Divergents

.::. Chapitre 4 : le jour des Visites .::.

Plusieurs jours se sont écoulés depuis, et maintenant je maîtrise aussi bien le lancer de couteau que mon coup de poing. Enfin presque. Mais j'ai quand même battu Danny hier ! Quatre ne m'a pas lancé un seul regard, et tant mieux d'ailleurs. Aux repas, Kath et Eric s'assoient à côté et je n'ose pas imaginer les choses immondes qu'ils font ensemble la nuit. Kath est couverte de piercings et ils sont assortis, dans le genre jouets d'horreur. Amy m'a avoué à demi mot qu'elle appréciait vraiment beaucoup Tom, et je suis contente qu'ils n'aillent pas trop vite. Ce serait blessant de me retrouver seule, ou pire, à tenir la chandelle.

Mais aujourd'hui, les potins ne m'intéressent guère. C'est le jour des Visites. Quatre est venu tous nous réveiller en nous annonçant qu'il y avait pas mal de parents. Je suis emplie d'espoir. Mes parents m'ont toujours dit de faire le choix qui me plaisait, et c'était clair que je n'étais pas une Fraternelle née. J'accompagne Amy et Tom, et vite ils me laissent pour retrouver leur famille. Je cherche la mienne, je fais même le tour de la salle deux fois. Pourtant ils ne sont pas là. Je n'écoute plus les autres, je n'entends qu'un bourdonnement dans mes oreilles. Je passe par la porte cachée et me retrouve de l'autre côté de l'eau, dans la fosse. Personne n'est là. Enfin, je veux dire, Quatre n'est pas là. Je laisse échapper quelques larmes, puis je me mets à franchement pleurer. Quelqu'un met une main sur mon épaule et je sursaute. Quatre se tient derrière moi, et finit par s'asseoir à côté de moi. J'ai honte de le laisser me voir pleurer alors que je m'essuie discrètement les yeux, mais il me prend le poignet d'une main. Il me regarde gravement.

- Je suis désolé. Je n'aurais pas du te parler comme ça, alors que ton nez était en sang. Tu es la seule qui a été honnête avec moi depuis trop longtemps. J'aurais du l'être avec toi.

Il baisse les yeux, et sur le coup, je ne comprends pas. Sur quoi m'a-t-il menti ?

- Je t'ai dit que tu étais folle, que tu aurais du te battre, mais c'est moi-même que je blâmais en réalité. J'ai... j'ai eu peur. J'aurais du agir avant. Je m'en veux.

Je murmure un « Pourquoi ? » à peine audible, trop surprise de ses propos et de sa main qui caresse la mienne maintenant.

- Je m'en veux car j'ai eu peur d'agir et te protéger car j'aurais perdu mon travail et ma réputation.

- Oh ok, je vois, ce n'est pas grave je n'ai ri-... Il plaque un doigt sur ma bouche pour continuer.

- Non, vraiment, je m'en veux. De tout ça, de ces nouvelles règles, des mensonges ... 

Il se prend la tête entre les mains, et je le vois en petit garçon. J'ai envie de le prendre dans mes bras, mais j'essaye de garder l'esprit clair.

- Non, franchement Quatre, je-... Il me coupe encore la parole.

- Ne m'appelle pas Quatre, s'il-te-plait. Appelle moi Tobias, d'accord ?

- D'accord. Tu étais altruiste alors ?

Il se raidit et je me demande pourquoi. Tobias c'est un nom tout à fait altruiste. Devant mon air curieux, il se relâche.

- J'ai tellement de choses à te dire.

Il joue avec une boucle de mes cheveux, et connaissant les altruistes, je me dis qu'il doit quand même m'apprécier un tant soit peu pour créer autant de contacts physiques avec moi. Je lui prends la main et la serre, parce que je ne trouve rien à dire. Il lève les yeux vers moi.

- Tes parents ne sont pas venus, n'est-ce pas ?

Je secoue négativement la tête. On reste là, dix, quinze, trente minutes voire plus, puis il se relève en me disant qu'il doit voir Max. Je me demande comment il va me dire au revoir. Je le vois hésiter. Il parcourt mes lèvres du regard en mordant les siennes. Mais après tout, c'est un altruiste de naissance, alors il s'écarte en rougissant. Je le laisse faire.