À mon frère. (Haitani Brothers)

Partie 2

2 février 2005 - Quartier de Yokohama

Rindo Haitani, 16 ans.

Encore du sang.
Du sang qui jaillissait sur le sol, sous les coups répétés de mon frère, alors qu'il frappait abondamment le visage du chef d'ICBM maintenant à terre avec une matraque en métal. Cette fois, je n'étais pas paralysé : mais plutôt indifférent à ce qui se passait sous mes yeux. 6 ans ont passé, et 2 ans que le Tenjiku - le nom du gang qu'on fréquentait Ran et moi - régnait dans tout Yokohama, et pratiquement tout Tokyo.

Ran donna un énième et dernier coup sur le visage de son adversaire, maintenant inconscient. Des dizaines de personnes, tous habillés de l'uniforme du gang ICBM regardaient la scène, estomaqués. Ran se releva - essuya d'un revers de la main sa joue ensanglantée - puis se tourna vers eux, un sourire arrogant sur les lèvres.

- Bien, ça veut donc dire que vous allez devoir obéir au Tenjiku à présent, corps et âme. C'est clair ?

Les concernés se regardèrent entre eux, avant de s'incliner face à nous. Posté derrière mon frère, un sourire malsain s'élargit sur mes lèvres, assez fier de voir toutes ses têtes s'incliner devant nous. C'était devenu une banalité depuis qu'Izana - notre chef de bande - est sorti de prison : après avoir créé le Tenjiku, il a fait en sorte de recruter les meilleurs atouts afin de faire grandir et populariser le gang dans toute sa terreur. On comptait au départ 30 membres, et 2 ans plus tard, nous étions plus de 400. C'était ouf.

Ran et moi, connus sous le nom des "Haitani Brothers" et mon frère plus connu sous le nom du "Roi céleste", faisions partie de la garde rapprochée du gang. Et je dois dire que oui, c'était plaisant d'avoir autant de pouvoir au sein d'une organisation, même si elle était pour le moins criminelle.
Seulement, d'un autre côté, il y avait le comportement de mon frère qui m'inquiétait un peu. Depuis la création du Tenjiku, il avait changé (enfin bon, il était toujours aussi froid et violent) mais cette année, c'était devenu bien pire que ça. Parfois même, il me faisait flipper alors que je tentais de rester impassible même quand il faisait la pire des tueries.
J'ignore si c'était le fruit du pouvoir, les deux ans de taule pour coups et blessures ayant entraîné la mort dont nous avons été coupables, ou l'influence d'Izana depuis son retour de prison, mais en tout cas, Rani avait changé, et ce qui m'inquiétait, c'était que ce cœur qui se transformait en un bloc de glace grandisse en lui.

Une fois sortis de la planque du gang adverse - qui à présent, venait de devenir nos alliés - je marchai aux côtés de mon frère. Il jouait avec l'une de ses nattes à l'aide de sa matraque tâchée de sang, ce qui était plus ou moins assez glauque. Mais venant de Ran ? Ce n'était pas trop étonnant.
Puis, son téléphone se mit à vibrer. Il le prit dans la poche de son manteau, avant de rétorquer qu'il s'agissait d'Izana. De là, je me tournai vers lui.

- Il dit qu'il veut des news pour l'ICBM d'Ikebukuro.

- Baah, on les a démontés.

- Bien comme il faut.

Il me regarde, et un sourire se forme sous nos lèvres.

- Retournons à la planque pour aller faire notre rapport, les autres doivent déjà être rentrés.

À cette réponse, mes pas se mirent à ralentir, tandis que mes sourcils se froncèrent. Ran se retourna alors vers moi, interrogatif :

- Qu'est-ce qui y a ?

Je relevai mon regard vers le sien, assez hésitant.

- Hum..., rien, c'est juste..., que j'avais quelque chose de prévu cet aprèm.

- Ah ouais, et quoi donc ?

Là, mon hésitation se fit plus ressentir. La vérité c'est que, depuis quelque temps il y avait une chose que je lui cachais. Rien de grave, juste que j'avais une petite-amie, mais connaissant Ran - surtout avec son caractère de merde - c'était certain qu'il n'allait pas le voir d'un très bon œil. Je veux dire, un des gardiens du gang le plus puissant de Tokyo qui a une meuf ? Trop risqué, trop dangereux et surtout trop stupide. Je pouvais déjà l'entendre me dire ces mots si je lui annonçais.