-Ikigai- | Kikesa [TERMINÉ]

Chapitre 26

Nous sommes à la gare avec Roméo, le train de Steven ne devrait pas tarder. Un panneau d'affichage annonce un retard sur le train Paris-Nîmes. Super. Je souffle, et m'assois sur un banc avec Roméo. Il balance ses pieds dans le vide, puisqu'il ne touche pas le sol. Je souris en remarquant qu'il regarde autour de lui. Il a l'air tout aussi impatient que moi. Nous parlons un peu pour faire passer le temps. Un quart d'heure plus tard, le train arrive enfin. Nous nous levons, et je prends mon ange par la main. Les portes s'ouvrent et quelques instants après, Steven apparait sur le quai. Il nous repère rapidement, et s'approche de nous, tandis que je lâche la main de Roméo qui court vers lui en souriant. Steven s'arrête et pose sa valise pour s'accroupir et prendre le petit dans ses bras. Il se redresse, puis le porte et le serre contre lui. Je les regarde en souriant, pendant qu'ils se parlent. Ensuite, il le pose sur le sol, et Roméo prend la main libre de Steven, tandis que l'autre tient sa valise. Ils marchent vers moi, et je m'approche aussi d'eux. Steven pose une deuxième fois sa valise, et je le prends dans mes bras. Roméo nous regarde avec ses grands yeux. C'est dingue à quel point Steven m'a manqué. Mes bras entourent son corps, tandis que les siens entourent mes épaules. Mon visage est caché dans le creux de son cou, et sa tête est posée sur mon épaule.

-Je suis contente de te revoir. Glisse-ai-je à son oreille, puis embrasse sa joue avant de me séparer de lui, et de reprendre la petite main de Roméo dans la mienne.

Mais Steven en décide autrement, en plaçant ses mains sur ma taille pour me rapprocher de lui. Il me regarde dans les yeux, en souriant. Bordel, son sourire aussi m'a manqué. Je crois que tout m'a manqué chez lui. Je sens que mes joues ont changé de couleur, et virent au rose, ou peut-être rouge. Le brouhaha des gens dans la gare n'existe plus, nous sommes dans une sorte de bulle. J'y sors rapidement lorsque Roméo me tapote la jambe, pour attirer mon attention.

-Maman ! Mimi, Vincent et Sysy, ils nous attendent à la maison ! Il faut se dépêcher ! Dit-il en me tirant littéralement vers la sortie.

Je me sépare des bras de Steven, qui rit sûrement en voyant ma mine perdue. Nous sortons enfin de la gare, en parlant de ce qu'il aimerait faire pendant cette semaine sur Nîmes. Nous nous installons ensuite dans la voiture, en continuant de discuter pendant le trajet.

-T'es pas trop déçu de dormir chez nous, et pas chez les gars ? Demande-ai-je à Steven à côté de moi, en lui jetant un rapide coup d'œil, puis continue de me concentrer sur la route.

-Bah, disons qu'une colocation avec eux, même une semaine, c'est vite fatiguant. Ils courent tout le temps partout, et sortent le soir dès qu'ils en ont l'occasion. Répond-t-il en riant légèrement.

Je fais de même, il n'a pas tout à fait tord. Ce sont de sacrés fêtards.

-Au moins, avec nous, t'es sûr de passer des soirées assez calmes, et surtout sans alcool.

Nous rions de nouveau, et Steven décide de mettre un peu de musique. Je m'arrête à un feu rouge, et m'assure que le petit gars installé derrière va bien. Je me retourne vers la route, et croise le regard de Steven. Nous nous sourions rapidement. J'attends que le feu passe au vert, c'est vraiment long. Steven pose sa main sur ma cuisse, et la tapote avec son index au rythme de la musique. Je le regarde, il est tourné vers la fenêtre. Je souris inconsciemment, en me retournant vers la route.

-Lila, c'est vert.

-Hein ? Quoi ?

Un klaxon de voiture me sort de mes pensées, et je redémarre enfin, en voyant que le feu tricolore est maintenant vert. Steven rit légèrement, et le trajet se poursuit ainsi, avec de la musique en fond, et sa main toujours au même endroit. Une fois devant l'immeuble, je me gare et nous sortons de la voiture. Nous montons dans l'appartement, et retrouvons le groupe qui nous attendait. Les gars se saluent, et nous nous installons dans le salon. Vincent et Rémi sont dans le fauteuil, tandis que Steven, Roméo et moi sommes dans le canapé. Bizarrement, il manque quelqu'un à l'appel.

-Il est où Sylvain ? Demande-ai-je en prenant Roro sur mes genoux, pour le câliner.

-À ton avis ? Qui habite dans le même immeuble que toi, à l'étage du dessous ? Dit alors Rémi, ironiquement.

Je ris en comprenant qu'il est allé voir Ambre, sûrement rentrée de sa journée de cours.

-Non mais il est vraiment parti voir une fille, alors qu'il savait que j'arrivais ? Demande Steven, amusé.

-Tu connais Don Renardo. Répond Rémi, en faisant référence à leur personnage, et celui-ci est un de Sylvain, qui est assez charmeur.

Nous rions, puis Vincent regarde vers l'entrée.

-En parlant du loup, le voilà.

Nous entendons, après sa phrase, une porte qui claque et des pas qui se dirigent vers le salon.

-Putain, ils sont là ? Je suis arrivé avant eux ? Demande Sylvain aux tourtereaux, essoufflé.

Il tourne ensuite la tête vers nous, et son visage se décompose.

-Et merde.

-On dit "punaise". Le reprend Roméo, toujours dans mes bras.

Nous rions, en approuvant ce que Roro a dit, et en charriant un peu Sylvain. La soirée se passe rapidement, nous mangeons, Roméo passe par la salle de bain, avant d'aller dormir. Steven s'est beaucoup occupé de lui, comme d'habitude. Si quelqu'un d'extérieur à la situation nous verrait tous les trois, il penserait sûrement que nous sommes une vraie petite famille. Steven revient d'ailleurs de la chambre, où il a souhaité une bonne nuit à Roméo. Il s'installe à côte de moi sur le canapé, et place son bras autour de mes épaules.

-Tu devineras jamais comment Roro m'a appelé. Dit-il, un léger sourire aux lèvres.

Nous le regardons en attendant la réponse, qui à l'air de l'amuser.

-Il m'a appelé Papa, et après il s'est corrigé en disant qu'il avait pas fait exprès, et qu'il voulait dire Steven. Il était tout gêné, mais je l'ai rassuré en disant que c'était pas grave. Il est adorable. Finit-t-il par expliquer, en riant légèrement.

Je souris à ce qu'il vient de dire, peut-être que Roméo comprend ce qu'il se passe entre nous deux. En ce moment, il me parle beaucoup de Steven, encore plus qu'au début de leur rencontre. Je repense à la fois où il m'a demandé s'il était mon copain, et que si c'était le cas, il serait très content. Peut-être qu'il a besoin d'une figure paternel. Il me parle aussi de son père, en disant qu'il sera toujours dans son petit cœur, même s'il ne l'a pas connu. Je lui montre souvent les quelques photos qu'il me reste de lui, il aime bien quand je lui raconte d'anciennes anecdotes. Je le trouve très courageux, et surtout très mature sur ce sujet. Il n'a que trois ans, bientôt quatre, mais il comprend que son père biologique a rejoint les étoiles, et il aimerait que Steven devienne son père adoptif, en quelques sortes.

-T'es d'accord Lila ?

-De quoi ?

Je ne sais même pas qui vient de me parler. Les gars me regardent amusés.

-On sort ce soir ? Demande Rémi, en souriant.

-Je vais voir avec Suzanne, mais pourquoi pas. Répondis-je, en prenant mon téléphone pour lui envoyer un message.

Et voilà comment nous nous sommes retrouvés dans les rues de Nîmes en pleine nuit, pendant que Suzanne garde Roméo endormi en notre absence.