L'ultime chimère

PROLOGUE

Cela faisait bien deux ou trois jours qu'ils marchaient en direction du dernier temple, celui où vivait en ses fonds la chimère ultime. Kiba sentait largement la fatigue accumulée dans les pattes d'Akamaru suite aux nombreux combats auxquels ils avaient dû faire face. Shikamaru portait sur son dos Ino, blessée à la cheville, et Sakura, dont les cernes s'étaient accentués, titubait tant ses jambes lui demandaient d'efforts pour marcher droit. De son côté, Naruto ne se plaignait pas mais ses pieds commençaient à être douloureux et il se sentait affreusement vidé de toute énergie. Sasuke quant à lui ne montrait rien mais la taillade profonde cachée par une multitude de bandages sur son torse le gênait. Enfin, Kakashi, en queue de peloton, gardait un œil attentif sur l'équipe et aux alentours.

Le pire était à venir et ils étaient déjà tous exténués. Les assauts-surprises qu'ils avaient rencontré durant la route avaient été très nombreux et leurs ennemis avaient été dotés d'une force étrangement bien plus puissante que celle à laquelle ils avaient l'habitude de faire face. Cela voulait-il dire que le prochain boss allait être vraiment difficile ? Peut-être trop difficile ?

Une goutte de sueur s'échappa de la racine des cheveux blancs de Kakashi, pour se laisser absorber par le bandeau qui cachait son œil gauche. Tout en balayant d'un regard le groupe, il analysa la situation : il fallait donner bien plus encore pour la suite et vu l'état de chacun, il ne serait pas du tout judicieux de continuer tête baissée, au risque d'en perdre un sur le chemin de la félicité. Il leur fallait réfléchir, se reposer, trouver une auberge afin de retrouver toute leur énergie et se refaire en équipements et autres potions. Leur problème était le temps. Ils en manquaient. Susano était très proche et se manifestait bien trop souvent ces derniers temps : le dernier bilan connu était catastrophique. Un soupir lourd de fatigue s'échappa alors malgré lui de sa bouche. Kakashi avait bien envie de boire un bon litre de saké et de s'endormir.

Le chemin de terre disparut brutalement à l'arrivée d'un petit lit de rivière, se poursuivant de l'autre côté. Tous essayèrent de passer sans glisser sur les mousses ou vases présentes, ce qui fût complexe au vu du déclin de la lumière du jour. Lorsque Kakashi posa son pied de l'autre côté, ils continuèrent ensuite jusqu'à commencer à grimper une colline remplie d'arbres de toutes variétés. Les pieds tapaient contre le sol sec, les souffles poussés par l'effort brisaient le calme de leur environnement et les peaux luisaient aux derniers rayons de soleil. Une légère brise vint caresser les visages rougis par l'effort, ce qui les soulagea pendant une courte seconde.

Akamaru se mit soudain à japper et comme pris d'engouement, il courut jusqu'en haut de la colline. Les amis s'arrêtèrent, stupéfaits et essoufflés. L'entente d'un grognement leur fit alors tourner la tête en direction d'un Kiba crispé et agacé.

« Akamaru ! Reviens là, bon sang ! » cria-t-il, à bout de souffle et les mains sur les genoux. « C'est pas vrai ! » ragea-t-il ensuite en tapant du pied.

Il se baissa vers le sol pour se transformer en bête instantanément et user de ses dernières forces pour foncer à l'endroit où son chien avait disparu. Les autres, laissés en arrière-plan, se désespérèrent de la réaction de leur ami puis se forcèrent à marcher plus vite pour les rattraper.

Enfin arrivés en haut du sentier, tous relâchèrent leurs muscles avec bonheur. Certains se retenaient de s'écrouler, pliés en deux, quand d'autres relâchaient la tête en arrière. Ino tapa gentiment l'épaule de Shikamaru pour descendre de son dos, ce qu'il ne tarda pas à faire au point de faire craquer sa colonne quand elle fut sur ses deux pieds.

Ils réajustèrent alors leur vue à leur nouvel environnement. Le paysage était à couper le souffle : les ruines d'une grande ville, des vestiges d'un temps très ancien s'étendaient à perte de vue, immergés sous une étendue d'eau sans fin. Les âmes errantes étaient nombreuses mais la sonorité de leurs voix était si douce et calme qu'elle aurait pu s'apparenter à une berceuse. Cette mélodie voulait adoucir une réalité qui ne concordait pas avec le paysage : des traces d'une lutte sans merci recouvertes par la flore locale. Un peu plus loin en effet, sur leur droite, ils pouvaient apercevoir une allée pavée de roches claires jonchée de bancs retournés, une sandale d'enfant et une basket déposée dans un coin joliment décoré par des bouquets de fleurs. Il y avait aussi des torchons accrochés à un câble et derrière les derniers débris d'une fontaine, ils virent une grande arche brisée, prête à s'écrouler. Ils pouvaient y lire entre la mousse et les branches qui emprisonnaient la pierre : Konoha. Tout autour, des insectes lumineux virevoltaient, donnant à ce lieu une aura mystique et mystérieuse.