Chapitre VI : Murmures

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Je suis allongée sur les draps, dans le mauvais sens. Je fixe la plafond et les étoiles collées dessus, perdue dans mes pensées.

C'est de ma faute tout ça. Mes rêves, ne sont que des rêves. Je prolifère les propos des démons, j'essaye d'assombrir le monde, d'aider Eden dans son objectif de détruire l'humanité. Ces bleus sur mon corps, ces os abîmés, tout ça est mérité. J'espère simplement que tout va s'arranger, que je suis guéris, que la purification à marché. Si ça peut m'empêcher de faire du mal au monde, alors tout les coups ou taches de la couleur du ciels sont justifiées, d'autant plus si c'est Père Axel qui l'a demandé.

Il me faut sûrement une bonne heure avant de réussir à me relever de mon lit, du aux ecchymoses et à la douleur que je ressens. Elle traverse tout mon corps, comme un courant électrique, me faisant me mordre l'intérieur de la joue pour ne pas crier. Après quelques efforts, j'attrape la trousse de secours et retire mes vêtements, gardant que le strict nécessaire, ceux qui ne couvrent pas mes blessures. Le mécanisme se met en place, j'ai l'habitude de soigner les autres enfants, la seule chose qui change aujourd'hui, c'est que c'est moi celle qui doit être soignée. Mais bon, soyons honnête, à ce stade rien ne sera vraiment utile, et ce n'est pas comme si nous avions beaucoup de chose à mettre dessus. Je prends alors une pommade à base de plante, faite par des sœurs herboristes. Nous ne prenons pas de médicament du monde nous, nous ne voulons pas être contaminé par ces mélanges remplis de toxine en tout genre qui veulent nous rendre malade et nous pousser dans une dépendance quelconque.

- Clémentine ? Je suis juste là, regarde.

Je sursaute et fait tomber le flacon qui, par chance, ne se brise pas. Cette voix féminine, je ne la connais pas, et le pire c'est qu'en me retournant, il n'y a personne. Je souffle doucement, essayant de me convaincre que j'hallucinais à cause de la purification.

- Ne m'ignore pas! Je suis là !

Cette fois j'en suis sure, je n'hallucines pas. Je fixe le mur d'où venait cette voix, perdue. Lâchant toute occupation, je me lève à moitié dénudée et avance, lentement, vers ce mur.

- C'est bien, je suis là, juste là, regarde bien !

Plus je me rapproche du mur, plus celle voix est forte, comme un murmure qui prend peu à peu confiance en son secret, un secret qu'elle veut me partager, un secret que je veux savoir. Je colle mon oreille au mur et me concentre.

- Regarde mieux Clémentine, je suis là !

- Eden ?

Ça parait fou, mais à cet instant précis, je ne connais aucune autre voix féminine que celle de la bâtarde, Eden, qui doit être notre future reine. Pourquoi me parle-t-elle? A moi ? Et où est-elle?Où est ce là ?

- Clémentine on a pas le temps, j'ai besoin de ton aide! Je suis juste

- Mon enfant ?

Je fais volte face et retrouve sœur Barbara dans l'encadrement de ma porte. Je suis en sous-vêtement, oreille contre un mur, je n'arrange pas mon cas là. Je rougis d'un coup et bégaye et essaye à tout allure de trouver quelque chose à dire. Seigneur Axel, faite que j'arrive à me justifier...

- Clémentine... Tu es si blessée.

Elle entre, sans poser plus de question. J'en profite pour soupirer de soulagement, alors qu'elle observe les taches sur mon corps. Je ne pensais pas qu'elle s'inquièterait pour moi, surtout que il n'y a aucune raison de s'inquiéter pour moi. C'est normal ces taches, ces bleus, c'est pour me purifier.

- Tu as mis quelque chose ?

- Oui oui, j'ai mis la pommade prévu à cet effet, comme je l'avais fait sur les plus jeunes.

- Bon, c'est au moins ça... Oh je suis tellement désolée pour tout ça Clémentine.

Je penche la tête, perdue, avant de lui sourire doucement en posant ma main sur son bras.

- Tout va bien, ce n'est pas de votre faute sœur Barbara. C'est normal, tout ça. J'étais possédée par l'obscurité, par le mal et la douleur, mais me voilà, je vais mieux, je suis purifiée.

Soeur Barbara m'observe avec un regard que je ne lui connais pas, quelque chose d'étrange, dont je n'ai pas l'habitude. Elle n'est pas d'accord avec moi, elle semble dubitative, méfiante et en désaccord avec cette règle. Elle devrait l'être, ce sont les règles de père Axel.

Elle me prend dans ses bras avec douceur, comme une mère. Je pense que c'est comme ça que je la vois, une mère. Elle est arrivée ici vers mes 7 ou 8 ans, et n'a en rien changé. Depuis le début, elle est douce, attentionnée et à l'écoute. C'est le seul rôle maternel que j'ai eu, en grandissant, et je ne pense pas que j'avais besoin d'autre chose comme figure familiale. Elle comme mère, et le grand Axel en père. Je la serre contre moi doucement en retour, avant qu'elle me lâche quelques instant après.

- J'ai tout de même une bonne nouvelle pour toi, Clémentine.

- Ah oui ?

- Notre directrice a considéré que, maintenant guéris, tu pourrais accéder à de nouvelles tâche afin d'exercer un peu plus le rôle de sœur. Ce n'est pas très croustillant, beaucoup de papiers et de rangement, mais ça reste une partie importante du rôle de sœur : prendre soin de l'établissement.

Je souris, ça me plaît. Je m'en fiche un peu, que ce ne soit que du rangement, tant que ça m'approche un peu plus de mon grand et puissant seigneur Axel, tout est bon. J'hoche la tête, m'imaginant déjà dans les archives à trier tout les dossiers et papiers, à aider à nettoyer toutes les salles, continuer à guider un peu plus tout les enfants vers le chemin d'Axel.

- Ça me plaît, j'ai hâte de commencer. D'ailleurs, je commence quand ?

- Pas tout de suite Clémentine, je veux que tu te reposes avant. Demain, ça t'irait ?

- Bien sur ! Je me reposerais bien alors.

- Alors à plus tard mon enfant.

Elle me sourit et partit. Je me retrouvais à nouveau seule dans ma chambre qui était cette fois silencieuse, les murmures s'étant arrêtés. Je me demande qui c'était, ces voix. Etait-ce Eden ? Si c'est le cas, pourquoi moi ? Et surtout, si ce n'était pas elle ? Je me demande si la purification a vraiment marché, si tout est réglé... Je ne sais même pas si je peux en reparler. J'essayerais de trouver Charlie... En attendant, je vais me reposer, comme promis.

Je mets ma chemise de nuit, afin d'être plus à l'aise, puis me pose doucement dans mes draps. J'espère que je ne rêverais pas.

The lost childOù les histoires vivent. Découvrez maintenant