellement horrible et... Et la première chose que je fais en me réveillant c'est pleurer parce que je suis là, juste sous tes yeux, alors que tu souffres tellement déjà et... J-J'arrête pas de penser à toi, j'ai honte, et... e-et... Je voudrais me battre pour toi mais... J'ai pas la force... J'en suis incapable...
Keisuke ouvrit les yeux. Il tourna la paume de la main de son meilleur ami vers lui et posa son index dessus, avant de commencer à dessiner les contours de sa main.
— Kazutora. Je ne veux pas que tu t'en veuilles pour quoi que ce soit, c'est pas de ta faute. C'est pas toi qui me fais du mal, c'est ce que tu ressens, c'est ta douleur. Je donnerai ma vie pour toi, alors je t'en supplie, arrête de t'en vouloir ou d'avoir honte. Même si ça me détruit complètement, je te donnerai toutes mes forces pour que tu puisses te battre, je te ferai vivre et je resterai à tes côtés. J'accepte chaque larme, chaque crise, chaque douleur pour toi, et même si tous les deux on va devoir traverser nos moments les plus difficiles, je te lâcherai jamais. Alors même si je prends des coups, même si tu rechutes encore et encore, toi et moi on restera ensemble jusqu'à la fin. Et je te guérirai de tout ça.
Keisuke releva les yeux. Il baissa doucement le masque transparent de son meilleur ami, son regard posé sur ses lèvres, et s'approcha de lui. Il leva sa main et la posa sur la joue de Kazutora, puis il la descendit sur sa bouche. Du bout de ses doigts, il effleura tendrement la pulpe de ses lèvres, retirant le sang qui coulait des endroits où la peau était arrachée.
— Ne l'oublie jamais, chuchota le jeune homme en relevant les yeux vers ceux de son meilleur ami. Quoiqu'il arrive, je t'aimerai jusqu'à la fin.
Kazutora voulut répondre, mais son visage baigné de larmes se brisa un peu plus, et il ne put que pleurer violemment, les épaules secouées de sanglots. Keisuke le prit dans ses bras en le tirant vers lui pour qu'il soit bien blotti contre lui, il caressa ses cheveux, comme il avait pris l'habitude de le faire, et lui murmura des paroles réconfortantes pour le rassurer.
— Tu veux que j'essaye de te faire faire de la sophrologie, demanda-t-il en passant sa main dans son dos.
— Je sais pas...
— On m'en a un peu fait faire, je peux te dire ce que j'ai retenu.
— Si tu veux...
— D'accord. Je vais ouvrir la fenêtre, bouge pas.
Keisuke lâcha prudemment son meilleur ami, puis il partit ouvrir la fenêtre, sans le quitter des yeux. Il n'était pas très à l'aise comme ça, ouvrir une fenêtre devant Kazutora lui faisait vraiment peur, mais il avait besoin d'air frais, et son meilleur ami aussi. Il sentait ses poumons oppressés, comme s'ils avaient rétréci, ou bien qu'ils étaient déjà remplis de plomb. Comme si sa panique grandissait en lui au point de prendre chaque minuscule espace disponible, et qu'elle baignait ses poumons jusqu'à empêcher tout air d'y entrer. Ses mains tremblantes étaient moites, et il était en train de perdre toutes ses couleurs alors qu'une nouvelle crise se déclenchait. Ses lèvres devenaient violettes, sa peau pâlissait, ses ongles devenaient si bleu qu'ils donnaient l'impression qu'ils allaient tomber...
Keisuke était au bord de la crise. Il le sentait derrière lui, juste là, en train de lui murmurer toutes ses angoisses les plus fortes à son oreille. Elle était là, prête à l'engloutir, à le prendre tout entier. Il avait besoin d'air, et de sa couverture de survie aussi, mais Kazutora était prioritaire. Lui il n'était plus capable de se battre seul, il avait déjà baissé les bras, alors c'était à Keisuke de le protéger de lui-même et des autres. Keisuke pouvait prendre sur lui pour son meilleur ami.
Le jeune homme retourna auprès de lui et attrapa instinctivement son bras, comme pour être sûr que Kazutora n'allait pas se précipiter vers la fenêtre.
— Tu veux te mettre dans quelle position ?
— Je veux juste rester dans tes bras...
— D'accord.
Keisuke grimpa dans le lit et réfléchit un instant. Il finit par venir s'allonger dedans, en s'adossant contre l'oreiller relevé, et tira son ami entre ses jambes. Kazutora s'installa entre ses cuisses et vint s'adosser contre son torse, et Keisuke l'entoura de ses bras.
Il ne savait pas du tout comment commencer une séance de sophrologie, ni même ce qu'il pouvait et ne pouvait pas faire, mais il allait improviser ce qui lui semblait le mieux. Le jeune homme passa ses bras autour de la fine taille de son meilleur ami, il posa délicatement sa tête contre la sienne et laissa tomber ses paupières sur ses iris, pour commencer à le bercer.
— Ferme les yeux, dit-il à voix basse, en essayant de garder un ton calme malgré sa peur. La sophrologie c'est avant tout respirer, et c'est aussi pouvoir faire naître des émotions, des sensations à travers la parole et les gestes. Essaye de penser à un endroit où tu te sens bien. Ce n'est pas forcément un endroit où tu es vraiment allé, tu peux l'imaginer. Là-bas tu dois te sentir rassuré, bien, et en sécurité. Tu en as un ?
Kazutora acquiesça.
— Je peux t'imaginer avec moi, demanda-t-il d'une voix mal assurée.
— Oui bien sûr. Tu veux me parler de cet endroit ?
Kazutora ouvrit les yeux et rougit de gêne.
— C'est chez toi, dit-il en levant timidement les yeux vers lui.
— Tu te sens en sécurité chez moi ?
Kazutora hocha la tête, les joues toutes rouges. Keisuke sourit en le serrant un peu plus contre lui, il déposa un baiser sur sa tempe, puis il caressa doucement ses cheveux.
— C'est bon si tu penses à ma maison. Tu t'imagines dans quelle pièce ?
— Ta chambre... Dans ton lit....
— D'accord. Donc tu es dans mon lit, tout va bien, tu es dans un endroit où tu es en sécurité, murmura Keisuke. Imagine que cette chambre devient la mienne, et respire doucement. Ce lit c'est le mien, tu peux sentir le courant d'air de la fenêtre juste à côté, et le soleil sur ton visage. Prends la couverture, et effleure-la des doigts. Imagine la même texture que la mienne, elle est douce, en laine, et dessus il y a plein de petits trous, à cause des griffes de Peke J. Imagine-toi assis sur ce lit, dans cet endroit, et visualise toi en train de respirer.
Keisuke posa sa main sur le thorax de son meilleur ami pour le guider dans sa respiration.
— Tu prends une longue inspiration, tes poumons se remplissent d'air, ils grandissent, ils grandissent, comme s'ils se déployaient et qu'ils ouvraient grands leurs bras au monde. L'air passe par ton nez, par ta bouche, il a le même effet que lorsque tu bois un bon verre d'eau fraîche. Tu le sens glisser dans ta gorge, il est toujours aussi frais et léger, et puis il tombe dans tes poumons, et là c'est comme s'il coulait dans chaque petite cellule de ton corps.
Keisuke suivit le chemin qu'il découvrit en posant le bout de son doigt sur le visage de Kazutora. Il caressa d'abord l'arête de son nez, seulement avec la pulpe de son doigt, en l'effleurant à peine. Il caressa ses lèvres déchirées, puis son index traversa sa joue, avant de descendre lentement sur sa gorge. Il dessina une ligne dessus, en descendant le long de sa peau, son doigt passa avec douceur sur sa pomme d'Adam, puis sa main tomba sur ses poumons et les guida délicatement.
— Prends une grande inspiration, pense à tout ce qui te fait du bien, tout ce qui te rend heureux, qui te rassure. Bloque ta respiration, tout va bien, tu es toujours dans la chambre, tu es en sécurité, je suis avec toi. Tout va bien. Et expire doucement, tu es bien, tu ne risques rien.
Kazutora suivit les instructions de Keisuke en s'appliquant, et le jeune homme put sentir son cœur s'apaiser contre sa main. Son propre cœur aussi avait ralenti, il se sentait un peu plus calme, tout ce qu'il disait l'impactait aussi, et il pouvait aussi s'imaginer dans sa chambre, avec son meilleur ami.
Le jeune homme passa un instant ses mains sur les bras de Kazutora pour continuer de le détendre, puis il plongea ses mains dans ses cheveux et les caressa longuement.
— Comment tu te sens, demanda-t-il à voix basse.
— Un peu mieux.
— Tant mieux. Garde les yeux fermés, je vais continuer. La dernière fois que j'ai fait de la sophrologie, on m'a fait me toucher pour que je prenne conscience de mon corps. Tu veux essayer de le faire ?
Kazutora secoua la tête.
— Je suis pas prêt, murmura-t-il.
— Et si je te guide ?
Kazutora secoua une nouvelle fois la tête. Ça devait le dégoûter de se toucher, sauf pour se griffer...
— Tu veux que je le fasse, demanda alors Keisuke.
Cette fois-ci, Kazutora haussa les épaules.
— On va essayer, et si tu n'as pas envie que je te touche quelque part, tu me le dis. Ok ?
Son meilleur ami acquiesça.
— Tu es d'accord pour enlever ton haut ? C'est pas grave si tu veux pas, c'est seulement pour que je puisse toucher ta peau. Je l'ai fait habillé et déshabillé, et dans les deux cas c'était bien.
— ... J'ai des bleus partout...
— C'est pas grave mon Zouzou.
Kazutora hésita un instant, puis il finit par fébrilement retirer son haut et le déposer au sol. Keisuke fit de son mieux pour ignorer les taches de couleur qui couvraient certaines parties de son corps.
— Dis moi quand tu ne te sens pas bien et que tu veux que j'arrête, dit Keisuke en redressant son ami pour le faire se mettre droit.
— D'accord.
— Alors... Tu te souviens de ma chambre ? Tu es toujours dedans, respire doucement, tout va bien, je suis là, je suis avec toi et tu es en sécurité avec moi. Tes épaules sont détendues. Tes trapèzes relâchés, tes bras desserrés, dit Keisuke en passant ses mains sur les parties du corps qu'il citait. Tout va bien. Tu vas prendre une inspiration, très lentement, et puis tu vas bloquer. Contracte tout ton corps, chaque partie de ton torse, serra ta mâchoire, encore, encore. Et relâche en expirant, lentement.
Keisuke souffla en même temps que Kazutora pour l'accompagner dans sa respiration, et caressa doucement ses bras pour l'aider à se détendre. Il posa ensuite une main à sa taille, et remonta l'autre jusque sur sa nuque.
— Concentre-toi sur mon doigt, dit-il en descendant lentement son doigt le long de la colonne verticale de son ami. Sens le descendre doucement, comme l'air qui coule en toi, respire calmement. Tu es détendu, toujours dans ma chambre. Ça va ?
Kazutora acquiesça. Il ne semblait pas être gêné d'être touché ainsi par Keisuke, mais le jeune homme préférait être prudent. Kazutora ne supportait pas que les médecins le manipulent, et même s'il savait déjà qu'il était assez proche de son meilleur ami pour pouvoir le toucher sans problème, il voulait faire attention. Il ne voulait pas mettre mal à l'aise Kazutora, et il ne voulait pas le faire se sentir mal par rapport à son corps. Il avait déjà été tellement abusé...
Keisuke manipula encore quelques instants son torse. Il le caressa, effleura sa peau du bout des doigts, le massa en faisant de son mieux pour lui faire du bien. Kazutora ne se plaignit pas une seule fois, il suivit ses instructions à la lettre, inspirant et expirant lentement. Son corps ralentissait et son corps se détendait, il était de plus en plus détendu.
Après un moment, Keisuke revint sur son visage en reprenant son ami contre lui.
— Tu peux poser ta tête contre mon épaule si tu es fatigué, dit-il en sentant que son ami commençait à s'endormir. Tu es toujours dans ma chambre, allongé dans mon lit, tu es bien, en sécurité, détendu. Laisse ton visage se reposer, détends tes sourcils, garde tes paupières fermées, desserre ta mâchoire, murmura le jeune homme en effleurant les différentes parties de son visage. Arrête de mordre tes lèvres, laisse ta langue tomber dans ta bouche. Et sens ton visage se détendre, sens-le être complètement reposé.
Kazutora, qui avait laissé tomber sa tête sur l'épaule du jeune homme avec fatigue, continua de se détendre. Keisuke finit par caresser son visage et masser son corps sans but précis, tout en continuant à parler avec douceur à son meilleur ami. Il n'aurait pas pensé que ce qu'il faisait marcherait autant, il pensait même qu'il allait déclencher une nouvelle crise à son meilleur ami. Mais c'était tout le contraire, maintenant Kazutora semblait parfaitement apaiser, et même Keisuke se sentait bien mieux maintenant.
— Merci d'être là pour moi, réussit à murmurer Kazutora, juste avant de s'endormir.
Keisuke sourit. Il remonta sa couverture sur le torse dénudé de son meilleur ami, et continua ses caresses. Peut-être qu'il allait le sentir dans son sommeil et que ça lui ferait du bien, et peut-être que si Keisuke continuait de le câliner jusqu'à son réveil, il n'allait pas se réveiller en larmes cette fois. Peut-être...
Le jeune homme décida alors de prendre soin de son ami et de le bercer jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux, un réveil en douceur lui ferait du bien, et ça le ferait revenir à la réalité sans que le choc ne soit trop brutal.
Keisuke pouvait rester dans cette position pendant des heures. Kazutora n'était pas lourd contre lui, et ça le rassurait tellement de l'avoir dans ses bras, et de savoir qu'il dormait paisiblement pour une fois. Pour la première fois depuis qu'il était ici, il se sentait vraiment calme et apaisé. Mais au bout d'un long moment, une demi-heure peut-être plus, la porte de la chambre s'ouvrit, brisant le précieux instant qui s'était installé.
— Je peux entrer, demanda sa mère en passant sa tête par l'embrasure de la porte.
— Oui mais tu dois pas faire trop de bruit, dit Keisuke à voix basse.
Sa mère entra discrètement, un petit plateau de thé dans la main, et ferma la porte derrière elle sans faire de bruit.
— Je vous ai apporté du thé, chuchota-t-elle en venant s'asseoir sur le lit des deux jeunes hommes. Il dort ?
— Il vient de s'endormir. Merci pour le thé, dit Keisuke en prenant un gobelet en carton.
— Comment est-ce qu'il va ?
— Il a fait une crise tout à l'heure, mais ça va mieux. Je pense qu'il est épuisé.
— Oh mon chat..., murmura sa mère en caressant le visage de Kazutora. Toi ça va ?
— J'ai failli faire une crise aussi, mais ça va.
— Tu es sûr ?
— Oui, j'ai réussi à nous détendre, je lui ai fait de la sophrologie, dit Keisuke avec un petit sourire.
— Bravo, tu es très courageux Kei, dit sa mère en se penchant pour embrasser son front.
Keisuke sourit et baissa les yeux sur son meilleur ami.
— Il m'a un peu parlé, et je pense que ça lui a fait du bien. Il a l'air apaisé... Tu sais, il m'a dit que chez nous il se sentait en sécurité.
— C'est vrai, dit sa mère en souriant à son tour. Ça ne m'étonne pas, vous vous réfugiez toujours à la maison quand ça ne va pas.
— Maman... Il ne peut pas venir habiter avec nous, demanda le jeune homme avec espoir.
— Kei... J'adorais qu'il vive avec nous, mais il a déjà une famille, on ne peut pas le prendre comme ça...
— Mais sa famille est dangereuse, ses parents sont même pas passés une seule fois...
— Oui je sais...
— Maman je t'en supplie, il peut pas retourner chez lui, il va jamais y arriver, regarde où on en est...
— Keisuke, je le sais bien. Mais les services sociaux sont au courant de sa situation, la police aussi, et il sera très sûrement séparé de son père avec sa mère, ou bien placé en maison d'accueil...
— Mais s'il va dans une famille d'accueil il va partir ! C'est hors de question ! Kazutora doit venir chez nous, dit Keisuke en serrant machinalement contre lui. Sinon je pars avec lui.
Sa mère ne sembla pas surprise de ses propos.
— Je savais que tu dirais ça. J'essaye déjà de négocier avec les médecins pour le prendre en charge, mais je t'assure que je vais tout faire pour qu'il puisse venir chez nous.
— De toute façon, s'il est obligé de rentrer chez lui, j'irai avec lui. Je le laisserai plus jamais seul. En plus dans quatre ans on sera majeur, et on pourra le prendre chez nous sans avoir de problèmes juridiques.
— Ne t'inquiète pas Keisuke. Les médecins connaissent la situation, il y a de grandes chances qu'on puisse le faire venir à la maison. Et si jamais ce n'est pas le cas, on s'arrangera pour le faire passer autant de temps que possible chez nous.
— S'il le faut je le kidnappe, déclara Keisuke avec sérieux.
— Bien sûr, dit sa mère en souriant. Ce qu'il nous faudrait, c'est un bon avocat, pour savoir comment régler cette affaire... le problème c'est que je n'en connais aucun...
Keisuke posa sa tête sur celle de son meilleur ami et réfléchit un instant.
— On est juste à côté d'une fac de droit, t'as qu'à kidnapper un étudiant de dernière année et c'est bon. Quoique, si tu le kidnappes il va te faire un procès... il faut l'amadouer avec Zouzou.
— Ou alors, je vais dans un cabinet d'avocats et je vois ce que je peux faire.
— ... C'est une solution...
Sa mère sourit. Keisuke aurait préféré kidnapper des étudiants, au moins c'était gratuit, et puis, ils auraient pu les amadouer avec Kazutora. Personne ne pouvait lui résister lorsqu'il faisait un regard suppliant, même ceux qui avait un cœur de pierre fondaient devant lui.
Le jeune homme n'ajouta rien et continua de câliner son meilleur ami, sous le regard attendri de sa mère.
— Dis Kei, tu ne serais pas un peu amoureux de lui, demanda sa mère en penchant la tête.
Keisuke rougit vivement et secoua la tête.
— J'étais petit quand je l'aimais ! J'étais amoureux de tout le monde avant !
— Oui mais lui tu l'aimais beaucoup. Regarde, on dirait un couple. Tu l'aimes un peu non, dit sa mère comme si elle avait déjà la réponse. Tout les médecins pensent que vous êtes ensemble.
— Arrête il va t'entendre, s'exclama Keisuke en posant ses mains sur les oreilles de son meilleur ami pour ne pas que les mots de sa mère lui parviennent dans son sommeil.
— T'inquiète pas, je ne lui dirais rien, promit sa mère avec amusement.
— Tu dis n'importe quoi...
— Mouais. Bon allez, je vais te laisser te reposer avec ton meilleur ami.─────── ༻𖥸༺ ───────
Baji à sa mère : « kidnappe un étudiant en droit, on va l'amadouer avec Kazutora. ».
Rindo : « i'm here bitch. »-Pardon mais dans ma tête je le vois trop débarquer en mode « JE SUIS L'ÉTUDIANT QU'IL FAUT KIDNAPPER ET AMADOUER » 😭
Zoubi zoubi 😭
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Le fil de ta vie
FanfictionIl s'agit là d'une petite histoire tirée de ma fic Insta Tokyo Revengers, mais vous pouvez comprendre même si vous ne l'avez pas lu :) Ces quelques chapitres les moments douloureux qu'ont vécu Baji et Kazutora lorsque ce dernier a essayé de se suici...