La pluie cessa de temps à autre depuis la fugue de Kota. La version officieuse de cette évènement, uniquement connue de Katsuki et Izuku, étant bien évidemment le kidnapping du garçon.
Suite à leur attrapade, Katsuki prenait activement part à la vie du clan, se convertissant en un maillon indispensable. Izuku serrait toujours les dents en le voyant partir à la chasse et ne décrispait la mâchoire qu'à son retour. Bien qu'étouffée sous des couches d'inquiétude et de remords, l'admiration qu'il vouait à son mari ne faisait que grandir au fil des jours. Il s'efforçait de rendre cette plante stérile, toujours nauséeux à la pensée de leur écart d'âge.
Ce problème au sein même de leur vie matrimonial ne semblait tarauder qu'Izuku. Ochako, à qui il avait confié ses premières impressions, restées inchangées, sur la question, tendait maintenant à la relativiser.
- Trois ans c'est peu Izuku... En plus, d'ici quelques mois, il aura atteint l'âge adulte.
Ne pouvant faire autrement que se sentir profondément trahi, ces paroles furent une cacophonie à ses oreilles. Rongé par la culpabilité, il répliqua froidement :
- Il n'empêche que j'ai épousé un mineur en ne pensant qu'à ma pomme. J'ai privé ce petit d'avenir.
Ces mots enduits d'huile transformèrent l'étincelle en feu incandescent. Il avait rarement vu Ochako en colère, et à présent, il savait pourquoi l'envie ne lui été jamais venue. Son inconscient avait dû déceler la bête tapie en elle.
- Mais tu vas arrêter avec cette histoire ? Katsuki commence enfin à s'intégrer au bout de plusieurs semaines, la faute à qui ? C'est toi qui le gardait pour toi dans ta yourte ! Tu ne peux pas revenir en arrière Izuku, alors arrête de te lamenter et va de l'avant. Essaye au moins de te lier d'amitié avec ce jeune homme, car oui, il n'a rien de l'enfant dont tu parles.
Sous les yeux écarquillés de son chef devenu abruptement muet, elle se calma et baissa le ton.
- Tu as le droit d'aimer Izuku. Et crois-moi, c'est tenter d'avorter ce sentiment qui causera ta perte, pas d'avoir soit-disant émietté l'avenir de Katsuki.
Elle lui tourna le dos, s'éloignant à pas feutrés. Paralysé, ses facultés se limitaient à la suivre du regard, de préférence en oubliant de cligner des yeux. Elle amorçait un pas vers l'extérieur, sa main droite retenant le tissu, lorsqu'elle lui offrit son profil, immobile.
- D'ailleurs, Katsuki ne voit pas du tout les choses comme toi.
Puis, pour ménager son effet, elle laissa retomber le tissu derrière elle, laissant seul le jeune chef, obligé de rassembler ses idées maintenant qu'il était devenu obsolète.
Lorsqu'il sortit enfin pour accomplir ses devoirs de chef, l'air était saturé d'humidité, et un gros nuage menaçant surplombait la clairière d'une aura comminatoire. Fronçant le nez à l'idée d'un nouveau déluge et des dommages qu'il provoquerait sur la faune et la flore de la forêt, à commencé par eux, Izuku gravit le promontoire. Les traits tirés par la fatigue et le poids des responsabilités, il appela à mi-voix un rassemblement. S'il n'avait pas déjà été perché sur le rocher, rares seraient ceux qui aurait entendu la clameur, morte dans sa gorge avant qu'il n'est pu pousser le timbre plus loin que le murmure.
- Je veux dépêcher trois patrouilles sur les rives Est et Ouest, commença-t-il en se massant l'arrête nasale pour rafraîchir ses idées.
Se remémorant les paroles d'Ochako, il coula un regard vers Katsuki, debout au centre de la clairière.
- Katsuki, tu mèneras la patrouille d'inspection avec trois autres membres.
La surprise qui se peignit sur les traits du blond n'échappa pas aux regards avertis. Ce tableau qu'il contemplait depuis son piédestal raviva sa culpabilité. Katsuki se racla la gorge, camouflant tant bien que mal un avorton de sourire.
- Bien, chef.
Izuku se fit violence pour ne pas s'attarder outre mesure sur l'expression flattée de Katsuki.
- Momo, tente de trouver de quoi renflouer un minimum les réserves de fruits. Les autres, reposez-vous autant que possible, et ne mettez pas sans nécessité absolue le nez dehors !
L'assemblée se dissout sur ces bonnes paroles. Izuku lorgna en direction de son mari, qui avait déjà réuni les éléments tout désignés pour la mission, repérés par son flair aiguisé. Le chef fut un instant tenté de les rejoindre, mais il se ravisa en songeant au trouble qu'il risquait de causer, en perturbant Katsuki dans sa première véritable mission.
Il se contenta d'échanger un sourire entendu avec Ochako et d'aller patrouiller pour se compte.
Ces individus dont avait parlé Kota le hantaient aussi bien le jour que la nuit. Décidément, entre eux et Katsuki, il n'avait plus une minute de répit.
Le jeune garçon, malgré les incitations de Katsuki, se mura dans un silence, non pas complice mais terrifié. Qui qu'ils soient, Izuku allait le découvrir tôt ou tard, car il pressentait que ce groupe ne s'arrêterait pas en si bon chemin.
Il ferma les yeux et autorisa ses sensations à prendre le dessus. Submergé par les senteurs et les bruits, il sentait vibrer la terre sous ses pieds, le vent s'engouffrer dans sa pelisse, les restes de la pluie nocturne dévaler gouttes à gouttes lentement son front. Finalement, lorsqu'il rouvrit les yeux, complètement plongé dans le bain, un beau cerf noir le dévisageait. Un sourire se glissa sur son visage, adoucissant ses traits.
Le cerf frappa son sabot en bramant, et Izuku se mit à courir à ses côtés, à en perdre le souffle, à en oublier son nom et son existence.
Cette forêt l'affranchissait de tout. Pour une fois, il était complètement et passionnément libre.
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In Corde Silvae ||Katsuki Bakugo x Izuku Midoriya||
FanfictionTout raisonnement sur l'amour le détruit [Léon Tolstoï]. Au cœur des bois, une tribu, un chef et son peuple, un mariage et une quête sur différents plans.