-Ikigai- | Kikesa [TERMINÉ]

Chapitre 27

Nous entrons dans un bar, déjà bien rempli à cette heure. Nous nous installons à une table, et nous nous faisons rapidement servir. D'habitude, c'est moi qui est derrière un comptoir, à servir les boissons des clients. Nous parlons de beaucoup de choses, tellement que je perds le fil de la conversation, et n'y fais plus vraiment attention. En réalité, depuis quelques instants, je regarde Steven, ou plutôt je le détaille. Je n'ai jamais pris le temps de le faire, et c'est loin d'être déplaisant. Plus je le regarde, plus j'ai envie de l'embrasser. Ça parait étrange, mais je veux vraiment essayer quelque chose avec lui, et c'est la première fois que je ressens cela envers un homme depuis la perte de Roméo. J'avoue que ça m'effraie, beaucoup même. Je crois que j'ai développer des sentiments pour lui, enfaite j'en suis sûre, je l'aime. Je sens mon cœur battre la chamade à ce moment précis, et je souris légèrement, toujours en le regardant. Les gars rient, sûrement à une blague de Rémi, puis Steven tourne la tête vers moi. Nous sommes assis côte à côte, son bras est posé sur le dossier de ma chaise. Il me sourit en remarquant que je le regardais déjà.

-Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? Me demande-t-il en caressant sa joue.

-Non non, rien, t'inquiète pas.

Je souris, et prends une gorgée de mon cocktail, en me concentrant de nouveau sur la discussion du groupe. Un peu plus tard dans la soirée, un piste de danse se crée au milieu du bar. Évidemment, Rémi et Vincent y courent presque, avec un verre en main. Nous les regardons, amusés, surtout lorsqu'ils commencent à danser de plus en plus collés l'un à l'autre. Ils sont déjà bien amochés, alors que ça fait que quelques heures que nous sommes ici. Inconsciemment, mon cœur se réchauffe en voyant cette scène. Les leur ont souvent étaient brisés, alors les voir heureux, tous les deux en train de danser avec un énorme sourire aux lèvres, me fait beaucoup de bien. Sylvain pense sûrement la même chose, puisqu'il est en train de les filmer, en riant légèrement, tout aussi souriant. Je continue de boire mon verre, et Sylvain s'éclipse ensuite au toilette. Je me retrouve donc seule avec Steven, qui m'adresse la parole.

-Tu veux danser ?

-Non, je sais vraiment pas danser. Répondis-je en riant légèrement.

-Aller, vient ! On s'en fout de ça, t'as vu Vinc' ?

Il rit en le désignant, en train de danser aux côtés de son amoureux.

-S'il te plaît, vient avec moi, je te laisserai pas seule sur la piste. Et si tu t'amuses pas ou que t'es pas à l'aise, on retourne à la table, ok ? Reprend-t-il, pour me faire changer d'avis.

Je souris tandis qu'il pose sa main sur ma cuisse en attendant ma réponse. Je pose mon verre, puis soupire en acceptant sa proposition. Nous nous levons, Steven a un grand sourire scotché aux lèvres. Nous dansons quelques instants, puis la musique change de rythme. Elle était entraînante et assez forte, elle devient maintenant douce, très calme et apaisante. Rapidement, des couples se forment autour de nous pour danser ce slow. Je remarque Vincent au loin, blotti dans les bras de Rémi, en train de tanguer de gauche à droite. Ce dernier à un sourire protecteur en regardant sa moitié. Ils sont vraiment adorables. Je me retourne pour faire face à Steven, qui s'approche de moi avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. Il prend mes bras qu'ils positionnent autour de sa nuque, puis pose ses mains sur ma taille. Nous commençons à nous balancer en douceur, au rythme de la musique. Nous nous regardons en souriant, et je romps ce lien en le rapprochant encore plus de moi, pour me blottir contre lui. Mon souffle s'échoue dans son cou, sa main caresse mes cheveux, tandis que l'autre est dans mon dos. Une bulle se crée, elle est increvable. J'aimerais que ce moment soit éternel. Lui et moi, rien que tous les deux.

Je ferme la porte à clés, Suzanne vient de partir. Il est au alentour de minuit, peut-être une heure du matin, nous venons de rentrer. Cette soirée m'a fait beaucoup de bien, mais elle m'a quand même épuisée. Je m'affale sur le canapé en soufflant, vite rejointe par Steven. Nous regardons tous les deux droit devant nous, perdus dans nos pensées. Les lampadaires de la ville s'éteignent, nous plongeant dans la pénombre.

- Steven ?

-Mmh.

-On est quoi, tous les deux ?

Je l'entends tourner la tête vers moi, alors je fais de même. C'est alors que nos regards se croisent. C'est dingue à quel point ses yeux sont captivants.

-Je tiens beaucoup à toi, et ça me fait peur. Je veux pas tout foirer, et surtout pas te faire de mal, ni à toi et ni à Roro.

-Tu ne feras rien de tout ça. T'es incroyable, vraiment, n'en doute jamais.

Nous nous sourions, avant de détourner le regard.

-Je pense qu'on devrait essayer quelque chose de sérieux, tous les deux. Dit-il, toujours en regardant devant lui, ce que je fais aussi.

-Moi aussi j'en ai envie. Et j'ai besoin de toi dans ma vie. Depuis des semaines, tout est bien plus simple avec toi, grâce à ce que tu fais, grâce à ta présence. J'ai plus ce poids lourd sur mes épaules, je me sens bien, et Roméo aussi. Il t'aime plus que moi je crois. Finis-je par dire en riant légèrement.

-Ah ouais ? Tu m'aimes ? Dit-il avec un ton ironique, ce qui nous fait tous les deux rire.

-Ouais, je crois ouais. Répondis-je de la même manière.

-Moi aussi.

Nos rires s'atténuent, et nos regards se retrouvent à nouveau. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Nous nous rapprochons lentement l'un de l'autre. Sa main retrouve ma joue, qu'il caresse délicatement avant de la poser entièrement dessus. Sa deuxième main se pose sur ma taille, me rapprochant encore un peu plus de lui. Je pose une main derrière sa nuque, tandis que l'autre s'agrippe à son t-shirt, au niveau de ses côtes. Nos souffles sont rapides, et ses lèvres se rapprochent de plus en plus des miennes. Ils quittent mes yeux du regard pour les poser un peu plus bas sur mon visage.

-Je peux ? Demande-t-il en replongeant ses yeux dans les miens.

-Depuis le temps que j'en ai envie, je serais complètement folle si je refuserais.

Il esquisse un sourire, et je décide de l'embrasser, n'ayant plus aucune patience. Je crois que nous en avions autant envie l'un que l'autre. Notre baiser est d'une douceur extrême, comme si nous étions fait de cristal. Ce baiser ne risque pas d'être le dernier que nous échangeons, loin de là.