Chapitre 3 : Incomprehension.

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Je ne comprenais pas mes compères, ni ceux que je croyais être mes amis. Ce que je pensais être une union n'en était pas une. Chacun était libre de faire ce qui lui plaisait mais alors, il y avait forcément des désaccords et les idéologies ne concordaient pas toujours.

Tandis que la moitié de la population se retrouvait aux côtés de Butsuma Senju, devenu plus malveillant, je décidais de ne pas rester les bras croisés. Il fallait que je trouve une solution, une idée, mais à ma petite échelle d'être humain, j'étais persuadé que rien n'allait changer et que, par la force des choses, cela allait s'aggraver.

J'étais épris du pouvoir des dieux et je les vénérais tant que mon existence n'était possible que grâce à ces êtres célestes dans mon esprit. Depuis ma plus tendre enfance, je baignais dans leur amour et leur miséricorde, toutes mes actions étaient simplement guidées par Eux. J'espérais que depuis ces dizaines d'années à les déifier, Ils écouteraient mes prières. Rien de plus normal pour nous, croyants, que d'aller leur parler au plus près du ciel, sur la plus haute montagne des environs.

Et ce fut en pleine nuit que je me décidais, seul, à aller jusqu'au mont le plus reculé de nos terres. Le voyage fut long et les journées de marche interminables. L'anxiété d'avoir laissé ceux qui m'étaient chers m'agrippait la poitrine pour venir enlacer mon cœur dans un étau brûlant. Mais il ne fallait pas défaillir. Je me devais d'y aller, comme une mission, et en y repensant aujourd'hui, comme une invitation des divinités.

Le pied enfin posé sur la plus haute plateforme entourée de ses grandes griffes, une aura mystique m'envahit. Mon souffle était saccadé et le manque d'oxygène dut à l'altitude ne m'aidait pas à le reprendre pleinement. Mais plus les secondes filaient, plus le danger devenait grand, j'en étais convaincu. Le lieu était étendu sur plusieurs dizaines de mètres, couvert de neige montant jusqu'à mes genoux, calme, le vent l'accompagnant sans discontinuer. Lourdement fatigué, je posais mes deux genoux sur la poudreuse et la glace, écorchant ma peau, mais la douleur bien plus supportable que celle de mon cœur.

Je suppliais alors de tout mon être et mon énergie les grandes divinités afin qu'elles fassent retrouver la raison à ceux qui commençaient à se défaire du bien pour aller vers le mal, afin de trouver une solution pour que le peuple puisse vivre dans une paix totale et harmonieuse. Seulement, les dieux ne me répondirent pas. Je n'abandonnais pas pourtant et je continuais de prier et de prier, encore et encore. Les secondes devinrent minutes, et les minutes devinrent des heures. Mes mains se mirent à bleuir et le froid transperça mon pauvre corps raidi de toutes parts.

C'est durant une énième prière que le vent se tarit pour disparaître complètement, laissant la neige tomber doucement, aussi légère que douce. Je relevais la tête et vit un Dieu descendre sur terre pour me trouver, moi, simple mortel. Il était la source de la nuit, guidant les esprits des défunts le long de l'ultime chemin : Tsukoyami. Dire qu'il était d'une beauté inégalée aurait été une insulte à la pureté qu'il représentait. La chance de pouvoir me trouver en face d'une telle entité emplissait mon cœur d'un bonheur jamais ressenti auparavant, lui offrant cette dose d'amour que personne sur Terre n'avait pu combler jusqu'à maintenant. La curiosité voulait me pousser à le contempler un peu plus encore pour graver au plus profond de mon être chaque détail de cette magnificence. Mais je ne devais pas, je me l'étais interdit. Oser poser mes pauvres yeux de mortel sur cette œuvre parfaite ne pouvait m'apporter que malheur.

Il posa sa main sur ma tête et une vague de chaleur envahit tout mon être. J'étais si heureux de pouvoir ressentir la grâce des cieux que les larmes coulèrent sur mes joues jusqu'à ce qu'une vive douleur ne se répande rapidement dans mon corps. Mon cœur s'affola et ma respiration devint laborieuse. Mes doigts s'accrochèrent à ma poitrine en une vaine tentative pour mieux reprendre mon souffle. La douleur me déchiquetait de l'intérieur, dévastatrice. Pourquoi ? Pourquoi avais-je aussi mal ? Et sans pouvoir formuler ma question à haute voix, je me décidais à relever la tête pour croiser le regard sombre du Dieu, d'un bleu profond, dans lequel on pouvait distinguer toutes les constellations de l'univers. Mes propres préceptes n'avaient plus d'importance à cet instant. Au diable les malheurs, au diable les sentences et les malédictions. Je ne pouvais m'empêcher de le contempler avec avidité. Et de ses lèvres pourtant fermées, je pus entendre résonner dans les limbes de mon esprit une voix cristalline à l'intonation lourde.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2022 ⏰

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