prologue

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Cloc.


Voilà le bruit qu'avait fait sa mâchoire inférieure quand cet homme l'avait brusquement cogné contre la rambarde en acier de l'escalier, ses doigts s'enfonçant douloureusement dans la peau de sa joue glissante à cause du mélange de sang, de larmes et de salive.

Ce bruit était la seule chose qu'il parvenait à percevoir à cet instant, même les cris de terreur de la fille derrière eux ne lui parvenaient plus ; seul ce bruit sourd de l'os se délogeant de son articulation et se brisant lui résonnait dans la tête, ce sinistre et profond cloc.

Ses mains s'accrochaient désespérément aux poignets et aux avant-bras de l'homme qui l'empoignait par le cou et la mâchoire, ses ongles griffant son assaillant dans le but de le faire lâcher, de lui permettre de respirer de nouveau.

Il avait simplement voulu venir en aide à cette femme qui avait hurlé à son compagnon de la laisser, il voulait seulement aider quelqu'un qui semblait en avoir besoin. Mais l'homme n'avait pas apprécié et avait cherché à le faire fuir, puis quand Jisung avait refusé, l'homme l'avait frappé, encore et encore.

Et maintenant Jisung ne parvenait plus à respirer, un sanglot étouffé lui échappa lorsque l'homme comprima un peu plus sa trachée, ses doigts s'enfonçant toujours plus douloureusement dans sa peau et le faisant toujours un peu plus paniquer.

Les bruits du monde étaient étouffés, incertains, alors qu'il pouvait entendre son sang pulser dans ses veines, son cœur battre dans ses tempes et que sa respiration se faisait toujours plus difficile, plus rare. Ses doigts griffaient toujours l'homme et la femme criait toujours. La main autour de son cou appuyait encore plus fort et la douleur dans sa mâchoire prenait soudainement vie, se faisant soudainement vive tel un raz-de-marée. Jisung paniquait à cause de la douleur et parce que leurs corps se balançaient dangereusement d'avant en arrière, se rapprochant toujours plus des marches derrière eux.

Et, brusquement, l'homme le lâcha, le jetant dans les escaliers, et la douleur le submergea.

Il avait tenté de crier ; sa bouche s'était étrangement ouverte, sa mâchoire avait de nouveau fait ce bruit étrange, ce « cloc » glauque alors que l'air peinait à se frayer un chemin jusqu'à ses poumons, sa trachée semblait s'embraser à chaque fois que l'air essayait de passer. Il avait essayé de crier, de s'accrocher à la rambarde, mais sa main avait glissé, son poignet tapant brutalement contre l'une des marches, envoyant une nouvelle vague de douleur dans son corps. Lorsqu'il avait atterri au sol, son dos tapant lourdement contre ce dernier, seule un gargouillis étouffée lui avait échappé alors que la douleur était insoutenable. Les cris de la femme et les grognements de l'homme lui paraissaient lointains, le bruit de leurs pas dévalant les marches couvrait les gémissements étranges qui lui échappaient.

Jisung n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé, il ne savait pas s'il était resté des heures ou bien quelques minutes à agoniser par terre. Il n'avait aucune idée du temps qu'avait mis la lourde porte en métal à s'ouvrir, combien de temps étant passé avant que la voix paniquée de Changbin ne se fasse entendre, son prénom échappant au plus vieux. Il se souvenait seulement du goût métallique du sang dans sa bouche et la sensation de sa mâchoire qui n'était plus à sa place.

Il se demandait combien de temps était passé avant que des pas précipités ne dévalent les marches, qu'il parvienne à entendre le cri de surprise de Hyunjin ainsi que le halètement étrange de Changbin lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur, et un nouveau gémissement lui échappa lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule.


« Appelle les pompiers.

— Hyung

— Hyunjin, appelle les pompiers ! »


Et il y a de nouveau les cris, la panique et la douleur.

Un nouveau sanglot échappa à Jisung alors qu'il pouvait vaguement entendre ce que disait Hyunjin, ou bien encore les paroles paniquées de Changbin, les sons se faisant de plus en plus étouffés, lointains, alors que la douleur prenait le dessus, toujours plus.


« Jisung, faut pas que tu t'endormes, essaye de rester avec moi, Ji, s'il te plaît, reste avec moi. »


Mais c'est le noir qui gagna en l'enveloppant, la douleur ayant pris le dessus.




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du coup premier chapitre
dimanche <3

(le) silence de tes crisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant