- Son 100 pesos, por favor. Ai-je lancé d'une voix monotone, brisant le bourdonnement de la climatisation en fond.La routine.
Je répétais la même phrase tous les jours, à différence du montant parfois plus ou moins élevé.
Mais le vieil homme devant moi semblait à peine m'entendre.
Je passais ma main devant son regard perdu dans le vide.- Señor Alvarez ? Está todo bien ?
Il sursauta légèrement et son regard repris de la vivacité.
- Escusa-me, ria t il doucement,
- Son tre- ,
- Aqui estan, me coupa t il en plaçant un billet de 100 pesos et une pièce de vingts sur le comptoir.
Je récupérais uniquement le billet, et l'encaissais.
Le vieux monsieur récupéra sa brosse à dents et le sachet de cacahuètes qu'il avait passé plus tôt en caisse, et s'en alla vers la sortie. Plutôt hétérogène comme achats, mais j'ai vu bien pire. A vrai dire, j'aime la manière dont on peut découvrir une personne simplement à travers les achats qu'elle fait, ils disent bien plus sur nous que ce que l'ont pourrait croire.
- Euh Señor ? L'interpellais-je, vous oubliez votre monnaie !
Le vieux monsieur, au visage tout rond marqué par quelques taches de soleil, ainsi qu'une épaisse barbe se retourna.
- Esto és para ti, hija, prononça-t-il, je te vois ici tous les jours, alors tu auras de quoi te payer un petit quelque chose.
- Pero está seguro Señor ??
- Si, tu me fais penser à ma petite fille, ria-t-il, avant de s'avancer pour de bon vers la sortie de la petite épicerie.
- Euh muchas gracias Señor ! Y que tenga un buen dia, lançais-je en souriant de plus belle.
Je regardais le vieil homme s'éloigner en traversant la rue, son acte me venait droit au coeur, et j'esperais intérieurement que Dieu accorde tout ce qu'il y ait de meilleur à cet homme.
Je rangeais la pièce de 20 pesos dans ma poche sous le regard grave de ma mère, qui rangeais les yaourt quelques rayons plus loins.
- Ayyy Dios Mio, ma fille est mieux payée que moi même dans mon épicerie, soupira -t-elle.
Il est vrai que des gens généreux comme Señor Alvarez, il y en a très peu. Je me souvenais encore de l'époque où il jouait le père Noël sur la place publique de ma ville.
Tant de fois j'avais supplié ma mère de nous y emmener, mes frères et moi.Je jetais un coup d'œil à la montre au fin bracelet de cuir noir qui pendait à mon poignet. Elle affichait 17h03.
- J'ai finis mon service maman, je vais passer chercher Gabi et Alejandro, à ce soir !
Je ne lui laissais même pas le temps de répondre et me dépêchais d'atteindre l'arrière boutique.
J'ouvris la porte de la pièce en contournant la kitchenette et me dirigeais vers la porte voisine à celle où était affiché un panneau indiquant le mot « toilettes » en lettres capitales bleues.
J'entrai dans la pièce où des casiers longeaient le mur et la referma derrière moi. Nous étions seulement 3 à travailler dans l'épicerie.
Je contournais le casier de Ricardo, un garçon un peu plus âgé que moi, de 2 ou 3 ans je crois. Il est plutôt froid, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de parler avec lui.
Ma mère et lui travaillent ici tous les jours, et moi à temps partiel, en alternance avec les cours.
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El Cartel de Santa Muerte
RomanceL'amour ou le devoir ? La famille ou l'argent ? La drogue ou la vie ? Chacun de nous connaît, au fond, la réponse à ces questions si incongrues et dépourvues de toute moralité. Pourtant ce qui ne restera qu'une banale question pour vous, constitu...