Guérir ensemble

Chapitre 24

Cette fois, Drago s'écarta pour pouvoir le fixer dans les yeux, gardant les mains sur ses épaules.
— Tu es libre.
Harry eut un sourire étrange en le dévisageant, les yeux brillants. Puis, l'instant passa et il hocha la tête gravement, avec un léger sourire malicieux, comme si tous ses soucis s'étaient envolés.
— Tu as raison.

Il sembla empli d'une nouvelle détermination et il serra Drago contre lui une nouvelle fois. Il lui glissa un « merci » chuchoté à l'oreille avant de déposer un léger baiser sur sa joue.
Drago resta sur place et le regarda partir, incrédule, essayant de comprendre comment fonctionnait Harry Potter.

Harry passa le reste de la journée à écrire des lettres, le front plissé par la détermination. Il termina dans la soirée avec un claquement de langue satisfait. Il sourit à Drago et l'invita à venir cuisiner le dîner avec lui.
Ils avaient découvert qu'ils appréciaient cuisiner ensemble et en profitaient chaque jour. C'était un moment de complicité agréable, pendant lequel ils n'avaient pas forcément besoin de parler, travaillant juste ensemble comme s'ils avaient toujours fait ça.

Une fois les enfants couchés, Harry avait demandé l'aide de Drago avec un sourire malicieux. Puis, il lui avait proposé d'agrandir magiquement la maison, en ajoutant une annexe pour qu'il puisse y installer un laboratoire pour brasser ses potions.
Drago avait semblé perturbé, mais il avait suivi Harry et l'avait aidé. Ensuite, ils avaient été chez Drago et ils avaient récupéré quelques affaires et ses ingrédients de potions.

Si la porte n'avait pas été forcée de nouveau depuis que Harry l'avait réparée le jour de son agression, l'extérieur avait été vandalisé, prouvant qu'il n'aurait plus un instant de paix à cet endroit.
Harry l'avait aidé à récupérer un maximum de choses et il prit le soin de renforcer les sorts de protection sur la maison, pour que personne ne puisse y entrer.

*

Lorsqu'ils étaient revenus chez Harry, Drago était particulièrement perturbé. Il s'était isolé dans sa chambre et avait sorti une bouteille de whisky de son sac. Il avait ressenti le besoin d'oublier, au moins pour un moment, et il commença à boire méthodiquement, les yeux dans le vague.

Il avait eu l'illusion que les choses avaient changé dans le monde magique ces dernières années. Il avait cru que ses erreurs avaient été pardonnées et il s'estimait heureux d'avoir pu traverser tout ça sans flancher. Après tout, il avait un fils merveilleux qu'il aimait de tout son cœur et son travail lui plaisait. Il avait atteint le bonheur malgré ses erreurs.

Il avait suffi d'une rencontre pour tout faire basculer. Il n'en voulait pas à Harry, loin de là. L'ancien Gryffondor avait juste mis en lumière ce qu'il refusait de voir. La marque sur son bras — celle qu'il avait voulu détruire — resterait dans l'esprit du monde magique. Son nom resterait immanquablement associé à ses erreurs et aux crimes de son père.
Le monde magique n'avait jamais oublié. Il attendait juste sa première erreur pour fondre sur lui et le mettre à terre.

Lorsque la pièce commença à tanguer autour de lui, il reposa sa bouteille, un peu brusquement, et il se leva en titubant pour se laisser tomber sur son lit. Il heurta la table de nuit au passage, mais il ne s'en soucia pas, marmonnant juste en clignant des yeux.
Il regardait le plafond tourner, luttant contre la nausée quand la porte de sa chambre s'ouvrit. Il ne l'entendit même pas, mais il sourit stupidement quand le visage de Harry apparut dans son champ de vision.

Ce dernier sembla inquiet, ce qui fit glousser Drago et il leva le bras pour attirer Harry et le tira brusquement vers lui, voulant lui chuchoter à l'oreille qu'il était ivre.
Il mit probablement trop de force dans son geste, puisque Harry émit un grognement étouffé et tomba sur lui. Il se mit à ricaner sans relâcher le brun et ce dernier plissa le nez, le regardant toujours de cet air inquiet.
— Tu es ivre.
Drago le fixa un moment puis finit par répondre, satisfait.
— Ouep.

Harry tenta de se relever, mais Drago l'en empêcha avec une moue boudeuse.
— Reste Potter.
Il l'enlaça avec un soupir satisfait pour le retenir contre lui. Il marmonna.
— Bouge pas, tu sens bon.

Cette fois, Harry gloussa doucement, sans moquerie pourtant, et il dégagea le visage de Drago, écartant ses cheveux en désordre avec tendresse.
— Et toi tu es mignon quand tu es ivre.

Drago laissa échapper un rire joyeux, puis il soupira, perdant soudain son sourire. Il chuchota, toute joie envolée.
— J'comprends pas pourquoi tu prends soin de moi. J'le mérite pas.

Harry se décala sans lâcher Drago, le forçant à se tourner sur le côté pour le garder dans ses bras. Il lui passait lentement la main dans les cheveux, avec douceur et lenteur, apaisant Drago.
— Si tu me disais ce qui t'a mis dans cet état ?

Le blond se glissa plus près de Harry, se collant contre lui, avant de murmurer.
— J'croyais qu'c'était fini ça. Qu'on m'avait pardonné. Mais ils oublieront jamais mes erreurs.

Harry soupira et secoua la tête. Il continua de passer la main dans les cheveux de Drago, sans le quitter des yeux. Après un moment, alors que Drago battait des paupières, somnolant à demi, assommé par l'alcool qu'il avait ingurgité, il répondit avec douceur.
— Il n'y avait rien à pardonner, Drago. Tu as fait de ton mieux pour t'en sortir. N'écoute pas ceux qui sont restés planqués, ils ne savaient pas ce que c'était, la guerre. Ils n'étaient pas là, eux.

Drago marmonna, les sourcils froncés. Harry sourit, amusé, le couvant du regard. Il n'avait jamais vu cette facette de Drago avant, cette fragilité qu'il cachait soigneusement, et il se sentait ému.
— Et si tu me laissais me relever pour que j'aille te chercher une potion pour te remettre sur pieds ?
Le blond haussa les épaules.
— Pourquoi ?
Harry laissa échapper un petit rire.
— Parce que je ne veux pas que tu regrettes cette conversation ou que tu te sentes... mal après.

Drago plissa le front puis il attrapa les joues de Harry et déposa un long baiser sur ses lèvres, avec une expression triomphante, ses yeux gris brillant comme du mercure liquide, hypnotisants.
— Tu vois ? J'regrette pas.