15 juillet (@FeuFoLex)

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Sur cette Terre dans cette chambre

Bien attablées à ce bureau

Assise en tailleur les genoux cassés

Je crains


Dehors le monde se remplit de badauds

Écervelés et morts vivants

La route s'allonge vers le fossé

Je crains


Je pense ma planète effondrée

Le renouveau ne se bâtit pas si vite

Et au train où filent nos neurones

Je crains finir dans une cuite


 Je vois notre destinée d'un mauvais œil

 A croire à la croissance infinie

On a élargie notre fondement

De nos élucubrations de société

De mensonges de superficialité

A force de forcer comme des démunis

On va mourir bien vite et bien bêtement


Personne ne tient son regard face à l'incendie

De cyprès de pins de feuillus ou de taudis

Et si loin est la plage je maudis le ciment

Quand je vois les tonnes et les tonnes de sables

Avalés par l'urbanisme déprimant


Allons brûler

Dans l'ombre d'une nuit sans fin

Allons crever Les bras en l'air les genoux pliés

Allons crever

Toustes en cercle les mains dans le fumier


Les plages de plastique ont la cote

En ce moment

Un voyage aux Maldives

Vaut guère mieux qu'un samedi à Auchan

Sur le parking aux poubelles éventrées

J'ai vu un clochard tendre la main

Et un père de famille lui cracher son venin 


Le changement est imperceptible

On crie de toutes parts au complotisme

Les despotes les vrais eux vont gagner

Leur fracas redouble chaque seconde

La Terre s'inonde

De cruauté gratuite...

Avec leurs silencieux massacres


Allons brûler

Dans l'ombre d'une nuit sans fin

Allons crever

Les bras en l'air les genoux pliés

Allons crever

Toustes en cercle les mains dans le fumier 


Les clapotis de l'acide

Tout doucement bien tranquilles

S'écoulent sur nos doigts bien élevés

Remplissent nos caves nos rues

Nos greniers

De son liquide malvenu


C'est qu'il sort de la télé

Et aucuns ne va l'arrêter

Par manque de solutions

On piétine les libertés

Par manque de réflexion

Bien assez tôt on s'est condamnés


 Allons brûler

Dans l'ombre d'une nuit sans fin

Allons crever Les bras en l'air les genoux pliés

Allons crever

Toustes en cercle les mains dans le fumier


Quelle est éphémère la réflexion

Quelle est insoutenable la rébellion

Comme elle est belle notre mort prochaine

Si douce derrières nos œillères et nos persiennes


Allons danser sous la bière

Une dernière fois

Avant de briser mes chaînes

Un matin j'ai fait un choix

Celui de vivre pour mes rêves

Profiter de chaque instant

Et même si je déprime en ce moment

Moi je sais

Je vivrai suffisamment.


Les nuées de l'aube par La Plume des ColombesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant