Chapitre 12

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À la suggestion de Drago, Harry hoqueta et recula d'un pas, visiblement perdu. Il secoua la tête, et fronça les sourcils, perplexe.
— Quoi ?
Drago leva un sourcil moqueur sans lâcher Harry, le fixant avec une intensité rarement égalée.
— Tu as dit que tu détestais ton travail. Tu me l'as répété plusieurs fois. Tu as passé un après-midi où tu semblais... vivant, et pas ce zombie que j'ai rencontré sur le chemin de Traverse. Et il suffit que tu parles du Ministère pour perdre ton sourire et pour que tu prennes une tête désespérée. Cesse de t'infliger ça, Potter. Démissionne. Tu es riche, non ? Tu es majeur, tu es libre. Profites-en. Profite de la vie pour une fois !

Harry ouvrit la bouche puis la referma. Finalement, il soupira et baissa la tête.
— Je ne peux pas. Je... Je ne vais pas rester à ne rien faire ! Je...

Drago lâcha son poignet pour poser la main sur son épaule.
— Ne sois pas stupide. Je ne te dis pas de devenir oisif ! Mais tu as clairement besoin d'un peu de temps pour trouver ce que tu veux faire de ta vie. Ne reste pas dans un endroit qui te tue à petit feu ! Bon sang, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour tes enfants ! Ils ont besoin de voir leur père heureux. Épanoui ! Crois-tu qu'ils ne sentent pas ton mal-être ?

Harry tressaillit et il dévisagea Drago comme pour s'assurer que ce n'était pas une monstrueuse plaisanterie. Puis il soupira, vaincu, mais il changea de sujet sans répondre. Bien que tenté de l'interrompre pour l'obliger à prendre une décision salvatrice, Drago le laissa faire, le fixant juste avec attention, plus inquiet qu'il ne voulait l'admettre pour ce diable de Gryffondor plongé dans son malheur alors qu'il méritait le mieux.

— Merci pour ton accueil, Malefoy. J'espère qu'on ne tardera pas à se revoir... Vraiment. Je... C'était agréable de discuter avec toi.

Drago hocha la tête, avec un demi-sourire.
— Tu sais où j'habite. Je travaille ici, alors tu peux passer n'importe quand. Que ce soit pour les enfants ou seul, juste pour discuter... Je serais là.


Harry sursauta légèrement, surpris, face à l'invitation claire. Malefoy lui proposait son aide, sans détours. Voyant son air d'incompréhension, Drago renifla avec un petit rictus moqueur.
— Ne sois pas buté, stupide Gryffondor. Tu as toi-même admis que tu n'étais pas au meilleur de ta forme. Si tu as besoin d'une oreille amicale ou même d'un peu d'aide, tu as juste à venir. La journée, Scorpius est avec un précepteur et j'imagine que tes enfants vont à l'école ?

Harry hocha la tête lentement, puis chuchota, d'une voix mal assurée.
— Pourquoi ?
Drago lui sourit tranquillement.
— Je te dois beaucoup. Bien plus que ce que tu penses. Et avant que tu imagines que c'est uniquement une histoire de dette, sache que je ne me sens pas du tout contraint. C'était agréable de parler avec toi. On n'était peut-être pas amis à Poudlard, mais ça ne change rien au fait que... j'ai passé une bonne journée. Grâce à toi.

Harry rougit légèrement, tout en souriant de satisfaction. Il hocha la tête et attira spontanément Drago dans une étreinte brève, essayant de lui montrer à quel point il lui était reconnaissant.
C'est le cœur bien plus léger qu'à son arrivée qu'il appela ses enfants, tout en leur promettant sans la moindre hésitation qu'ils reviendraient rapidement, échangeant un regard complice avec Drago. Il fut surpris quand Scorpius se jeta dans ses bras avec un large sourire pour un câlin spontané. Lily Luna et Albus Severus firent de même avec Drago, la fillette claquant un baiser affectueux sur la joue de l'ancien Serpentard.
Les enfants de Harry invitèrent Drago chez eux en jetant un petit regard en coin malicieux en direction de leur père. Celui-ci cependant souriait tranquillement, approuvant sans le moindre complexe l'invitation.

En partant, Harry pensa qu'il ne s'était probablement jamais senti aussi bien. En tout cas, pas depuis Poudlard. Le début de sa vie d'adulte avait été un désastre qu'il avait laissé se produire, incapable de sortir la tête de l'eau, se laissant aller et submerger par son passé douloureux.

Alors qu'ils se rendaient au bout de la rue, dans un renfoncement tranquille pour transplaner, il écouta ses enfants vanter les mérites de Scorpius en sautillant, joyeux et visiblement surexcités. Albus Severus jura qu'ils seraient les meilleurs amis du monde lorsqu'ils iraient à Poudlard, avec une certitude tranquille qui serra le cœur de Harry. Il pensa brièvement que les Potter trouvaient toujours leur meilleur ami à la première rencontre... James et Sirius, lui et Ron. Et maintenant Albus Severus et Scorpius.

Quelque chose se pinça dans la poitrine de Harry alors qu'il les imaginait tous les deux dans le Poudlard express, le blond et le brun serrés l'un contre l'autre, et il enlaça ses enfants un peu plus fort que nécessaire avant de transplaner pour leur maison.

Sa propre maison, son refuge, lui parut presque froide alors qu'il préparait le dîner et envoyait les enfants se doucher et se mettre en pyjama. Il n'avait jamais réalisé à quel point il se sentait seul, jusqu'à ce que Drago perce sa carapace. Il vivait comme un reclus, ne voyant jamais personne, incapable d'accorder sa confiance comme autrefois.

Harry sursauta, interrompu dans ses pensées sombres, se brûlant presque en remuant le plat lorsque Albus Severus arriva doucement derrière lui et lui parla d'une voix douce.
— Papa ? Drago et toi vous étiez copains aussi, à Poudlard ?

Harry cligna des yeux, submergé de souvenirs puissants et brillants de Poudlard. Il sourit en se remémorant leurs affrontements et secoua la tête, amusé.
— Pas du tout. On se battait tout le temps.

Albus Severus écarquilla les yeux et sembla légèrement inquiet.
— Mais maintenant si, hein ? Vous êtes copains ?

Cette fois, il n'hésita pas et lui ébouriffa les cheveux — aussi désordonnés que les siens — avec un large sourire rassurant.
— Bien sûr, mon grand. Quoi que tu puisses entendre à son sujet, il est quelqu'un de bien. Avant, ce n'était que des disputes d'enfant. Rien de plus.

Le petit garçon fronça les sourcils, en pleine réflexion, mais il ne posa pas plus de questions, se collant juste contre Harry pour un câlin avec un soupir d'aise. Après un long moment, il leva la tête vers son père, légèrement inquiet.
— On y retournera vraiment, hein ?
— Bien sûr ! Je l'ai promis, non ?


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