(le) silence de tes cris

quatre

Ils avaient passé la nuit ensemble, Changbin lui ayant proposé lorsqu'il était revenu de son inspection du salon. Jisung avait distraitement hoché la tête, son regard toujours un peu inquiet rivé sur le couloir vide. Le brun l'avait laissé s'installer dans son lit le temps d'aller chercher le traitement du plus jeune et de quoi manger, et lorsqu'il était revenu, Jisung était assis sous les couvertures, ses doigts jouant distraitement avec la couette, son regard maintenant porté sur la fenêtre. Changbin avait donc posé les médicaments et le bol de soupe sur la table de chevet du côté de Jisung avant de prendre son ordinateur.

Leur soirée avait été calme. Jisung avait fini par s'endormir à côté du brun, un film de super héros quelconque jouant toujours sur l'ordinateur et Changbin mangeait tranquillement devant ce dernier, jetant de temps à autre des regards sur le corps endormi à ses côtés pour s'assurer que tout aille bien. Et lorsque le plus vieux avait éteint les lumières, il avait glissé une de ses mains dans celle du plus jeune, juste pour s'assurer que tout aille bien, qu'il aille bien.

Jisung s'était réveillé tard, la lumière du soleil passait entre l'interstice des volets mal fermés et la place à ses côtés était froide, le drap maladroitement remis. Un grognement de douleur lui avait échappé en sentant sa joue gauche lui lancer, preuve qu'il s'était tourné dans son sommeil, et la douleur ne tarderait pas à venir, comme chaque matin. Alors il se força à sortir du lit, délaissant la chaleur des draps pour aller vers la cuisine, là où se trouvait sa boite d'antidouleur. Un frisson le parcourut lorsqu'il arriva dans le couloir, le poussant à retourner dans la chambre pour emprunter une veste à son colocataire. Colocataire qui était dans la cuisine, un bol de céréales devant lui et son téléphone posé sur la table, une vidéo se jouant sur l'écran. Quand Changbin sentit sa présence, un sourire prit place sur son visage.

« Salut, bien dormi ? Jisung leva un pouce. Il doit y avoir un reste de compote qui traîne dans le frigo, si tu veux. »

Le blond avait hoché la tête tout en se servant de l'eau avant de préparer son mélange d'eau et d'antidouleur dans une seringue lorsque Changbin reprit :

« Au fait... J'ai demandé aux garçons de passer la journée quand je suis pas là, histoire que tu ne sois pas trop seul ? tenta-t-il. Tu peux toujours refuser, mais Minho-hyung a déjà prévu de passer pour te ramener de quoi manger. »

Jisung le regardait, son regard posé sur les épaules du brun, l'écoutant attentivement, et lorsqu'il eut terminé, il attendait qu'il se retourne. Mais Changbin ne bougeait pas. Alors pour capter son attention, le garçon attrapa son verre pour le reposer sur le plan de travail, un peu plus fort qu'à son habitude, et le brun avait réagi : son regard curieux s'était posé sur lui, et Jisung avait souri. Pas ce grand sourire auquel Changbin était habitué depuis de nombreuses années, mais quelque chose de plus timide, de plus fragile, mais tout aussi sincère. Et Changbin lui répondit avec un sourire tout aussi vrai, ses lèvres pleines s'étirant doucement avant qu'il ne se retourne, se concentrant de nouveau sur sa vidéo.

Pendant quelques jours, Jisung ne s'était presque pas retrouvé seul. Chan, Minho et Hyunjin semblaient avoir trouvé un roulement entre eux pour venir le voir et lui tenir compagnie, Felix passait lorsqu'il le pouvait - ou lorsque son emploi du temps lui permettait -, et Seungmin et Jeongin comblaient leur absence par divers messages envoyés sur leur conversation groupée, s'assurant que Jisung aille bien. Ce dernier appréciait le fait de se sentir occupé, que cela soit en aidant Minho à cuisiner pour palier à leur manque de talent dans ce domaine-là (mais surtout parce qu'il ne faisait pas confiance Changbin, ce garçon se nourrissait exclusivement de riz et de poulet, si ce n'est pas ses affreuses boissons protéinées), ou Chan pour regarder quelque chose à la télé, s'occuper simplement, ou bien même Hyunjin qui ne cessait de lui parler de tout et de rien, constamment, et il semblait n'en avoir rien à faire du silence de son vis-à-vis.