Nathan était assis dans sa chambre. Il contemplait d'un regard vide les écrits qui tapissaient ses murs. Le jeune homme n'avait plus de larmes à donner, plus de tristesse, plus de rage. Il n'avait plus rien.
Tout avait commencé dans la matinée. Il était dix heures et comme à son habitude, pour la troisième année consécutive, Nathan attendait Emile. Mais cette fois-là, c'était différent puisque tous deux en avaient enfin fini avec le lycée, ce qui signifiait qu'ils pourraient se voir à chaque fois qu'ils le voudraient et rester en contact tout le temps. Durant les vacances de Noël les deux garçons avaient passé leur journées à imaginer tout ce qu'il pourraient faire avec cela. Emile avait même avancé et avait pris l'initiative de se rapprocher et se confier à ses amis, ce que Nathan avait grandement salué.
Tous deux étaient prêts à vivre un véritable rêve, d'autant plus qu'ils semblaient s'aimer plus fort chaque jour passant. Alors lorsque Nathan avait vu la chevelure rousse de la cousine d'Emile, prénommée Deliah, son cœur avait raté un battement. Mais la jeune femme était seule, et elle semblait fortement préoccupée. Elle avait des cernes immenses sous les yeux, ses cheveux étaient vaguement coiffés et ses yeux laissaient aisément paraître cette inquiétude. Deliah tournait en rond dans la librairie à une vitesse folle, elle cherchait visiblement quelque chose. Nathan l'interpella et lui demanda s'il pouvait l'aider pour quoi que ce soit. Elle se laissa tomber dans le fauteuil face au jeune homme et soupira.
— Est-ce que tu as vu Emile ?
— Emile ? Non, il est ici ?
— C'est bien le problème, je n'en ai aucune idée. Oh, mais pourquoi il fallait que ça se passe ainsi !
Nathan pencha la tête, il était de plus en plus inquiet.
— Il est arrivé quelque chose à Emile ?
— Il a disparu. Enfin non, il est parti dans la nuit sans donner aucune indication sur où il allait, il a juste laissé un mot disant qu'il ne voulait que personne ne soit blessé ou ne meure par sa faute.
— Quoi ?! s'exclama Nathan, Mais, il a... il m'a dit que ça allait mieux ! Comment... je... pourquoi ?
— C'est arrivé il y a un mois, l'un de ses amis les plus proches s'est noyé alors qu'il était le seul avec lui. Et Emile n'a pas réussi à le décoincer et à le sauver. Après ça il a été envoyé à l'hôpital parce que lui aussi était resté longtemps sous l'eau. Ensuite il a simplement prétendu aller mieux jusqu'à la fin de l'année mais il ne parlait plus à personne et hier il est rentré, a récupéré toutes ses affaires et... il est parti.
Nathan ne savait pas quoi dire. Il se prit la tête dans les mains, il était plein de remords. Pourquoi ? Lui même ne savait pas. Mais il était dévasté de penser qu'Emile était de nouveau pris par les doutes et les pensées obsessionnelles sans personne pour l'aider. Le jeune écrivain était prêt à retourner la Terre pour le retrouver. Mais il savait au plus profond de lui-même qu'il n'allait que se faire du mal.
C'est ainsi qu'il se retrouva de nouveau seul, dans sa chambre, avec pour seule compagnie le souvenir de la douceur qu'il ressentait lorsqu'il était avec Emile. Son regard se posa inconsciemment sur son vieux carnet. Il n'avait plus que deux pages à écrire. Il aurait souhaité ne jamais les remplir, mais il avait ce besoin de poser ses pensées sur le papier, alors il s'assit à son bureau qui faisait face à la fenêtre, contre laquelle s'écrasait la pluie.
3 Juillet 20xx - Ephémère
Rien ne nous est jamais vraiment acquis. On pense avoir trouvé le secret de la joie seulement pour découvrir que ce n'était qu'une illusion de plus. Parfois se battre n'a plus de sens, il faut savoir lâcher prise, même si cela fait affreusement mal. Aimer fait mal. Laisser son cœur s'adoucir pour qu'il soit brûlé l'instant d'après. C'est le jeu. Les choses vont et viennent, tout est éphémère, il faut juste savoir en profiter.
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Complainte d'un Garçon Solitaire
Historia CortaNathan est un écrivain et un invisible. Il a cette perpétuelle impression de solitude et ce besoin constant d'écrire, car tout ce dont il rêve, c'est de faire disparaître ses douleurs. Mais lorsque l'on connaît la joie la tristesse n'en est-elle pa...