Chapitre 2

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— Je crois que je l'aime, lança Emile à ses amis.

Ceux-ci lui lancèrent tous le même regard. Celui qui disait « c'est seulement maintenant que tu t'en rend compte ? ».

— Tu crois ? demanda sarcastiquement le blond allongé sur la table, Non parce que je ne l'ai jamais vu et pourtant je connais mieux sa vie que la mienne.

Il fallait dire qu'Emile parlait de Nathan plus qu'il ne voulait l'admettre. Et cela avait empiré après que les deux garçons se soient vus durant les vacances de Noël. Mais il se trouvait qu'en l'instant présent ils n'étaient que fin Mai, à traîner illégalement dans une salle de classe vide, Emile était donc encore loin de remettre les pieds dans la fameuse librairie et pouvoir enfin prendre des nouvelles de son ami.

— Ok, si tu veux Noah, répondit-il, j'admets, je parle un peu de lui, mais c'est pas excessif, n'abuse pas, c'est juste que je l'apprécie.

— Emile, ton amour crève les yeux, ça se voit à des kilomètres, répliqua le garçon brun au regard vide assis dans le fond, et je te dis ça alors même que je suis aveugle, c'est dire.

— Lian a raison, ajouta la jeune femme à côté de lui, il faut que tu arrêtes de te voiler la face.

Tous secouèrent la tête en signe d'approbation, quand Bianca disait quelque chose, elle avait raison, toujours. Emile leva alors les mains avant de soupirer :

— Bon, si vous voulez, je l'aime vraiment beaucoup, ça vous va ? Maintenant expliquez moi depuis quand Aurellian donne des conseils utiles. 

— Depuis qu'il a raison, commenta le dernier garçon présent dans la salle, avachi sur sa chaise.

— Non Walt, toi tu te tais, tu es pire que moi.

— Mais au moins moi j'ai déjà tout un plan pour lui dire que je l'aime, toi tu viens juste de t'en rendre compte alors que ça fait des mois que c'est évident.

— Tu as un plan tellement spécifique et compliqué qu'elle ne t'a jamais adressé la parole, c'est sûr que tu es un expert.

Le dénommé Walt leva les yeux au ciel et se tut, à court d'arguments valables. Mais le groupe d'amis n'eut pas le temps de poursuivre sa discussion plus longtemps puisque l'un de leurs professeurs fît interruption dans la salle, et elle semblait hors d'elle :

— Que faites vous ici ? Il est interdit de rester dans les salles en dehors des heures de cours et en l'absence d'un professeur ! Sortez immédiatement ! Et vous, monsieur Nottington, vous n'êtes pas à un défilé de mode, vous êtes tenu de porter votre uniforme correctement et non comme bon vous semble même si vous trouvez cela de meilleur goût !

Aucun des cinq adolescents ne fit de remarques comme ils auraient pu le faire en temps normal. Ils ne voulaient pas finir leur vie en heures de colle. Alors ils sortirent et se dispersèrent, pour mieux se retrouver plus tard.

.•.

Enfin Juillet. C'était ce que se disait Nathan, alors qu'il était derrière le comptoir de la librairie à classer des livres. Il n'avait presque pas dormi de la nuit tant il était excité de revoir Emile. Le jeune homme ne savait plus trop comment se positionner vis à vis de lui alors il essayait juste de ne pas y penser. Sans lui, il se sentait encore plus seul qu'auparavant, c'était comme s'il était vide. Le brun se contentait seulement de laisser les jours glisser sur lui tout en les figeant dans l'encre.

17 Avril 20xx - Le trou noir

Il y a la solitude et la solitude. La première est anodine, elle parait être l'épreuve la plus dure à surmonter. Elle vous ronge, vous détruit, c'est comme déchirer un papier. Il ne peut pas être recollé.

Complainte d'un Garçon SolitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant