Chapitre1- Le Big Bang

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Une bruine légère caresse le pavé des rues somnolentes de Tunis. Mars préfère s'agripper à la mélancolie larmoyante de l'hiver plutôt qu'à la gaité euphorique du printemps. L'asphalte est luisant sous la lumière des réverbères. Un grand jeune homme barbu marche lentement entre les ficus de l'Avenue Bourguiba, presque déserte. Il porte des lunettes de soleil claires Chopard , un costume Luis Vuitton gris et des chaussures Prada noirs. Ses cheveux se dissimulent sous un Fédora Hermès marron. Il fume nerveusement un cigare Montecristo Joytas. Une Bentley continental bleue Neptune, à vitres opaques fermées, le suit lentement.

Il parait réfléchir profondément. Il regarde sa Rolex. Il est exactement minuit. Son visage s'assobrit. Brusquement il jette le mégot et le piétine rageusement. Ses doigts tremblent. Il est anxieux et perturbé. Il se dirige hâtivement vers la luxueuse berline bleue qui s'arrête soudain à son niveau. Le chauffeur décent, le salue respectueusement en s'inclinant légèrement et ouvre la porte arrière. L'homme barbu monte. Le chauffeur ferme la portière et retourne derrière le volant. Le véhicule démarre avec un grincement fracassant des roues.

Dans une suite impériale fastueuse au dernier étage de l'hôtel Africa, des airs du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski se mélangent à des bruits de bavardage et d'esclaffements retentissant. Trois hommes, la soixantaine, vêtus de costumes luxueux et raffinés, sont assis l'un à côté de l'autre sur un somptueux divan arrondi, en velours de soie de couleur lilas pastel. Devant eux sur la table basse en marqueterie, un seau à glaçons, contenant une bouteille de champagne « Salon » à moitié pleine. Ils discutent et rigolent euphoriquement, fumant des cigares et sirotant leur champagne dans des vers en cristal Baccarat.

La voiture luxueuse s'arrête devant l'hôtel Africa. Le chauffeur décent et ouvre la porte arrière gauche. L'homme descend et se dirige vers l'entrée de l'hôtel. Il s'arrête un instant. Semble réfléchir profondément, comme s'il se bat contre ses propres démons, puis se décide à entrer.

Le portier et les réceptionnistes le saluent respectueusement avec leurs plus larges sourires de bienvenue. L'homme était attendu. Un réceptionniste accoure vers lui, le guide vers l'ascenseur, appui sur le bouton et garde son large sourire jusqu'à ce que l'ascenseur arrive et que l'homme y monte. Dans l'ascenseur, l'homme est stressé. Il serre et desserre ses poings nerveusement. L'ascenseur atteint le dernier étage. L'homme descend et se dirige vers la porte de la suite impériale, devant laquelle deux énormes gardes du corps se tiennent debout les jambes légèrement écartées. Ils le saluent avec respect, inspectent ses vêtements et trouvent son portable. Ils le lui rendent et ouvrent la porte de la suite avec une carte à puce.

Le jeune homme entre masquant son anxiété sous un large sourire. Les trois hommes se lèvent en riant joyeusement et lui serrent la main chaleureusement. Ils l'invitent à s'assoir et lui offrent un verre de champagne qu'il engloutit d'un seul trait, sous leurs rires amusés. Il trinque et discute avec eux quelques minutes. Ensuite, l'homme s'excuse, se lève, ouvre la porte fenêtre et sort dans la grande terrasse donnant sur le vaste toit. Il s'est arrêté de pleuvoir. Il desserre sa cravate et prend des grandes bouffées d'air frais. Il se retourne et toise les trois homme d'un regard étrange.

Au même moment, on frappe à la porte de la suite. Une jolie jeune femme souriante, entre portant entre ses mains une boite en velours rouge. Elle la met sur la table basse et sort. Les hommes paraissent ravis, ils se mettent à applaudir et piailler gaiement. Ils sont impatients de voir la surprise cachée dans le coffre en velours. Ils appellent le jeune homme sur la terrasse avec des signes de mains en riant joyeusement. Ils l'invitent à découvrir avec eux ce que cache le coffre.

Sur la terrasse, le jeune homme ignore leurs appels et s'éloigne discrètement. Il commence à courir jusqu'à l'autre bout du toit. Puis,  s'arrête net. Avec une main tremblante, il sort son téléphone de la poche de sa veste, le fixe pensif un instant, ferme les yeux et appuie sur un bouton. Instantanément, une déflagration assourdissante retentit assassinant le silence paisible des sommets. La suite impériale explose et se transforme en brasier. Flammes et fumée se mélangent dans une danse funèbre. Des débris sont projetés dans tous les sens. L'homme git par terre, son Fédora à quelques pas de lui. Il est touché par quelques fragments métalliques. Le sang gicle de sa jambe. Il parait horrifié et accablé. Il se relève péniblement, reprend son Fédora qu'il met sur la tête. Il traine sa jambe blessée en gémissant et s'avance de quelques pas. Les yeux vides, il se dirige obstinément vers l'extrémité. Ses chaussures sont sur le bord du toit. La bruine agonisante se transforme brusquement en pluie torrentielle. Il regarde dans le vide se préparant à se jeter du haut de de la tour à presque quatre-vingt mètre de hauteur. Haletant, il sourit tristement, les yeux brouillés de larmes. Le vent souffle et emporte son Fédora qui s'envole puis glisse en valsant dans les abysses du vide.  Soudain, un cri strident couvre le bruit de la combustion, des torrents et celui lointain des sirènes.


(Merci chers lecteurs/. J'attends vos commentaires avec impatience:) )

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