Un ange parti trop tôt

Chapitre I

Aujourd’hui est un jour spécial pour le jeune adolescent seulement âgé de dix-sept ans. Il se retrouve dans un endroit, un moment d’une vie qu’il ne devrait pas croiser. Vous me demanderez lequel ? Je parle de la mort. Pas de sa propre mort, mais de la mort de son proche.
Kuroo, l’adolescent en question, est vêtu d’un sweat et un jogging noir. Il tient dans une de ses mains une fleur rouge et dans l’autre, un ancien ballon de volley de la taille d’un enfant. La main tremblante, le visage luttant pour rester neutre, il s’avance vers ce cercueil qu’il n’aurait jamais voulu voir. Il se retrouve seul dans cet endroit nommé l’église, une pièce livide. Il reste planté, là, serrant fortement ce ballon et cette fleur avant de finalement laisser ses sanglots résonner dans ce lieu. Il dépose délicatement le ballon à côté du corps mort d’un jeune homme avant de poser la fleur dans sa main. Dans un soupir, il faufile ses doigts dans la main fermée de l’homme et la serre légèrement.

Il s’agenouille lentement au sol, posant son menton sur le bord du cercueil pour regarder l’adolescent qui paraît en paix. Un adolescent aux cheveux blonds et à la racine marron, un visage fin et féminin tel qu’on pourrait le confondre avec une femme. Il a aussi un corps frêle, habillé d’un magnifique costard noir. Son visage est aussi maquillé ce qui le rend vivant.

- Kenma… Comment peux-tu encore sourire alors que tu te retrouves dans cette boîte ? Tout est ma faute dans le fond… Si je ne t’avais pas forcé à faire du volley avec moi, tu serais encore là… Je m’en veux tellement de ne pas avoir réussi à te protéger… Je n’ai même pas pu t’avouer mes sentiments ! Je ne sais pas quoi faire… Si, je vais arrêter le volley déjà… Je viendrai te voir tous les jours, je te le promets… Après tout, on s’est promis de ne jamais s’abandonner… On se retrouve là-haut alors…

Il finit en serrant les dents avant de lâcher sa main et se lever. Il vient se pencher en avant et poser sa main sur sa joue, donnant le premier et dernier baisé à l’homme qu’il aime. Il ne peut même pas dire que c’est incroyable vu la froideur de ses lèvres et le manque de vie de ce baiser.
Suite à ça, il se relève et tourne les talons à son meilleur ami, Kenma, un geste qui signe la fin de la cérémonie. Il part donc en silence et rejoint ses parents qui lui prennent ses mains, choses qui le soulagent un peu. Une chanson au piano du jeu vidéo du blond passe tandis que des hommes de sa famille transportent le cercueil vers la voiture mortuaire.

Kuroo ne retient pas ses larmes et les laissent couler en fixant maintenant la boîte de bois fermée, prête à garder Kenma dans sa dernière demeure. Une fois bien rangée, tout le monde rejoint sa voiture et se dirige vers le cimetière. Durant la route, Kuroo ne décroche aucun regard à sa mère qui le cherche pourtant. Il ne veut pas prendre le risque de lui montrer ses yeux vides de vie. Une fois arrivée, Kuroo se retrouve au premier rang pour observer le cercueil être descendu en terre.

Beaucoup parte suite à ça, mais pas Kuroo. Même quand l’homme commence à l’enterrer, il reste là, fixant sans cesse le cercueil où le visage de Kenma doit être. Il ne répond même pas à sa mère qui caresse son dos en lui disant de rentrer. Sa mère choisie de persister en laissant son mari partir pour préparer la maison et rassembler les souvenirs de Kenma. Il sélectionne aussi des affaires ou autre chose qui appartenait à Kenma. Kuroo reste là pendant tout le remplissage du trou avant de s’assoir simplement et observer la plaque mortuaire où il y a une belle photo de Kenma.

Il se remet à pleurer rapidement et sa mère n’attend pas pour venir le prendre dans ses bras et le serrer fortement. Kuroo la comprime contre lui en se remettant à sangloter et même gémir tellement il ne supporte pas le départ de son ami. Selon lui, ça ne devait pas se passer comme ça ! Kuroo devait finir par dire sa flamme à Kenma et ils auraient dû vieillir ensemble. Il ne se voyait pas vieillir seul ! Comment il va faire ?

Après un long moment de larmes, Kuroo se relève enfin en libérant le ventre de sa mère où il s’était niché vu qu’il était assis et elle, debout. Il prend la main de sa mère et rentre en sa compagnie en se grattant les yeux qui lui brûlent. Lorsqu’ils arrivent, Kuroo monte directement dans sa chambre, ferme sa porte, se met en boxer et part se coucher. Il n’a pas faim, il n’a envie de rien à part dormir en espérant revoir Kenma dans ceux-ci. Il ferme délicatement les yeux, mais la porte s’ouvre sur son père. Il ne le sait pas lui, étant de dos. Il écoute les pas s’approcher de son dos avant que le lit s’affaisse. Il laisse la main clairement masculine se poser sur  ses cheveux et les caresser.

- Ma question va être déplacée, mais est-ce que ça va mieux ? Kuroo ne répond pas directement.

- Je… J’essaie papa, mais je n’y arrive pas… Kenma est mort papa ! Il est mort dans mes bras ! Répond-il en finissant par des sanglots. Son père glisse sa main pour venir caresser sa joue collante et humide.

- Ça sera dur au départ, mais tu finiras par faire ton deuil. Tu es fort Kuroo, tu le sais toi-même. C’est une épreuve de la vie que tu dois affronter. Tu dois en sortir vainqueur, pour Kenma, pour toi. Puis… Délicatement, il tourne Kuroo sur le dos et pose sa main sur son torse… Kenma vit actuellement ici ensuite… Il met ensuite sa main sur sa tête… Puis, il vit dans tes souvenirs.

Suite à ses paroles, il se relève et repart en posant un carton sur sa table de chevet et un sandwich. Kuroo fixe le plafond en se disant que son père n’a pas tort, Kenma vit dans ses souvenirs qu’ils ont tous deux conçus, Kenma restera avec lui pour l’éternité. Il s’assoit avant de prendre le curieux carton. Il n’en croit pas ses yeux ! Ce sont des traces de ses souvenirs en question ! D’abord, il y a une petite peluche que Kenma promenait partout avant. Il y a aussi des photos d’eux petits et… ce dessin… Ils avaient mis de la peinture sur leurs mains pour faire un lien d’amitié, « ami pour la vie », ils ont écrit… Il laisse les photos dans la boîte qu’il repose par terre et ne garde que la peluche. Il se couche doucement et vient poser la peluche sur son nez.
Il sent la douce odeur encore présente de Kenma et se laisse bercer par celle-ci.

- Bonne nuit mon amour…

Ce sont ses derniers chuchotements avant que le sommeil ne l’emporte. Rapidement, il s’endort et ne rêve de rien, enfin, juste un moment. Au bout d’un moment, le noir devient de la lumière. Il est là, souriant, assis sur l’herbe du parc. Kenma est si petit… Sans attendre, Kuroo court  vers lui et se laisse tomber derrière lui, enlaçant son torse. Kenma sursaute, sa console mise sur ses jambes ne semble plus avoir de batterie. Souriant, Kuroo embrasse sa joue.

- Tu m’attends depuis longtemps ?

- Non, je crois, j’étais en train de jouer donc je ne sais pas. Il hausse les épaules avant de poser sa tête sur son épaule. Tu te rends compte que je ne suis pas le vrai Kenma ? Kuroo perd son sourire et baisse les yeux, se mordant la lèvre inférieure.

- J’en suis conscient, oui… Tu me manques déjà trop Kenma… J’aimerais que tu sois là à mon réveil… Il souffle de frustration et se laisse tomber en arrière, regardant le ciel bleu.

- C’est possible Kuroo, mais pour ça, tu dois te réveiller. Kuroo s’assoit brutalement et le regarde complétement perdu.

- Comment ça !? Réponds-moi Kenma ! Kenma se tourne vers lui en se levant.

- Tu n’es pas seul dans ta chambre, réveille-toi. Il part ensuite en courant.

- Attends !!

Il se lève rapidement et se met à courir après, mais quand il arrive non loin de lui, il tombe dans le sol. Il ne comprend pas ce qui se passe jusqu’à s’asseoir dans son lit brutalement, la respiration saccadée. Il regarde autour de lui pour se réorienter et pense halluciner quand, devant la porte fermée, se trouve une silhouette de femme brillante. C’est impossible… Cette personne à deux grandes ailes blanches ressemblant à celle des hirondelles. Elle a un visage sans imperfection et doux, son sourire est de même. Son physique ressemble à celui d’un enfant et elle ne porte qu’une longue robe blanche. Perdu, il calme sa respiration avant de chuchoter.

- C’est quoi ça ?