Chapitre 2 : Tommy et Leïla se rapproche

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Faire l'amour.
Tommy n'avait jamais supporter cette expression. Il lui préférait de loin baiser ou niquer. «Faire l'amour», ça sonnait vieux, papi mamie, film pour filles... Alors il n'avait pas aimé du tout quand quand Leïla lui avait lancé, le sourire aux yeux :
-Si tu veux faire l'amour avec moi, Thomas il va falloir apprendre les bonnes manières.
Elle est bizarre, des fois, Leïla, s'était dit Tommy, parce que cette phrase, elle disait pas vraiment non ! À sa manière, elle disait « peut-être». Elle disait oui, si...
Si quoi ?
Un jour, en riant, le père de Tony avait dit qu'il avait dû attendre 8 mois avant de faire l'amour pour la première fois avec celle qui allait devenir sa femme. Est-ce que c'était ça le si ?
Attendre ? Payer le ciné, se tenir par la main, s'embrasser sur les bancs, se regarder dans les yeux avec des airs idiots ? Tous ces trucs que Karim et lui trouver tellement débile ?
Ses parents étaient mariés depuis vingt-deux ans, et dans la rue, ils se tenaient encore la main. Quand ils faisaient ça, Tommy avait la honte, comme lorsque devant tout le monde ils s'appelaient «mon chéri» ou «mon cœur». Le garçon se demandait alors si ils couchaient encore ensemble, à leur âge. Et rien que l'idée lui donnait des boutons.
Pour ne pas perdre la face devant les copines de Leïla quand elle lui avait dit qu'il allait devoir «apprendre les bonnes manières», Tommy avait répété sa question, mais en ajoutant ironiquement une formule de politesse à la fin :
- On baise ? S'il te plaît...
Pour toute réponse, la jeune fille avait dressé le majeur de sa main droite.

Pourtant, le samedi suivant, à la fin des cours, alors que, l'air de rien, il traînait un peu autour du groupe des filles, Leïla avait proposé à Tommy de venir avec elles au cinéma.
Pour Karim, ça signifiait que c'était dans la poche, et lui avait dit de « la péter bien à fond » pour lui. Tommy avait promis en riant, mais au ciné le soir même, il faisait beaucoup moins le fier, seul garçon au milieu de six filles. Il ne s'était décidé qu'à dix minutes de la fin du film, mais Leïla l'avait giflé quand il lui avait mis la main au sein.
Il n'en avait pas dormi de la nuit, et le dimanche matin, à neuf heures, il avait composé le numéro du portable de Leïla juste pour entendre le son de sa voix sur l'annonce de son répondeur.
Sauf qu'elle avait décroché :
- Thomas ?
- Leïla ? Heu... Je me suis trompé de numéro je...
- Pourquoi tu me dis pas plutôt la vérité : que tu voulais me parler... que je te manque ?
- Mais...
- Mais quoi ?
- Je...
- Je pensais à toi, justement.
- Tu pensais à moi ? s'était étonné Tommy.
- Oui. C'est interdit ?
- Non, c'est...
- On va jouer longtemps à ce petit jeu ?
- Quel jeu ?
- Tu ne pense pas que ça serait plus simple si tu me le disais que je te plais ?
- Tu le sais bien...
- Ouais, mais je veux te l'entendre dire.
Tommy avait soupiré mais avait quand même bafouiller :
- J'te trouve... enfin j'te trouve bonne, quoi !
- Non. Ce sont les pommes qui sont bonnes, ou les glaces. Moi, je suis jolie.
- Fais pas chier ! Tu deviens lourde, là.
- Alors raccroche !
- Fais gaffe, Leila. Les filles, j'en baise autant que je veux !
- Ça tombe bien, parce que moi, personne me baise.
- C'est vrai, j'oubliais : toi, on te fais l'amour, avait ironisé Tommy.
- Même pas. On fait l'amour avec moi. Ça se fait à deux ou pas du tout.
Et elle avait raccroché, ne laissant pas le temps à Tommy de lui énumérer la liste des filles qui n'attendaient que ça.
Sauf que c'était elle qu'il voulait. À en perdre le sommeil, à ne plus avoir d'appétit, à ne plus supporter Karim, à ne plus avoir envie des autres filles, même celles qui étaient d'accord. Surtout celles qui le trouvaient craquant avec sa petite gueule d'ange.
À ne plus se reconnaître : à seize heures le même dimanche, il lui avait envoyé un texto :

ON PEUT SE VOIR ?
AU SQUARE DANS
1 HEURES ? TOMI

Puis il avait appelé Karim pour lui dire que, finalement, il ne pouvait pas le retrouver comme prévu parce que sa grand-mère était malade.

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