Un ange parti trop tôt

Chapitre V

Kuroo n’en croit pas ses yeux. Kenma est là, en face de lui, en tenue de lycée super bien mise. C’est très rare les personnes qui font ça et de base, Kenma fait partie de cette rareté. Kuroo fixe Kenma qu’il vient de questionner. Celui-ci croise les bras et arque un sourcil.

- Allons dans un café discuter de tes « nausées » d’hier. Kuroo vire aux pâles à cette mention, mais aussi à la vue des guillemets mis au mot « nausées » par le blond qui lève ses deux mains verticalement face à ses joues avant de plier deux fois ses doigts, à chaque syllabe.

- Je… Kuroo a super peur et il n’a pas pu parler de cette fameuse chose à Yuka. Le noir regarde Yuka qui agite ses mains en souriant.

- Ne t’inquiète pas pour moi ! On en reparle demain ! Kuroo lui sourit et lui fait un signe de tête.

- À demain Yuka. Yuka le salut aussi et part. Kuroo se tourne vers Kenma.

- Bon, il faut que tu choisisses le lieu. Je ne connais pas cette ville. Je suis venu en train. Finit-il en commençant à avancer. Kuroo lui attrape soudainement la main.

- C’est de l’autre côté Kenma ! Crie-il légèrement en serrant sa main. Kenma s’arrête et se tourne vers lui. Il hoche la tête et baisse ses yeux vers leurs mains liées.

- Kuroo, tu peux lâcher ma main maintenant.

Kuroo s’excuse aussitôt en lâchant sa main. Il se met rapidement en route avec le blond à ses trousses et cache ses mains dans ses poches. Durant le trajet, Kuroo est silencieux alors que Kenma se dispute avec son petit copain en appel, pas content qu’il soit venu sans lui. Kenma ne mâche pas ses mots, ce qui le rend encore plus différent du vrai. Kuroo se sent mal à l’aise.
Une fois arrivée, Kuroo entre suivi de Kenma qui raccroche au nez de son soi-disant petit copain. Kuroo va se placer à sa table préférée et commander directement en laissant Kenma faire son choix. Une fois fait, Kuroo baisse la tête et fixe ses mains posées sur la table, sur leurs dos. Il ne sait pas où se mettre et ne voit pas comment commencer une discussion.

- Alors, crache la vérité Kuroo. Commence le blond qui le fixe avec un sérieux inquiétant.

- Je ne mentais pas… C’était vraiment le stresse… Kuroo n’est pas du tout crédible dans ses paroles. Il commence à tenir une de ses propres mains et frotter son pouce sur la paume.

- C’est moche les mensonges, Kuroo. Dis-moi la vérité ! Ça a un rapport avec moi !? Tu es quoi ? Un amour secret ? Un psychopathe ? Un violeur !? Ces mots… Ces mots qui sortent d’une bouche supposée être pure… Kuroo sent son cœur se serrer encore plus d’être insulté de la sorte par un inconnu portant son visage.

- Tu n’es pas lui… Je me suis trompé… Je n’aurais jamais dû… Je n’aurais pas dû accepter… Kuroo sent les larmes monter. Il se lève en baissant son visage. Oublie notre rencontre. Je te bloque ce soir. Bonne continuation. Kuroo s’apprête à partir, mais Kenma se place face à lui en tendant ses bras horizontalement de son corps.

- Non ! Tu me dois des réponses, Kuroo ! C’est quoi que tu n’aurais pas dû accepter !? À qui je ressemble !? Il crie comme un hystérique alors que tout le monde regarde. Kuroo relève la tête et le pousse sur le côté sans le blesser.

- Je dois m’en aller ! Laisse-moi passer ! Kuroo se dépêche de sortir, mais Kenma revient à la charge et attrape son bras qu’il serre.

- Réponds-moi Kuroo ! Je ressemble à qui !? Ton stupide crush ! Kenma va trop loin. Kuroo le pousse violemment sur le sol.

- Tu ressembles à MON KENMA !! TU RESSEMBLES À MON PREMIER AMOUR QUI EST MORT !! TU N’ES QU’UNE MAUVAISE COPIE DE SA PART ! JE VEUX RENTRER CHEZ MOI MÊME SI ÇA VEUT DIRE PLUS JAMAIS LE VOIR !!

Kuroo serre fortement les poings en le regardant totalement bouleversé. Kenma tremble comme une feuille en le fixant. Kuroo se calme d’un coup et chuchote une excuse tremblante avant de partir en courant chez lui. Il se retient autant qu’il peut et ne calcule même pas sa mère quand il entre. Il délaisse tout à l’entrée et monte en courant dans sa chambre. Il claque la porte et fonce dans son lit pour sauter dedans à plein ventre et aussitôt serrer l’oreiller où il enfuie sa tête.

- Putain… Ça fait trop mal… J’en peux plus… Je veux rentrer chez moi…

Il craque complétement et commence à sangloter. Il serre fortement l’oreiller qu’il ne tarde pas à mouiller. Il craque. Il a tout perdu… Kenma, ses parents, sa vraie vie… Tout ce qu’il a est une souffrance vu que Kenma est sans cesse là, le faux Kenma. Il l’a insulté avec tellement de facilité, il a souillé le véritable Kenma en prononçant ses paroles avec ses traits. Qu’est-ce qui ne ferait pas pour retourner chez lui…
Kuroo entend soudainement quelqu’un toquer. Il se relève aussitôt et s’assoit. Il éclaircit sa voix et tente donc.

- Oui ?

- Kuroo… C’est maman, est-ce que tout va bien ? Demande-t-elle d’une petite voix inquiète.

- Je vais… Il revoit toutes les images de sa journée chaotique et sa voix se casse finalement. Il a toujours été proche de sa mère alors ça doit être la même chose dans cette dimension. Maman… Dit-il avec une voix qui se brise. La porte s’ouvre et sa mère fait apparition, un poing à peine fermés sur sa poitrine.

- Kuroo… Qu’est-ce qui se passe ? Elle s’avance en questionnant Kuroo. Kuroo attend qu’elle soit proche pour venir enlacer sa taille et poser son front sur le ventre de sa génitrice.

- Maman… Je veux rentrer… Je ne suis pas à ma place ici… La mère ne comprend pas le sens des paroles de son fils. Rentrer ? Mais il est à la maison.

- Kuroo… Tu es déjà à la maison… Dans ta chambre… Kuroo secoue rapidement la tête.

- Ce n’est pas ma chambre… Ce n’est pas ma maison… Tu n’es pas ma mère… Ce n’est pas ma vie… Ce n’est pas Kenma…

Il amplifie ses pleurs finalement en tremblant et sa mère se sent juste impuissante. Elle ne comprend le sens de ses paroles et de sa réaction. Puis qui est Kenma ? Elle n’en a jamais entendu parler, elle. Elle veut aider son fils, mais se retrouve d’une impuissance totale. Elle caresse délicatement sa tête pour le soutenir comme elle peut jusqu’à que petit à petit, Kuroo ferme les yeux et s’endorme. À ce moment, la mère allonge doucement Kuroo et le place confortablement. Elle embrasse tendrement son front.

- J’espère que ça va s’arranger mon fils…

Elle part ensuite et laisse son fils qui s’autodétruit avec le temps. Un enfant perdu qui ne peut s’apaiser seulement dans son sommeil, car son véritable amour est toujours là. Mais est-ce que cela suffira à Kuroo pour tenir le coup ?