Chapitre 21

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Allongé dans le lit de Harry Potter, portant les vêtements de Harry Potter, Drago somnolait.

Potter le connaissait assez pour lire en lui. Il ne se sentait plus obligé de faire semblant ou de mentir.

Drago entendait son fils rire doucement dans la pièce d'à côté, avec les deux enfants de Potter. C'était une des choses qu'il devait au Sauveur, également. Le rire de Scorpius était trop rare. Il était un enfant solitaire, bien trop calme et trop sérieux pour son âge... Et voilà qu'il se trouvait des amis au premier regard, et qu'il s'attachait immédiatement à eux, sortant de sa coquille.

Il soupira et tendit l'oreille malgré lui, écoutant le bruit des casseroles venant de plus loin, alors que Harry cuisinait pour eux. Pour lui.


Drago ouvrit les yeux brusquement en sursautant, alors qu'il prenait conscience qu'il ne s'était jamais senti autant en sécurité depuis longtemps. Depuis le retour de Voldemort en fait.
Sa propre maison était trop silencieuse, comme si Scorpius et lui prenaient garde à faire le moins de bruit possible. Ici, c'était différent. C'était vivant. Il y avait des rires, de l'animation. Chaque son ne résonnait pas lugubrement.


La porte de la chambre grinça doucement et il tourna la tête. Scorpius se glissa dans la pièce et avança doucement, presque timidement. Drago lui sourit, l'encourageant à le rejoindre. Il nota la présence de ses deux petits complices derrière lui, mais les enfants de Harry restèrent hors de la chambre, à la porte, pour leur offrir un peu d'intimité.
Son fils se précipita vers lui puis il se blottit contre lui sans un mot et Drago lui passa la main dans les cheveux, avec douceur. Finalement, le petit garçon prit une grande inspiration tremblante, encore inquiet.
— Papa ? Est-ce qu'on va devoir retourner chez nous ?

Drago eut une hésitation, fronçant les sourcils. Il n'était pas sûr de comprendre ce que voulait dire son fils.
— Comment ça ?
Il y eut un long silence, puis Scorpius chuchota.
— Les méchants peuvent revenir n'importe quand chez nous.

Drago le serra un peu plus contre lui, et déposa un baiser sur son front. Il soupira.
— Pour l'instant, Harry a proposé que nous restions ici le temps de réfléchir à une solution. Est-ce que ça te rassurerait ?

Scorpius hocha la tête, mais il insista, les sourcils froncés.
— Et après ?
L'homme soupira et secoua la tête.
— Scorpius, on ne peut pas envahir Po... Harry de cette façon. C'est sa maison, pas la nôtre. On trouvera une solution, d'accord ? Ne t'en fais pas, on fera en sorte d'être en sécurité. Je te le promets.

Son fils renifla et haussa les épaules sans répondre. Après un long moment, il s'écarta, la mine boudeuse.
— N'empêche, ici je ne m'ennuie pas comme à la maison.

Il détala comme une flèche et Drago roula sur le dos, avec un grognement agacé. Bien qu'il soit habituellement un enfant calme et docile, Scorpius avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir après l'attaque à laquelle il avait assisté.
Drago se frotta les yeux en se demandant finalement si l'exil à l'étranger ne serait pas le mieux pour la sécurité de son fils — et sa propre survie. Il avait toujours pensé qu'il serait capable de supporter les insultes, le mépris et les agressions, cependant il découvrait qu'il pouvait l'accepter tant que son fils n'était pas touché.


Il se perdit dans de sombres pensées et sursauta lorsque la porte s'ouvrit de nouveau. Il tourna la tête et découvrit que c'était Potter cette fois.
Ce dernier avança sans un mot jusqu'au lit et se laissa tomber sur le matelas à côté de lui avec un soupir, s'allongeant près de Drago.
— Comment tu vas ?

Drago renifla et réprima une grimace.
— Comme quelqu'un qui s'est battu avec un dragon...

Le brun ricana, mais n'insista pas, attendant juste. Ils étaient côte à côte, ne se touchant même pas et pourtant Drago appréciait sa présence rassurante.
Finalement, il soupira. C'était la première fois qu'ils étaient si proches et pourtant ça semblait terriblement familier. Presque naturel.
— Scorpius semble vouloir rester chez toi.
Harry laissa passer quelques secondes avant de murmurer.
— Il a eu très peur. Tu peux rester autant de temps que tu veux, Malefoy. Toi et ton fils êtes les bienvenus. J'ai préparé la chambre d'amis pour toi pendant que tu te reposais un peu et Scorpius peut dormir dans la chambre d'Albus, il y a largement la place. De toute façon, ça risque d'être compliqué de les séparer ces deux-là...

Drago secoua la tête, essayant de cacher à quel point l'invitation spontanée le touchait.
— La peur n'est pas sa principale raison. Apparemment, ce petit démon s'ennuie trop chez nous...

Harry gloussa spontanément et réagit aussitôt en tournant la tête vers lui.
— Tu ne t'es jamais ennuyé quand tu étais petit ? Après tout, tu étais fils unique toi aussi...

Drago se tendit, en repensant à son enfance. Il n'avait jamais eu le droit de se plaindre de l'ennui. D'ailleurs, il devait se comporter parfaitement, d'aussi loin qu'il se souvienne. Pas ou peu de tendresse, sans compter la canne redoutable de son père qui s'abattait sur lui au moindre faux pas. Il frissonna et essaya de chasser ces souvenirs sombres, en se répétant que tout ça était loin désormais. Qu'il n'était pas son père et qu'il ne serait jamais comme lui.

Harry lui attrapa la main, la serrant jusqu'à réussir à le sortir de ses souvenirs du passé. Presque machinalement, Drago enlaça leurs doigts et murmura, lentement, en caressant du pouce le dos de la main de Harry.
— Je ne me suis jamais rendu compte que Scorpius vivait si mal notre isolement. Je pensais qu'il avait tout ce dont il avait besoin.
Harry répondit sur le même ton.
— Et moi je n'avais pas pris conscience que mes enfants souffraient de... mon comportement. De ma dépression.

Cette fois, Harry n'eut aucun mal à admettre qu'il avait été au bord du précipice pendant des années. Une fois qu'il en avait pris conscience, il ne pouvait plus nier l'évidence.

Après un temps de silence, Harry soupira, sans bouger.
— Je devrais aller chercher les enfants, le repas est prêt.
Quelque chose s'agita dans le ventre de Drago en prenant conscience que Harry ne bougeait pas et qu'il gardait sa main contre la sienne, répugnant visiblement à s'écarter de lui.

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