La bête

24 8 4
                                    

La bête

Entre les arbres, je ne m'arrête pas un instant de courir. Mes jambes sont endolories mais je m'en fiche, je ne m'arrête pas un instant dans ma course folle.

La bête. Elle est là. Je la sens.

Son souffle s'abat presque sur ma nuque, ses grognements semblent me transpercer, ses pattes martèlent le sol. Grâce à ses muscles puissants, la bête peut me rattraper, malheureusement.

Et moi, je cours, bien décidée à ne pas lui laisser l'honneur de m'enlever la vie.

La forêt, immense, paraît s'étendre à l'infini devant moi. À bout de souffle, je sens mes forces me quitter peu à peu. Je n'en peux plus, la bête va m'avoir. Mais je ne peux pas me le permettre.

C'est alors que, tout à coup, plus rien, plus aucun bruit. Seul le silence règne autour de moi.

Brusquement, je m'arrête, après avoir jeté un bref coup d'œil par dessus mon épaule pour m'assurer qu'elle n'était plus là.

Disparue. La bête avait disparue.

J'entends mon cœur battre la chamade alors que je tente de reprendre mon souffle du mieux que je peux.

Je jette des regards furtifs partout entre la végétation, mais il n'y a rien. Que dalle. Aucune présence.

Alors que je me croyais hors danger, un craquement me provient dans mon dos.

À peine ai-je le temps de me retourner que la bête me fonce droit dessus, la gueule béante, poussant un cri féroce. Comment est-ce possible ?

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que me voilà violemment plaquée à terre, la bête au dessus de moi. Ses griffes me tiennent fermement au sol et il m'est impossible de bouger. De là où je suis, j'entends son gros cœur battre.

Son souffle chaud et son haleine fétide s'abattent sur mon visage, et ses dents s'approchent dangereusement de ma chair, prêtes à me dévorer.

Quand je sens mes dernières secondes arriver, prise de peur et de panique, je pousse un cri strident, et si perçant que la bête à une seconde d'hésitation.

Je profite de ce moment de faiblesse pour lui donner un coup de pied dans le ventre.

Surprise et désarçonnée, la bête a un mouvement de recul accompagné d'un grognement de frustration.

C'est alors que je parviens à me libéré un bras pour attraper une pierre pointue.

La bête, folle de rage désormais, s'apprête à me mordre, mais je ne lui laisse pas cette opportunité. D'un coup, je lui frappe la tête, munie de la pierre tranchante, lui arrachant l'oreille au passage.

La bête pousse un hurlement déchirant en plaquant ses pattes sur ce qui était censé être son oreille. Son museau est maculé de sang.

Je me redresse alors dans perdre un instant, et je me met à courir, encore et encore, bien qu'affaiblie. Je sens que je la sème.

Pas ce soir la bête, pas ce soir.

Tempête, août 2022

Recueil de Textes 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant