Born To Die First

Prologue

POINT DE VUE MAIA

SEPTEMBRE 2019 – France

Born to Die First. La mort est imprévisible, un spectre masqué qui frappe sans prévenir comme une rafale de vent qui éteint une flamme. Nous vivons en croyant avoir le contrôle, mais la vérité, c'est que la vie ne tient qu'à un fil, fragile et éphémère. C'est l'énigme ultime, le mystère que nous portons tous en nous sans jamais pouvoir le résoudre. La mort est l'homme masqué qu'on ne peut pas trouver.

Les étoiles brillent au-dessus du jardin, illuminé de mille feux. Assise sur ce banc, je retire mes chaussures, laissant mes pieds nus s'enfoncer dans le sable fin. Mes cheveux bruns flottent doucement dans la brise nocturne. Je n'aime pas cette couleur ; elle me rend terne et triste. Mais Ellyne, elle, disait toujours que le brun faisait ressortir mes yeux bleus. Elle avait cette façon de voir le beau là où moi je ne voyais que l'ordinaire.

Le regard perdu dans le vide, je replonge dans mes pensées. La vie ne tient qu'à un fil. À tout moment, tout peut s'écrouler. Si seulement j'avais une boule de cristal pour voir l'avenir, je pourrais anticiper, éviter le pire. Mais où serait l'intérêt ? Peut-être que l'incertitude est ce qui donne à la vie sa saveur. Ou peut-être que c'est elle qui m'effraie le plus.

Je sors mon téléphone, insère mes écouteurs, et laisse défiler ma playlist jusqu'à ce qu'une mélodie familière vienne apaiser ce combat intérieur que je mène. Les premières notes m'enveloppent, et je commence à fredonner, presque sans m'en rendre compte. Ma voix, à peine un murmure, s'élève dans le silence nocturne :

Je suis née pour mourir.
J'ai compris cela assez tôt.
On se croit tous spéciaux, jusqu'à ce que notre vie s'achève.

La musique m'apaise. Certains aiment les mots, d'autres les mathématiques. Moi, je vis à travers les mélodies. Chaque note me donne l'impression de voler, de vibrer. Avec mes écouteurs dans les oreilles, le monde s'efface. La véritable musique est le silence, et toutes les notes n'en sont que des encadrements.

Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas l'ombre qui s'approche.

— Bouh !!!

Mon cœur rate un battement. Je sursaute violemment, mes yeux s'écarquillent alors que je me retourne d'un bond. Face à moi, Ellyne éclate de rire, sa voix cristalline résonnant dans la nuit. Elle tient un verre de Starbucks à la main, le liquide doré reflétant la lumière des lampadaires.

— Sérieusement, May, tu es toujours aussi nerveuse ? T'es trop prévisible ! dit-elle en se tenant les côtes.

Je lui lance un regard faussement furieux, mais une esquisse de sourire me trahit. Je tends la main, attrape le verre qu'elle me tend et renifle le contenu. Une odeur sucrée et fruitée m'envahit, et mon cœur s'emballe aussitôt.

— Tu t'en souviens, hein ? murmurai-je, presque inaudible, en la regardant.

Elle hoche la tête, incapable de retenir un sourire. Depuis que nous avons obtenu notre diplôme en juin, Ellyne et moi avons parcouru l'Europe ensemble : Allemagne, Italie, Danemark, Espagne... Chaque ville était une nouvelle aventure, un nouveau souvenir à collectionner. Paris est notre dernière étape. Demain, c'est le retour aux États-Unis et le début de nos études universitaires. Mais ce soir, la ville lumière est à nous.

Elle tend sa main vers moi, ses yeux brillants dans la lumière tamisée des lampadaires.

— Peu importe ce qui arrive dans la vie, peu importe les épreuves, mes mains seront toujours tendues vers toi pour t'aider à te relever. Je serai toujours là pour toi, May. Je te promets que mes mains seront toujours tendues pour te relever. Je m'en fiche de ce que pensent les autres ; moi, je suis fière de toi. J'en suis même certaine : tu vas accomplir des choses incroyables.