Le Voyage De Retour

Retrouver.

Plusieurs jours de préparation furent nécessaires afin de collecter toute la nourriture possible pour le voyage. Ils partirent ainsi de nuit, discrètement, sans avoir révélé aucun de leurs plans à leurs amis, sur trois poneys : un pour chaque élément important, soit les deux hobbits et le garde manger. Le trajet se déroulait joyeusement, et ils plaisantaient en admirant le paysage qui changeait au fur et à mesure de leur avancée. Les lieux étaient devenus plus sûrs avec le nouveau roi du Gondor, et ils dormirent à la belle étoile sans aucun souci. Ils traversèrent des forêts touffues, des plaines où le vent soufflait et éteignait leurs pipes malgré leurs efforts, des rivières à l'eau glaciale bien que ce soit l'été, et des montagnes brunes, à peine saupoudrées de neige. 

Ils s'arrêtèrent à Fondcombe, mais depuis le départ d'Elrond, l'atmosphère n'était plus la même : il ne restait presque plus aucun elfe en Terre du milieu. La magie s'en allait doucement, à leur grand regret. Ils quittèrent donc les lieux assez rapidement pour reprendre leur voyage vers le Rohan. Ils traversèrent la forêt de Fangorn et cherchèrent longtemps Sylvebarbe parmi les vieux arbres, mais il était introuvable et ils abandonnèrent au bout de plusieurs jours de recherches infructueuses. La nourriture diminuait à grande vitesse, leur frustration augmentant leur appétit : le poney ne portait plus que des sacs de pommes et des galettes au miel. Il était temps de renflouer les sacs avec de la vraie bouffe : le trajet jusqu'à Edoras fut expédié à la vitesse de la lumière, enfin du poney.. Et ils arrivèrent enfin ! Le roi Eomer les accueillit en souriant :

- Mes chers hobbits ! On vous a vu arriver de loin et mes gardes se demandaient qui étaient ces mini cavaliers, ils pensaient tous être devenus myopes à vous voir si petits ! Je n'en reviens toujours pas que vous ayez survécu à la dernière bataille face à Sauron sans avoir terminé écrasés ! 

Merry répondit aussi sec :

- Si vous avez eu les fesses sauves, c'est uniquement grâce à nos congénères ! Sans Sam et Frodon, la bataille aurait été perdue ! Alors j'éviterai de la ramener à votre place..

Et Pippin d'ajouter doctement :

- De plus, nous avions un avantage non négligeable contrairement à vos soldats !

Eomer leva un sourcil, étonné.

- Ah oui ? 

Pippin se redressa fièrement, dégainant un petit poignard elfique qu'il avait emprunté à Fondcombe, les elfes ne s'en servant plus de toute manière..

- On est pile poil à la bonne hauteur pour taper là où ça fait bien mal. Alors, ne vous moquez pas de notre petite taille, je peux trébucher très facilement sur ce sol si lisse.. et vous priver de futurs héritiers. 

Le regard du roi s'assombrit.. c'est que les hobbits le menaçaient chez lui ?! Ses larges narines chevalines s'entrouvrirent, et il exhala un souffle agacé avant d'éclater de rire.

- Mes chers hobbits, vous m'aviez manqué !

Et tous les trois tombèrent dans les bras l'un de l'autre en une joyeuse embrassade. Le roi les emmena chez lui et ils firent un véritable festin durant des jours. Ils partagèrent les nouvelles d'Eowyn et de Faramir, qui les rejoignirent quelques jours plus tard, et discutèrent du bon vieux temps. Repenser à ces glorieuses batailles en sachant qu'elles étaient révolues n'était plus aussi douloureux que de les vivre, car les blessures de l'époque s'étaient résorbées. Seuls Eowyn et Merry échangèrent un long regard lorsque la bataille des champs du Pelennor fut évoquée : la violence de leur combat face au roi sorcier d'Angmar leur avait bien laissé des séquelles, invisibles pour les autres mais qui continuaient de tâcher leur âme malgré le temps et la guérison. Leur souffrance s'était adoucie cependant, par le fait qu'ils la partageaient et cet instant de silence compréhensif entre eux deux leur apporta un grand réconfort à chacun. 

La fête dégénéra au bout d'un moment, et les deux hobbits finirent sur le dos de Faramir et Eomer respectivement, à faire la course pour savoir quels cavalier et monture seraient les plus rapides à dévaler la pente du château. La course termina dans la rivière après moultes roulades, et ces belles têtes couronnées finirent échevelées et essoufflées à force de rire. Quel spectacle ils offraient aux habitants d'Edoras.. mais ils étaient heureux de se retrouver et ils ne faisaient pas de mal. 

La fête se termina quelques jours après, et ils se séparèrent à regrets, ne sachant pas quand serait leur prochaine réunion. Eomer les interrogea sur leur circuit, curieux de connaitre la raison de leur voyage. Pippin et Merry se regardèrent avant de parler :

- On avait juste envie de venir vous faire coucou. On va aller chez GrandPas pour voir comment il va, et admirer sa progéniture ! 

- Bon, je vous souhaite bon voyage alors ! N'hésitez pas à repasser à l'occasion !

- Merci pour ton accueil, et la réciproque est vraie. Si tu passes par la Comté, tu seras toujours le bienvenu ! Et tu verras que nos fêtes n'ont rien à envier à celles des plus grands rois de la Terre du Milieu ! 

Les deux hobbits sautèrent sur leurs poneys, le troisième rechargé avec les victuailles fournies par le roi du Rohan. Ils commencèrent à descendre tranquillement quand Eowyn les interpella une dernière fois, seule. 

- Merry ? Un instant !

Merry se retourna, surpris. Eowyn accourut, levant ses jupes afin de ne pas glisser, et s'arrêta à leur niveau, légèrement essoufflée. 

- Où allez vous vraiment ? 

Elle était très sérieuse, et son expression montrait qu'elle voyait clair dans leur jeu. Pippin s'agita sur la selle, mal à l'aise tandis que Merry tâchait de rester imperturbable. 

- A Minas Tirith, c'est tout. Où veux tu que nous allions ? Il n'y a rien à voir d'autre !

Elle fronça ses sourcils clairs, contrariée. 

- Ne fais pas semblant, je sais que tu me caches quelque chose. Bien que vous ayez eu l'air tout à fait joyeux durant cette semaine festive, j'ai bien vu que vous n'étiez pas tout à fait heureux. Qu'est ce qui vous tracasse autant pour faire un tel voyage ? Qu'avez vous prévu ? 

Les deux hobbits prirent un air embarrassé, car elle était plus perspicace qu'ils ne le pensaient. Merry soupira, vaincu.

- On fait un voyage initiatique. Nous allons vraiment à Minas Tirith, mais on va continuer le chemin peut être un peu plus loin. Ne t'inquiètes pas, nous serons prudents et nous avons bien l'intention de retourner chez nous, vivants !

Elle les observa un instant, avant de soupirer et de lâcher les rênes du poney qu'elle avait saisit. 

- Bien, si tu le dis.. Je vous fait confiance. Mais faites attention à vous, les terres ne sont pas encore sûres passé les frontières. Il rôde encore dans les ombres les restes des armées de Sauron, et je serais vous, j'éviterais tout ce qui est hors du royaume du Gondor, si c'est ce que vous envisagez de faire. 

Pippin eut du mal à cacher son embarras, car Eowyn avait deviné juste mais elle les laissa sans insister plus avant. Ils lui dirent au revoir et quittèrent la cité au château d'or pour poursuivre leur aventure.