Chapitre 4

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- Hé, toi ! Qu'est-ce que tu fais là ?

La silhouette qui se cachait sous ce lourd chale de laine se retourna, révélant le nez et les joues roses de froid, les yeux clairs et les mèches blondes d'une jeune finlandaise.

- Je... je m'appelle Aada, bafouilla-t-elle en présentant son laisser-passer. Je viens de me porter volontaire à l'infirmerie...

Simo la scruta des pieds à la tête, puis de la tête aux pieds tandis que Karli vérifiait les papiers de la jeune fille. Pas d'objet suspect, ni d'arme dissimulée... Mis à part son regard qui s'accrochait un peu trop à lui, rien n'indiquait qu'elle soit une saboteuse ou une espionne à la solde de l'ennemi.

- Tout a l'air en règle, caporal Häyhä...

Les yeux pâles d'Aada s'eclairèrent :

- C'est vous Simo Häyhä ? demanda-t-elle comme si elle croisait une célébrité.

- Pourquoi ?

La réponse abrupte de son subordonné sortit le sniper de l'embarras. Même en temps de guerre sa timidité continuait à lui jouer des tours.

Elle répondit comme si c'était évidement :

- Vingt tués au fusil en huit jour ! Il...

Karli la saisit au col :

- Quand il est parti ce matin c'était encore "onze victimes en huit jours "! Si t'as des infos que le sergent n'a pas t'es forcément une ruscof !

Elle avait peur, c'était la seule émotion visible sur son visage... Mais son regard semblait étrangement calme...

- Laisses, fit Simo, en regardant ses bottes en feutre. J'ai donné nos nouveaux scores à la radio tout à l'heure. Tu sais à quel point les rumeurs circulent vite par ici...

Aux mots de son chef, le soldat lâcha l'infirmière.

- Files, et fais gaffe aux espions, y'en a partout... dit-il en reprenant son chemin vers la baraque des officiers.

Mais quand il jeta un œil en arrière, elle le regardait encore...

~●~

- Qu'avez-vous à déclarer, Häyhä ?

- Dan : deux morts, très bien pour un nouveau. Yrjö : trois mort, Antti : trois aussi, Elias : quatre, Karli... Deux.

Un grincement de dent avait accompagné le dernier score.

- Pourquoi si peu ?

Simo n'avait aucune envie de s'expliquer avec ce supérieur obtu et désagréable.

- On part à la chasse, sergent. Si vous avez une technique pour ramener du gibier à chaque fois, je suis preneur.

L'officier salua d'un reniflement dégoûté cette métaphore douteuse. Il n'avait que du mépris pour les tireurs embusqués, et l'unité de sniper le lui rendait bien.

- Et vous, Häyhä ?

- Neuf morts.

Le sergent Letovo daigna enfin oter ses pieds du poêle en fonte et posser le journal qu'il lisait depuis l'entrée de son subordonné. Par dessus son bureau impeccablement rangé, il examina le sniper avec circonspection, se demandant visiblement si un si petit bonhomme pouvait se rendre coupable d'une telle tuerie. De plus, on lui avait rapporté que l'arme qu'il utilisait n'était qu'une vieille petoire sans lunette de visée... L'affaire lui semblait des plus louches.

Death's white coatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant