Chapitre4- Le choc des vagabonds

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Il est deux heures trente du matin. Un froid sibérien perce les os et les âmes. Des citoyens s'apprêtent à se coucher dans la chaleur de leurs foyers chauffés. Sous leurs couettes immaculées. Pendant ce temps, sous l'un des ponts de la ville, des sans-abris dorment le ventre vide, sur des cartons à même le sol, emmitouflés dans des couvertures de fortune, sordides et puantes.

Mais Hassouna, ne dort pas. Il est debout, adossé à un pilier, la poitrine gonflée, la posture intimidante. Taille moyenne, maigre et musclé. Une balafre sur la joue gauche, une autre au cou et un regard impitoyable, racontent son parcours de brigand aguerri. Il scrute l'horizon, comme s'il attendait quelqu'un, en fumant une cigarette bas de gamme et fouettant inlassablement le vide avec une chaine en fer rouillé. Soudain, il voit de loin deux hommes s'approcher dont l'un est chauve. Il jette le mégot et crache dessus, une aversion angoissante tordant son faciès.

L'homme chauve s'approche encore, tenant d'une main le sac à nourriture, tirant par l'autre Halim du bras, avec férocité. Il s'arrête et le pousse si violemment qu'il tombe sur l'asphalte juste aux pieds de Hassouna. L'ourlet de son bonnet rouge effleure les chaussures sales et fétides du vagabond-bandit. Son nez est ensanglanté. Il a une enflure et du bleu près de l'œil droit.

-Ce fumier était en train de vendre un truc à la fille de l'association, tu la connais chef, la jeune Amira. Je la croyais clean, mais je l'ai surprise avec lui dans le noir d'un recoin. Ils magouillaient quelque chose de pas net du tout. En plus elle lui a donné ce sac rempli de truc à manger. Je ne suis pas Allouch, si ce traitre de Halim ne lui a pas vendu un truc qu'il a volé ou de la zatla. Va savoir ce qu'ils ont comploté ensemble, en plus dans notre zone chef.

Avant qu'il ne puisse s'en rendre compte, Allouch reçoit sur le visage un coup de poing tellement puissant et inattendu qu'il trébuche puis culbute sur le dos. Sa tête heurte le sol. Il hurle de douleur, se recroqueville effrayé et lance à Hassouna un regard incrédule et interrogateur. Quant à Halim, il demeure figé au sol effrayé et craignant le pire.

- Tu oses dire notre zone, imbécile ? Depuis quand c'est devenu « notre » zone. Ce quartier a toujours été « ma » zone. Tu entends ? Mon territoire à moi connard. Tu sais ce que tu es Allouch, tu es l'esclave qui se croit le maître ou son associé. Alors c'est l'occasion de te rappeler que tu n'es qu'un homme de main, un sbire qui sert uniquement pour les basses besognes en contrepartie de ma protection et de quelques bouchées. Mets-toi bien ça dans le crane, idiot. Si je t'entends une fois de plus répéter ce terme « Notre zone », sur la tête de ma mère je te réduirai en petit morceaux, j'en ferai des merguez et j'inviterai tout le monde, ici même, à un barbecue géant, avec zatla et boukha, fils de pute. En plus tu m'appelles pour m'annoncer un butin, et puis tu viens avec un sac à légume, abruti ? Je veux de la tune moi, des billets, des swared, qu'est-ce que j'en ai à foutre de ce sac à merde.

-Mais chef, je n'ai trouvé rien sur lui. Je l'ai tabassé mais il n'a rien voulu dire. Il répète qu'il n'avait rien fait. Mais je ne le crois pas.

À ce moment, le terrible Hassouna se tourne vers Halim, toujours cloué au sol frémissant d'angoisse. Si le bandit a traité son homme de mains avec cette cruauté, quel serait le sort terrible qu'il lui réserve ? Se demande-t-il. Le brigand jette la chaîne et le toise d'un regard assassin.

-Toi, Halim, lève-toi espèce de traitre, espèce de chanteur raté et de prof..euh..raté aussi. Debout espèce de looser vendu.

Hassouna hennit d'un rire hideux, projetant dans tous les sens des postillons de salive nauséabonds. Halim, s'essuie le visage dissimulant son dégout. Il prend tout son temps pour se mettre debout en face du bandit, essayant désespérément de retarder le moment fatidique.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 28, 2022 ⏰

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