Chapitre 17 / Malentendu et incompréhension

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Après tout, ils sauraient qu'elle change d'adresse très bientôt. Aucune raison de leur cacher le but de son rendez-vous.

— C'est étonnant, Antoine, comme tu as la capacité d'agacer les gens, dit alors Max Duportal avant de reprendre à l'adresse de Violette. Vous prenez plus grand ?

— Non. Mieux situé. Enfin, j'espère.

— Est-ce judicieux alors que vous n'avez pas un contrat définitif ?

— Mais qu'est-ce que tu racontes, Max ?! C'est comme si tu venais de suggérer qu'elle allait être viré dans quelques semaines !

Deux pensées s'entrechoquent simultanément dans l'esprit de Violette. La première : comment Fournier sait-il que son contrat s'achève dans quatre semaines ? La deuxième : Malgré ses efforts, Global Account n'a manifestement pas l'intention de transformer son CDD en CDI. Cette dernière fait l'effet d'un coup de poing à Violette.

— Ça n'a rien à voir. C'est juste que les temps sont incertains et que chaque chose doit être solidement vérifiée et sûre avant de se lancer dans une entreprise hasardeuse.

Max Duportal dit ça sans changer de ton. Comme une banalité, genre, « le temps est incertain, prenons un parapluie ». D'ailleurs, son attention s'est déjà reportée sur le document qu'il parcourait jusqu'à présent.

Violette a le cœur au bord des lèvres. Elle voit le croisement de l'avenue de la République avec le boulevard Ménilmontant avec soulagement. Avant que Fournier n'ajoute quoi que ce soit à ce qui vient de se dire dans l'habitacle, la jeune femme lui indique les emplacements vides sur le bord du trottoir.

— Vous pouvez me laisser là. Merci, dit-elle sur un ton aussi neutre que possible.

— Je peux avancer un peu.

— Non. Ça ira parfaitement. J'ai déjà trop abusé de votre temps et de votre véhicule. Je vous remercie. Je suis à l'heure, et c'est le principal.

Violette descend mais avant de disparaître, elle se penche et s'adresse d'une voix tranchante à son patron qui ne la regarde même pas.

— J'espère que vous appréciez le rapport que vous êtes en train de lire, M. Duportal. Savourez-le, ce sera le dernier.

Et elle claque la porte avant de s'avancer avec détermination vers le croisement.

Sa colère est trop grande pour qu'elle s'inquiète des conséquences probables de ce qu'elle vient de faire. De toute façon, Global Account ne compte pas la garder, alors elle s'en fout ! Elle a tellement envie d'envoyer quelques phrases cinglantes au visage de son patron. Comme par exemple qu'elle ne fait rien sans avoir vérifié mille fois si c'est sûr et indispensable. Que ça n'est pas un type dans son genre, né avec une cuillère en argent dans la bouche, qui pouvait donner des leçons sur la précarité de l'existence. Et que s'il veut la virer, elle s'en fout parce qu'elle est sûre de trouver autre chose très vite ! Peut-être moins bien payé, certes ! Mais quand même ! Parce qu'elle n'est pas seule, elle, comme il a l'air de l'être.

— Mme Dubois !


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