La danseuse des flammes - II. Ambre

21 2 0
                                    


 Les premiers rayons du soleil levant commencent doucement à envahir la pièce, mon espace de vie.

L'endroit que j'ai connu hier soir comme sombre, froid se présente chaleureux et amical chaque matin, montrant une fausse image dans le but de me donner la force de travailler le jour.

Je me réveille à côté de l'homme de ma précédente nuit, il dort encore. Il est nu, moi aussi. Je le regarde, il est comme tous les autres. Somnolant, inconscient, il ne semble pas avoir de problème. Il n'a l'air soucieux de rien.

C'est alors que je me lève enfin pour commencer à me préparer : je me vêtis de ma robe rouge ainsi que du morceau de tissu ambré qui couvre, seul, ma poitrine. Les parures de bijoux serviront pour le spectacle de ce soir, dans mon service en journée je n'en ai nullement besoin. Il est temps à présent d'enlever tout le maquillage, désormais fatigué d'hier, pour peindre l'exact même sur mon visage. Après m'être préparée, je me dirige vers la porte pour quitter ma chambre. Je regarde une dernière fois l'homme qui va l'occuper pendant encore quelque temps, alors que je travaillerai en bas. Devrais-je le réveiller ?

Je me rapproche de lui, la main hésitante en sa direction. À quelques centimètres de sa peau, ma main tremble, je ne sais toujours pas si je vais devoir le secouer doucement, le toucher en lui parlant, lui demandant de se réveiller et de quitter mes lieux, ou s'il va falloir l'embrasser en lui souriant.

Non. Je m'arrête nette, je ne sais pas ce qu'il pourrait me faire. J'arrête ma main avec mon autre, l'éloignant de sa peau, ne prenant aucun risque. Je pourrais très bien le déranger en plein sommeil, cela ne pourrait ne pas lui plaire.

Ne pas lui plaire... Mon bras tremble. Un autre visage surgit dans mon esprit, celui d'un homme au regard plus dure, de prédation, de ces yeux couleur safran, me perforant.

Je claque la porte, peut-être un peu fort, descend les escaliers à grande vitesse et traverse le couloir en direction de la salle principale, celle où tout se passe, en particulier mon travail du soir.

« Enfin réveillée ? » entendis-je, me sortant de mes préoccupations. Je relevai la tête et vis Dorysee, ma collègue.

– Eh ben, tu en tires une tête ! La nuit n'a pas été bonne ?

Je constatai un sourire un coin sur son visage. Elle sait très bien ce qu'il s'est passé hier soir, puisque c'est elle qui a sans doute dû me remplacer juste après être parti avec mon client.

– C... C'est-à-dire que...

– Fait pas ta timide, ça marche jamais avec moi, madame la croqueuse d'homme ! On entendait que vos ébats une fois dans le couloir ! Alors cette image de femme pudique, elle est bien mignonne, mais elle ne marche pas avec moi ! Mais t'inquiète, je dirais à personne que t'as pris ton pied et que t'es en fait sous le charme de cet homme !

– Dory ! M'exclamais-je rouge, honteuse.

Elle me fit un de ses clins d'œils légendaires, ceux qu'en réalité j'apprécie tant.

– Allez, au boulot ma vielle, sinon c'est le bosse qui va gueuler ! Vite vite, faut ranger tout ça !

Elle me tourna alors le dos dans un mouvement élégant et ses longs cheveux blonds lisses suivirent le mouvement. Il se dessinait dans tout ce bar sa silhouette élégante, peut-être pas celle que tout homme désir mais qui ferait battre le cœur de ceux qui ont du goût, mais également de celui auquel elle n'oserait même pas penser... L'idée de la voir danser autour de tout ces hommes pour me remplacer hier soir émergea dans mon esprit. Voir son corps se remuer dans tous les sens, avec grâce, beauté et agilité, tel une créature légendaire des océans, elle semble être dans son élément. Cette pensée me fit sourire, mais je me repris vite. Il est temps que je commence mon travail !

Voltige littéraire d'un aigle et d'une corneilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant