.::. Chapitre 6 : Leur échapper .::.

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Je suis encore sonnée. Moi, Lena, je suis exceptionelle ? Je pars rejoindre les autres à leur fameux « jeu » mais Tobias s'approche de moi, gravement. Je pressens tout de suite que quelque chose ne va pas. Il devait me retrouver là-bas, alors que fait-il ici ? Une fois près de moi, il me retient par le bras et me glisse, tandis que ses yeux sont tournés vers les caméras :

- Une fois là-bas, il faut que je te parle d'accord ?

J'acquiesce lentement et il part rejoindre ses amis, un garçon et une fille qui ont l'air très proches, non sans me rappeler Amy, Tom et moi. Il fait nuit et les lumières du train m'aveuglent alors que je cours pour monter à bord. Je suis essoufflée, même après ces jours intensifs d'entraînement. Nous sautons près d'une tour haute de 200 étages et je vois Quatre et un petit groupe d'Audacieux s'éloigner vers une autre direction. Je me suis arrêtée quelques instants et un natif me sourit en répondant à ma question non formulée :

- Ils vont à l'arrivée de la tyrolienne.

- L'arrivée de la tyrolienne ?

Il fronce les sourcils.

- Tu ne sais même pas où on va et ce qu'on va faire ?

Je rougis et hausse les épaules. C'est vrai que Quatre m'avait seulement parlé d'un « jeu d'audacieux ». Je suis les autres dans les escaliers et quelques minutes plus tard, nous arrivons sur le toit, haletants. Déjà des Audacieux s'affairent à en attacher un autre sur un harnais. Il a l'air hilare et je comprends mieux quand je m'aperçois que tout le monde se passe une flasque en métal. Le natif de tout à l'heure m'en propose et je décline en le remerciant. Je ne préfère pas boire alors que je vais être lancée dans le vide accrochée à un câble. Je déglutis et après quelques passages, je m'avance vers le harnais où je reconnais l'ami de Quatre, tout sourire.

- Moi, c'est Zeke et toi Lena non ? Impossible d'oublier ceux qui sautent les premiers. Surtout quand elles sont jolies...

L'autre amie de Quatre prend sa place en soupirant et se présente à son tour.

- Je m'appelle Shauna. Excuse-le, l'alcool ne lui réussit pas. Elle me sourit brièvement et me sangle sur le harnais. Puis avant de me jeter dans le vide, elle me lance :

- Et en réalité, Quatre nous a aussi beaucoup parlé de toi.

Puis c'est le grand plongeon.

Le vide me prend aux tripes et je résiste à l'envie de fermer les yeux. J'ai le souffle coupé et les immeubles passent si vite que je ne peux pas les compter. La nuit est superbe; la pleine lune me reflète sur les fenêtres des immeubles, et je me vois tout en noir, musclée et les traits changés. Plus durcis, je dirais. Je voudrais hurler à plein poumons mais j'ai déjà assez de mal à respirer comme ça, alors je me contente de sourire et de profiter de la vue. Tout va très vite mais je peux sentir le parfum de la nuit, un mélange d'adrénaline et de liberté et je lève les yeux vers la lune, ronde et lumineuse. Je sens chaque cellule de mon corps vibrer. Je suis vivante. Et je ne compte pas m'arrêter là.


***


Quand la tyrolienne se met à ralentir, je remarque un groupe d'Audacieux, sous moi, prêts à me réceptionner. Je me détache et me laisse tomber sur leurs bras, puis me retrouve sur la terre ferme, les deux pieds au sol. Tobias, dans un coin, me fait signe de venir.

Ses traits se détendent à mon arrivée et il prend mon visage entre ses mains brûlantes, mais c'est plutôt mon visage qui est glacé par l'air de la nuit. Ou les deux. Ses yeux scrutent les miens, je me rends compte que je me suis trompée sur leur couleur. Ils ne sont pas bleu nuit mais moins sombre et plus profond. On ne voit rien à travers la nuit, mais à travers ces yeux je perçois toutes ses émotions. Je voudrais lui dire mais je n'en ai pas le temps. Ses lèvres se pressent contre les miennes et il descend ses mains sur mes hanches. Il fait durer le moment, et les secondes se transforment en minutes. Il s'écarte légèrement de moi pour mieux me regarder et joue avec une mèche de mes cheveux. Mon coeur bat à cent à l'heure et ma tête ne pense qu'à une chose : recommencer. J'ai encore du mal à penser à autre chose quand ses yeux perdent de leur éclat et qu'il prend la parole.

- Lena, il faut qu'on parle de ton entraînement face à tes peurs.

Il me laisse le temps de me remémorer l'après-midi. « Ne fais rien de Divergent » « Ils t'observent », son sourire crispé. Il continue.

- J'aurais du me douter que tu ne savais pas ce que ça voulait dire, quelque chose de Divergent.

Je fronce les sourcils car en effet, trop stressée par l'épreuve je n'y avais pas réfléchi.

- Il faut que tu t'entraînes. Aujourd'hui, ils n'ont rien remarqué, pourtant dieu sait qu'ils sont tendus à ce sujet.

- Qui ça, « ils » ? Et pourquoi ? Je croyais que j'avais fait un score « exceptionnel ».

- Max et Jeanine. Ils surveillent de près les Divergents, tu as eu de la chance. S'ils avaient trop fouillé, tu aurais risqué de te faire tuer.

Il ferme les yeux à cet instant, et quand il les réouvre, ils sont éteints. 

- Ton score était exceptionnel. Mais jamais un Audacieux n'aurait pu surmonter sa peur par sa force de volonté comme tu l'as fait, il faut que tu apprennes à réfléchir comme eux. Fais-leur croire, Lena.

- Eux ? Tu es Divergent aussi ? bredouillais-je.

Il hocha la tête et le silence entre nous devint pesant. Je repris la parole, plus sûre de moi.

- Mais si ils attendent demain pour venir me chercher ? Si je n'arrive pas à me comporter comme une Audacieuse ?

- Je l'aurais remarqué sur les vidéos de surveillance s'ils avaient parlé de toi. Tu y arriveras, j'en suis sûr... 

Puis il murmure : 

-Et si non, on s'enfuira.

- Pour devenir des Sans-faction ? Je déglutis. Les images de silhouettes d'enfants affamés et dans des vêtements trop grands me frappent de plein fouet. Non, pensais-je, j'y arriverai, je le dois.

- Lena... Il souffle un grand coup. Tu dois leur échapper. On le doit tous.


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