Chapitre 3 : Le Gardien.

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Depuis maintenant... 1h ? Je sillonne la forêt du Neverland en me perdant toujours plus à chacun de mes pas.

Bien que cet endroit puisse paraitre très hostile, il reste vraiment magnifique : les lucioles viennent de se réveiller et fond leur ballet devant moi, comme aillant compris ma peur phobique des endroits trop sombre (voir complètement noirs). De petits animaux sauvages quelque peu cachés, mais pourtant assez visibles, observent aussi la scène, eux aussi (j'imagine) émerveillés par cette multitude de petites lumières vertes, dansant à l'orée du bois.

Mon avancée se termine sur une autre des plages de l'île. À peine j'eus posé les pieds sur le sable fin, que j'entendis le crépitement d'un feu au loin. J'avance doucement sur la plage, guidée par le bruit. Dans la lueur des flammes et de la lune, j'aperçus un jeune garçon, assis contre un rondin à côté du feu. D'un pas hésitant, je m'approche de ce minuscule camp, puis s'assis à quelques mètres du garçon.

-Je me disais bien aussi que Peter nous avait ramené un nouveau. Dit-il en levant le regard dans ma direction. Oh putain... Ajouta-t-il en écarquillant les yeux. Peter je ne pensais pas que tu aurais le culot de le faire... Finit-il par grommeler comme s'il ne voulait pas être entendu.

Son regard se reporta sur le feu, un air à la fois dur et exaspéré.

-Méfie-toi de Peter. S'il t'a amené ici alors que c'est un pays où n'y vivent que les garçons qu'il a ramenés, crois-moi, ça n'annonce rien de bon pour toi, et potentiellement des changements sur l'île. Autrement-dit : on est tous dans la merde.

Je le regarde, vexée. Pourtant, ce n'est pas ma faute si je suis ici... C'est la faute de Peter... Nan ? Pourquoi ses paroles ont l'air si accusatrices envers moi... ?

-Tu peux rester ici si tu en as envie. Tu es en sécurité ici. Mais si tu veux retourner auprès de Peter, je te mets en garde : ne lui fait jamais confiance et ne crois pas un traître mot de ce qu'il peut te dire. Même s'il a l'air sincère.

J'acquiesce simplement.

-Écoute, je comprends si tu ne veux pas parler, mais, étant donné le fait que tu es une des victimes de Peter, ma porte, enfin plutôt mon camp, te sera toujours ouvert.

Un léger sourire apparu sur mes lèvres.
Il est vrai que ça faisait un bon moment que je n'avais pas souris.

-Quel est ton nom ? Demande finalement le jeune garçon après un long silence.

-Romane. Répondis-je avec hésitation.

Il me tend la main, un sourire chaleureux arborant son visage.

-Jojen. Ravie de te connaître.

-De même.

Un nouveau silence s'installe pendant lequel nous nous regardons dans le blanc des yeux, avant que Jojen n'ose à nouveau le rompre.

-C'est quoi cet objet accroché à ton ceinturon ? Je n'arrive pas à le voir à cause de ta chemise.

-Oh ! Ça ? Demandais-je en décrochant ma flûte de pan.

-Attends... tu sais en jouer ?

-Ouais ! Bien-sûr ! Tu veux que je te joue un truc ?

-Non ! Surtout pas ! Dit-il, paniqué. Enfin, ce n'est pas toi, j'aimerais beaucoup t'écouter jouer, mais si tu en joues, il pourrait y avoir des conséquences...

-Quelles conséquences ?

Jojen relève les yeux vers moi, remplis d'incompréhension.

-Attends, tu es sérieuse là ? Tu captes toujours pas le rapport entre Peter et une flûte de pan ?

Honnêtement, je ne comprends vraiment pas. Je ne connais même pas Peter. Je veux dire, c'est la première fois que je le voie, alors comment est-ce que je pourrais comprendre ?

-Ba non. Peter est un nom banal et c'est un garçon normal de 17/18 ans qui ne sait pas contrôler ses hormones.

Jojen se met à rire jaune, puis me regarde plus sérieusement.

-Eh bien, tu es réellement très, très, TRÈS loin de connaître notre monde.

Puis plus aucun de nous deux n'osa parler. À présent, je me sens... perdue et insignifiante dans ce monde... ou plutôt cette île où je viens de débarquer, comme ça, sans qu'on ne me prévienne... Cette île méga hostile où je ne connais absolument rien.

-Ce que je vais te dire va peut-être te faire un déclic, si tu viens du monde des humains, alors tu devrais connaître. Dit-il en me regardant droit dans les yeux, captant toute mon attention.

-Peter... C'est...

-Peter Pan.

Dit soudainement une voix derrière nous.

-En effet, c'est bien moi.

Le visage de Jojen est complètement crispé. Une immense tension est présente entre les deux jeunes hommes, une tension que je ressens au plus profond de mon être.

-Dis-moi Romane, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « ne t'éloigne pas trop du camp » ? Me demande le maître de cette île, le regard dur.

Honteuse, je baisse la tête. Après tout, que pourrais-je bien faire d'autre ?

-Et toi Jojen ? Tu n'as pas un rôle de gardien à appliquer ?

Le garçon ne répondit rien, continuant à fixer Peter de ses yeux ébène.

-C'est bien ce que je pensais. Romane, suis-moi. La fête va bientôt commencer.


**********************



De retour au camp, je ne peux m'empêcher de repenser aux derniers échanges avec Jojen.

Flashback :

-Attends !

Alors que je me relevais pour retourner auprès des garçons perdus, Jojen m'attrapa par la main et me tira vers lui. Il me prit dans ses bras et me chuchota à l'oreille :

-Peter sait à chaque instant où se trouve chaque personne sur cette île. Ne reviens plus jamais ici si tu ne veux pas qu'il te tue. Mais j'ai quelque chose pour toi pour compenser ça.

Il imposa alors ses mains de chaque côté de ma tête, avant de chuchoter quelque chose. Une sorte de formule magique ou quelque comme ça.

-Romane, viens maintenant ! S'impatienta le maître des lieux.

-C'est bon, elle arrive Peter !

Le « Gardien » me regarda de nouveau dans les yeux, puis rapprocha une nouvelle fois son visage de mon oreille...

-À présent, nous serons toujours en contact.

Welcome to Neverland...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant