9.

554 68 8
                                    





—   Tu es stressée ?

—   Non.


—   Tu es stressée ?

—   Non, Kelly.


—   Tu es stressée ?

—   Bon ok, je suis un peu stressée, ça te va ?

La brune sourit amusée alors qu'avec nervosité, j'arrange ma robe en me forçant à ne pas croiser mon reflet au miroir. C'est Kelly qui me l'a acheté pour me redonner goût à mon corps, mais c'est tout l'inverse qui c'est produit. Elle ne sait pas que je me suis enfermée dans les toilettes un moment, pour pleurer. Je l'ai tout de même mise car c'est le seul vêtement qui ne flotte pas trop sur mon corps, les autres que je jette tous uns par uns.

En cette soirée spéciale, j'ai invité Andrea à dîner à la maison. C'est sûre qu'on est pas tous les jours inviter à dîner à la Maison Blanche, mais l'occasion c'est présentée. Pour que mes parents me laissent aller en Italie avec lui, ils m'ont obligés à le leur présenter, et ensuite ils se feront leurs propres avis. Ce qui me rend heureuse, c'est de les voir à nouveau complices. J'intercepte des petits regards et sourires entre eux, c'est comme s'ils étaient retombés amoureux l'un de l'autre. Depuis quelques semaines maintenant, ils ne font plus chambre à part, alors que ça faisait deux mois qu'ils dormaient séparés. Comme quoi, le temps arrange vraiment les choses.

Pour le cas de Naël, ironiquement non.


Deux mois en tous, que nous nous sommes pas adressés la parole. J'aimerais dire que je n'en tiens plus compte, mais ça serait mentir. Mentir aussi de dire que l'envie d'aller lui parler, juste savoir comment il va, ne m'a pas effleuré l'esprit. Mais à chaque fois je repousse l'idée par fierté, fierté qui me tuera un jour. Puis avec Andrea dans l'équation, je ne sais même plus où donner de la tête. Moi qui le voulait auparavant à cent pour cent sur moi, et sous mon charme maintenant que c'est le cas, il fallait que Naël rentre dans ma vie, et de manière très très brutale si je peux me permettre de le dire. Ce que je partage avec Naël est bien différent de ce que je partage avec Andrea.





—  Ça, c'est la tête de quelqu'un qui n'est pas sûre de ses choix.


Kelly pose sa tête sur mon épaule après avoir embrassée ma joue.


—  Quels choix ?

—   Et bien, pour une rencontre entre peut-être ton futur petit copain et tes parents, tu es très préoccupée et je sais que ce n'est pas cette rencontre qui te préoccupes. Cela veut donc dire que tu es attaché à ce garçon, mais on ne peux pas encore parler d'amour. Je me trompe ?


J'avais oublié, à quel point Kellyoana avait une voix si apaisante lorsqu'elle se met à tenter de comprendre mes problèmes. Depuis qu'on est petites, c'est elle qui joue la maman, la fille avec les meilleurs conseils sur terre. Elle est sage. À l'image de ma tante Kaori, elle a tout pris d'elle moralement ainsi que sa beauté. Sans elle je ne sais pas ce que je ferrais.


—   Je n'arrive plus à me regarder dans un miroir Kelly.


Mes lèvres se pincent pour retenir les sanglots qui veulent se faire entendre. C'est la première fois que j'en parle. Je n'avais pas eu le courage de le faire, et même avec ma mère.


—  Lorsque je sors de la douche, je me mets dos au miroir. Je peux seulement me regarder lorsque je porte des vêtements amples. Je n'y arrive plus. Je me reconnais plus. Je veux redevenir celle que j'étais avant.


𝐀𝐃𝐀𝐍𝐀 ; 𝘸𝘢𝘴𝘩𝘪𝘯𝘨𝘵𝘰𝘯 𝘥𝘤 𝘦𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant