Chapitre 27

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Jungi avait quitté la salle, laissant un Jimin en pleurs, tremblant, recroquevillé derrière les rideaux. Le blond était plié en deux, les genoux remontés contre sa poitrine. Une de ses mains serrait convulsivement son t-shirt à l'emplacement de son cœur, les larmes roulant sans discontinuer sur les joues.

Lentement, tristement, Jimin prenait conscience que jamais, pas une seule fois, Yoongi ne lui avait dit "je t'aime". Ces trois petits mots que Jimin lui répétait sans cesse. Ces trois petits mots qu'il n'entendrait jamais sortir de la bouche de Yoongi, ou alors ils ne lui seraient pas destinés. Ils seraient pour l'autre homme, que Jimin lui-même avait aimé passionnément, ardemment, puissamment, avant d'apprendre qu'il s'était juste servi de lui.

Jimin, assis contre le mur, changea lentement d'expression faciale, passant de la tristesse ravageuse à une inexpressivité froide. Il se sentait trahi, encore. Il fixait les rideaux face à lui sans les voir. Il devait arrêter de ressentir. Personne ne l'aimerait, alors il devait se couper de toute forme de sentiments. Il devait être seul. Puisque personne ne voulait de lui.

Lentement, les coulisses se remplissaient des prochains danseurs, mais également de quelques gardiens, présents pour surveiller les détenus en cas d'émeute. Mais tous étaient bien trop concentrés sur leur échauffement pour penser à ça.

Tandis que tous s'étiraient autour de lui, Jimin resta assis, le regard vide. Les noms des détenus furent enfin appelés.

- Park Jimin, Séoul.

Mécaniquement, le blond se leva et repoussa les rideaux pour passer. Il ne souriait pas, ne cherchait pas du regard ses amis. Il ne regardait que devant lui, les yeux emplis d'un vide, d'une absence d'émotions qui troubla les personnes assises devant la scène.

Puis la musique s'éleva.

Lors de ses entraînements, chacun de ses gestes, de ses pas, de ses regards, avaient été puissants, chargés de ressenti, d'émotions. Jimin avait su transmettre tout un tas de choses rien qu'en regardant son entraîneur, à savoir Hoseok, juste en faisant une volte et en regardant brièvement par dessus son épaule. Et il souriait, avant de passer à la surprise, la tristesse, puis de nouveau la joie. Jimin vivait pleinement la musique, comme si elle faisait partie d'elle.

Mais là, il n'était qu'une personne répétant mécaniquement des pas appris par cœur, sans aucune émotivité. Il n'était qu'un robot programmé pour danser tel ou tel pas.

Lorsqu'il s'inclina raidement pour saluer, il y eut quelques applaudissements qui contrastaient avec les hurlements que Taemin, le danseur précédent, avait provoqué. Mais Jimin s'en fichait. Les mais dans les poches, il retourna en coulisses, refusant la bouteille d'eau qu'on lui tendait.

- Tu devrais boire.

La voix grave avait résonné près de son oreille tandis qu'un torse fin mais musclé se collait à son dos.

Yoongi.

- Laisses-moi, fit le blond sans se tourner.

Si il se tournait, il craquerait. Il se jetterait contre lui en pleurant, avant de l'embrasser. Mais Yoongi était fiancé. A sa sortie de prison, dans sept ans, il allait quitter le pays pour aller en France. Là-bas, il prononcerait un simple "oui",  auquel Seo-Joon répondrait. Leurs bagues brilleront, assorties, à leurs doigts entrelacés. Leurs lèvres se rejoindront, avant qu'ils ne quitte l'église pour leur nuit de noces.

Jimin ne pouvait, ne voulait pas l'imaginer, cette nuit. Mais son esprit, fourbe et vicieux, tel un serpent, lui insufflait des images. Il voyait Yoongi, étendu sur le dos, les jambes écartées afin d'accueillir en lui Seo-Joon. Leurs bouches ne cessaient de se rencontrer, étouffant gémissements et souffles obscènes. Leurs peaux claquaient l'une contre l'autre, avant que Seo-Joon ne trouve la prostate de Yoongi, la martelant, le faisant crier. De la même façon qu'ils avaient tous les deux fait crier Jimin. Puis le cri puissant du noiraud aux pointes roses alors qu'il se déversait, ainsi que le plus âgé.

Apariciones       [ 𝓨𝓸𝓸𝓷𝓜𝓲𝓷 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant