Le soleil mouchetait la surface calme de la mare d'une multitudes de petits grains dorés. Les arbres vert tendre rafraichissaient l'air par l'ombre douce de leur feuillage, et les insectes bruissaient doucement dans les hautes herbes. Le temps était parfait pour une session de pêche-sieste : Merry et Pippin en profitaient pleinement. Ils étaient allongés de tout leur long, les jambes entremêlées et leurs cannes à pêche dépassant à peine de la barque. Le bout des doigts trempant dans l'eau, Pippin agitait ses doigts espérant attirer les poissons qui ne semblaient pas décidés à mordre. Merry ronflait doucement, assoupit par la chaleur et l'ennui délicieux d'une dure journée de labeur. Soudain, une des cannes s'agita et Pippin la rattrapa de justesse avant qu'elle ne disparaisse à la suite du poisson. La bête était énorme ! Il dû s'agripper à pleines mains pour ne pas lâcher, et la barque tangua dangereusement. La violence de l'assaut réveilla Merry en sursaut, et il se redressa, paniqué. Problème : la barque n'était plus stable, avec Pippin qui s'agitait comme un fou, tentant de retenir le poisson. Une seconde plus tard, ils tombèrent à l'eau chacun de leur côté et la barque se retourna avant de couler.
Complètement trempés comme des soupes, ils ressortirent penauds de la mare et s'étalèrent dans l'herbe au soleil pour se sécher. Pippin renifla, et une énorme bulle de morve sortit de son nez et éclata. Merry l'observa, fasciné avant d'éclater de rire :
- Elle a la même couleur que l'eau ! Tu vas finir par te transformer en grenouille à force de boire la tasse !
Pippin s'essuya le nez, l'étalant largement sur sa manche trempée avant de rétorquer :
- Et la faute à qui si on est tombés ? Si tu n'avais pas bougé comme un fou, j'aurais attrapé ce fichu poisson et nous serions encore secs !
Merry écarta les bras et soupira.
- Oui, oui.. Ce n'est pas grave, de toute manière, ça faisait longtemps que j'avais besoin de prendre un bain, donc comme ça, c'est fait ! J'ai gagné un mois de plus !
Il s'étira comme un chat avant de bailler largement.
- Et sécher au soleil est parfaitement agréable !
Pippin ne dit rien, et ils restèrent silencieux, à bronzer tout habillés. Au bout d'un moment, un gargouillis retentissant brisa le silence. Ils se concertèrent du regard, avant de se lever en même temps :
- C'est l'heure du repas !
A moitié secs, ils s'empressèrent de courir près du gros saule dont les longues branches effleuraient l'eau dans une caresse, et dégagèrent le coffre en bois niché dans ses racines. Merry attendait près de l'arbre, tandis que Pippin sortait les victuailles unes à unes.
- Voilà le poulet ! Attrape !
- Et de un !
- Le deuxième !
- Je prend !
- Les saucisses.
- Oui, oublie pas le saucisson non plus !
- T'inquiètes, tiens la carpe marinée !
- C'est bon, j'ai !
- Hop !
- Le pain du voisin est vraiment bon, c'est une aubaine qu'il l'ai laissé refroidir sur sa fenêtre !
- Tu m'étonnes ! Comme les pommes malencontreusement tombées dans notre escarcelle lorsqu'on a fait la sieste dans le verger du père Vioto.
- Ce n'est vraiment pas de chance qu'elles aient chuté pile poil dans ton sac !
- Non, hein.. Pareil pour la bouteille de cidre qui a roulé délicatement depuis le cellier jusqu'à mes pieds !
- Et les brioches aux myrtilles qui trainaient dans la cuisine..
Pippin s'arrêta soudain de trifouiller, prit d'un doute et releva la tête.
- Mais Merry, est ce qu'on fait bien de récupérer tout ceci ?
Merry, un poulet dans chaque bras et la tête couronnée de saucisses, acquiesça farouchement.
- Oui, imagine que quelqu'un les vole ! Ca serait horrible !
Pippin écarquilla les yeux d'horreur.
- Tu as raison ! Heureusement que nous sommes passés avant pour les sauver !
Les deux compères se regardèrent et éclatèrent de rire, avant de répartir les victuailles et savourer un repas.. pas si mérité. Le ventre rond comme un ballon, ils s'allongèrent cette fois à l'ombre pour faire la sieste. Le soleil brillait haut et l'air était lourd, atténuant les sens les plus aiguisés pour les remplacer par une douce langueur. Pippin regardait le ciel qui entrapparaissait par morceaux d'un bleu éclatant entre les branches, pensif.
- Merry ?
- Oui ?
Son compatriote tentait de se rendormir, la digestion aidant.
- Ca fait déjà deux ans, non ?
Merry rouvrit un œil, et son expression se voila de mélancolie.
- Oui..
Pippin roula sur le ventre et posa sa main sur son menton pour le regarder.
- Et si on partait en voyage ?
Merry grogna.
- Pour quoi faire ? On est bien ici.
- J'ai envie de visiter le seul endroit où l'on devait aller et n'avons pas pu le faire à cause des circonstances.
Merry se redressa, et le fixa avec un air dubitatif.
- Tu parles bien de ce que je pense ?
Pippin hocha la tête très sérieusement.
- Oui. J'ai envie d'y faire une espèce de pèlerinage. Je n'arrive pas à oublier, alors autant découvrir comment c'était exactement là bas.
Merry se recoucha, réfléchissant à la proposition.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, on y a vécu quelque chose d'assez traumatisant pourtant ?
Un blanc s'installa. Finalement, Merry reprit la parole :
- Tu sais quoi ? Tu as raison, allons-y ! Finissons ce que nous étions censé accomplir !
Pippin se leva et le fixa droit dans les yeux.
- Tu es sûr ?
Merry hocha la tête d'un coup sec.
- Oui. Retournons au Mordor !
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Le Voyage De Retour
FanfictionMerry et Pippin coulent des jours heureux en Comté, après la guerre de l'anneau et tout ces événements dramatiques. Mais quelque chose leur manque et l'appel au voyage ne les a pas quitté depuis.. Ils décident donc de repartir afin de guérir de plai...