Chapitre 5 : Hexide (RÉÉCRITURE COMPLÉTÉE)

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PDV Amélia

"Putain, je n'ai rien à me mettre."

Hésitant entre un jean ou une jupe, je prennais du retard face à mon miroir, serviette encore sur la tête. Mon maquillage ne bougerait sûrement plus jusqu'à la fin de la journée, en vue de la tonne de fixateur que je venais d'étaler sur ma peau.

Je continuais à monologuer, fouillant dans mon armoire pour y trouver un haut correspondant.

"Va pour le jean." Et quelques secondes plus tard, je brandi un bout de tissu, triomphante. "Et va pour ce top !"

Accessoiriser la tenue que je venais d'enfiler ne me prit pas tant de temps que ça, me permettant de pouvoir arranger plus rapidement la crinière qui longeait maintenant mon visage, une fois la serviette retirée.

Je jetais un dernier coup d'œil au miroir, approuvant l'image qu'il reflétait, puis me ruais vers la porte, attrapant mon sac en route.

La ville était bruyante à sept heures et demie du matin, sans parler du métro, où je ne me suis jamais sentie autant compressée ailleurs qu'en ces lieux. Le casque sur mes oreilles jouait aléatoirement ma playlist matinale, constituée de rap, de pop et de reggae, mélange plutôt original.

En posant les pieds sur la terre ferme, je re-plaçais correctement mon baggy, l'etirant sur le côté avant de trottiner jusqu'à la sortie des tunnels.

Je longeais quelques cafés, boutiques et habitations, me fondant dans la masse des passants pressés de rejoindre leur point B. Et j'aperçus enfin le bâtiment que j'ai visité quelques mois auparavant, et dans lequel j'ai auditionné, vision ne faisant qu'augmenter mon angoisse.

De grandes lettres en acier formant le nom "Hexide" étaient fixées au mur en brique de l'imposante infrastructure d'enseignement supérieur musical, abritant sous son porche les portes d'entrée en verre de l'université.

Mes baskets foulant le sol du hall, je lâchais la poignée et balayais l'espace du regard, observant un nombre incalculable de première année discuter ensemble, siroter des boissons chaudes, ou demander des informations au personnel de l'établissement.

Les listes de répartition des classes étaient toutes épinglées sur le panneau d'affichage au milieu de la pièce, et avec elles, leur lot d'élèves attroupés autour.
Après avoir légèrement bousculé quelqu'uns d'entre eux, j'ai cherché mon nom de famille dans la lettre "B" de chaque tableau. Et très vite, en arrivant à la classe "Licence première année classe C", abrégée en L1C, l'information tant attendue fut identifiée.

J'ai pris connaissance du numéro de salle associé à mon groupe, et me suis dirigée vers le couloir correspondant.
Autour de moi, quelques personnes se contentaient d'en dévisager d'autres, dans leur coin. Mais trop stressée pour sociabiliser, je me dirigeais vers un banc, fouillant dans mon sac en bandoulière pour y trouver un livre pioché sur ma pile ce matin. Bingo. Lettre à une inconnue de Stefan Zweig. L'un de mes favoris.

Quelques minutes plus tard seulement, la salle fut ouverte, invitant les élèves à rentrer à l'intérieur. Cette dernière était sombre, la mousse acoustique recouvrant les murs, et volant de la luminosité de la pièce, phénomène contré par de divers spots d'éclairage au plafond. Des chaises étaient disposées en face d'un regroupement de matériel d'ingénierie sonore et de quelques instruments. L'endroit dans lequel je pénétrai était en réalité plutôt vaste, offrant assez d'espace pour trente personnes, sans compter l'enseignant.

Le bruit des pas de mes nouveaux camarades de classe étaient étouffés par la moquette au sol. Hors quelques discussions lointaines, mon oreille concentrée ne pouvait percevoir que le son des pages du livre entre mes mains, de ma respiration, et de la chaise se déplaçant juste à ma droite. Une fois la tête relevée suite à la vibration du siège contre le sol, la silhouette que je rencontrais me fût entièrement familière.

"Lucia ?"

La brune, qui venait de poser son sac en bout de table, se retourna.

"Amélia ?" S'exclama-t-elle, semblant légèrement surprise.

"Qu'est ce que tu fais ici ?"

"Alors, normalement j'étudie ici à partir d'aujourd'hui." Me répondit-t-elle, un sourire narquois aux lèvres.

Je détournait le regard de celles-ci pour me reconcentrer sur la source de ma confusion.

"Non, je veux dire, dans ce niveau là. Les classes sont bien rangées par niveaux ?"

La jeune femme s'assit, s'installant confortablement, les jambes entrouvertes et le dos contre le dossier.

"Je crois bien !" Elle balança ses jambes sur le côté de la chaise, se tournant complètement vers moi. "C'est ce que j'appelle une belle coïncidence. J'imagine que nous allons pouvoir faire plus ample connaissance ! Les amis de Willow sont mes amis !"

Elle me tendit sa main, attendant patiemment que je la serre.

Une fois ma main dans la sienne, elle divaga de notre poignée, s'intéressant à mon livre.

"Que lis-tu ?"

Je tournais mon livre de manière à se qu'elle puisse en voir la couverture.

Elle murmura, sûrement pour elle-même. "Du Stefan Zweig."

Je quittais des yeux le bouquin.

"Tu connais ?"

"Yep !" S'exclama-t-elle.

Ses doigts rebondissaient sur la surface en bois.

"Et tu aimes ?"

Ils s'arrêtèrent, la paume de son membre à plat sur la table.

Elle hésita. "Et bien... Je suis plus fantastique..."

"Ah ouais ? Tu as des exemples ?"

Prise d'embarras, cette même paume vint cacher son visage, le prenant en coupe.

"¡Mierda! es tan vergonzoso..."

Suprise, mon livre me tomba des mains. Je pense que l'accent m'a franchement fait quelque chose.

"C'était de l'espagnol ?"

Lucia retira les mains de sa vue.

"On dirait bien." La jeune femme ria brièvement et me souria, arcant le sourcil.

"Donc tu es d'origine latine ?"

"Afro-latine."

Un silence s'installa tandis que j'observai ma voisine de table, qui elle, semblait attendre une réaction quelconque.

"Tu es jolie."

Son regard interrogateur fut remplacé par un grand sourire.

"Tu l'es plus."

Sa remarque me fis également sourire. Je la vis tourner la tête lorsqu'une personne proche de la quarantaine pénétra dans la salle.

"Tout le monde est ici ?" Pas de réponse. "Bon, je vais prendre ça pour un "oui"."

Le professeur, un peu petit cela dit, mais loin de moi l'idée de juger, s'avança et s'assit au bord de son bureau.

"Bonjour à tous, et bienvenue en première année de licence ! Mon nom de famille est Whisper, mais appelez-moi simplement Raine."

RÉÉCRITURE COMPLÉTÉE.

She's My Home - Lumity Bêta Band Human AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant