Sentant les battements de mon cœur accélérer considérablement, je fais demi-tour et me met à courir. Je sais qu'il est derrière. Je peux l'entendre s'élancer à ma poursuite. Mon souffle se fait court tandis que je cours pour ma vie. Les ruelles étroites du quartier sont désormais plongées dans la pénombre de la nuit, et il n'y a aucun luminaire ici. Peinant à distinguer où je mets les pieds, je ne prends pas le temps de réfléchir. Je dois courir. Il ne doit pas me rattraper. Après ce que j'ai vu, il me tuerait, c'est certain. Alors que je m'enfonce dans des allées de plus en plus serrées, je me stoppe net.Non, ce n'est pas possible.
Pas un cul-de-sac, pas maintenant.
Je n'ai même pas eu le temps de me retourner pour chercher mon ravisseur du regard qu'une forte poigne me projette contre le mur en face de moi. L'une des mains de l'individu vient se poser contre le mur, au niveau de ma tête, et l'autre vient m'agripper le cou.
C'est terminé, je suis morte.
L'homme me détenant sous son emprise se rapproche de manière à ce que son corps compresse le mien contre le mur froid dans mon dos. Son visage est si proche du mien que je peux sentir son souffle dans mon cou et un frisson me parcourt. Je le vois rapprocher dangereusement ses lèvres de mon oreille et lorsqu'il l'atteint presque, je l'entends chuchoter :
- ELEA ! A TABLE !
Je soupire un grand coup avant de refermer mon bouquin. Revenir en vacances chez mon père à San Diego à des avantages, je peux enfin profiter de ma famille après plusieurs mois sans les voir. Mais niveau tranquillité, ce n'est pas le mieux. Malgré mes vingt-trois ans et les vingt-quatre ans de ma sœur, les choses à la maison sont restées catégoriques. Les repas du midi et du soir se font tous les jours à treize heures et à vingt heures respectivement. Un bref regard sur l'écran de mon téléphone m'indique qu'il est 19h58. Je n'aurais jamais dû entamer ce chapitre maintenant...
Je branche mon portable à son chargeur et descends les marches de la maison familiale pour rejoindre la salle à manger. Cassie est déjà installée et je l'entends raconter sa journée de travail à notre père adoptif.
- Si tu savais comme il me gonfle, ce mec. Une seconde sans être machiste est une seconde de perdue pour lui, se plaint-elle.
- Mais c'est ton patron, alors évite de trop lui chercher des poux, renchérit mon père en fronçant les sourcils.
Je les rejoins discrètement et m'assoie à ma place habituelle, en bout de table. Marc lève la tête et me sourit en me tendant le plat de lasagnes.
- Et toi, Elea ? Comment s'est passée ta première journée à la banque ?
Je me sers des lasagnes avant de reposer le plat encore chaud sur le repose-plat. Cassie relève un regard intéressé vers moi et je soupire.
- Ça a été. Je n'ai fait que répondre au téléphone toute la journée.
- Tu aurais dû prendre un de tes livres pour passer le temps, toi qui ne peut pas t'en passer, ironise ma sœur.
Je lui lance un regard noir accompagné d'un faux sourire et elle glousse. Je commence à manger en écoutant alors ma sœur reprendre son récit. On est vraiment opposées, elle et moi. Cassie est d'une grande sociabilité et sa présence rend toujours l'ambiance plus agréable. Elle aime raconter des choses et s'intéresse aux autres. Quant à moi, je préfère rester discrète. J'ai horreur qu'on me porte de l'attention, je suis mieux dans mon monde.
Quand Marc nous a adopté toutes les deux, j'avais six ans. Je savais à peine lire que je m'enfermais déjà dans mes histoires. A l'époque, Cassie était bien plus différente qu'aujourd'hui. Elle ne parlait pas, et se méfiait de tout le monde. C'était elle qui me trouvait toujours un livre à lire, pour que je me plonge dedans et me déconnecte de ce qu'il se passait dans la réalité. Je ne me rappelle plus très bien ce qu'il pouvait se passer dans l'orphelinat où nous étions, mais je savais très bien que Cassie cherchait à me protéger.
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Le Coup Fatal
RomanceElea et sa sœur Cassie sont de retour dans leur maison familiale à San Diego, chez leur père adoptif. Un soir alors qu'elles rentrent d'une soirée entre amis, elles découvrent que leur père n'est pas seul à les attendre à la maison, et qu'il a des d...