Bienvenue au village, bienvenue à Tintecloche. Tinteclcohe et ses maisons en bois ; Tintecloche et son meunier Monsieur Boncœur, son boulanger Monsieur Bedain, son bucheron Monsieur Colville, son maitre d'école Monsieur Hautbourg... et bien d'autres. Tintecloche et sa communauté, hors du temps et joviale, qui vivait au rythme de saisons. Tintecloche, tout simplement.
Chez nous, il faisait bon vivre. Tout le monde se connaissait, tout le monde travaillait et personne n'était laissé de côté. Tous nos enfants allaient à l'école et savaient lire et compter. Pour résumer, personne ne manquait de rien et il faisait bon vivre.
Notre Curé, le Père Salomon, avait récupéré, il y a huit ans, un nouveau-né dans les bois, sans doute abandonné. L'homme d'église l'avait pris sous son aille et lui avait donné le nom de Caleb. L'homme d'église avait noué avec le bambin une vraie relation, Caleb était l'égal du fils qu'il n'avait jamais eu. Le Curé lui inculqua une éducation religieuse et l'enfant l'aidait durant les offices. Au village, tout le monde appréciait le jeune garçon car il était toujours de bonne humeur et proposait sans cesse son aide pour tout un tas de choses. Pour des raisons obscures, cependant, le Père Salomon refusait que Caleb suive des cours à l'école comme tous les autres enfants de Tintecloche. Caleb était déçu de ne pas pouvoir faire comme tous les autres, mais il ne loupait jamais une sortie des classes pour aller jouer avec les enfants. Il appréciait particulièrement la compagnie de la fille cadette du boulanger, Juliana Bedain.
Caleb et Juliana étaient proches depuis le plus jeune âge. Déjà, à l'âge de quatre ans, Juliana avait compris que Caleb était orphelin et manquait de l'amour d'une mère. La fillette avait tout fait pour passer le plus de temps possible avec lui, pour qu'il ne ressente pas ce manque maternel. Leur jeu favori était de faire la course jusqu'au poirier, un peu à l'écart du village. Là, ils pouvaient jouer pendant des heures avec des osselets ou à regarder les nuages pour identifier leur forme. Ils étaient inséparables.
Toutefois, souvent à la sortie des classes, Thomas Colville attendait Caleb de pied ferme. Plus d'une fois, il l'avait entrainé à l'écart des autres pour le rouer de coups sans plus d'explication. Dans ce cas, la petite Juliana s'élançait jusqu'à l'école pour prévenir Monsieur Hautbourg de la situation. Aussi tôt, le maitre d'école se ruait sur les lieux et séparait les garçons.
Thomas Colville était un peut plus âgé que Caleb et avait facilement le dessus sur le protéger du Curé. Il était le fils du bucheron, un homme froid et violent. Ils habitaient tous les deux, car Thomas n'avait plus de mère depuis longtemps, un peu à l'écart du village, à l'est. Monsieur Colville ne venait que rarement à Tintecloche et c'était Thomas qui allait faire les courses pour son père.
En réalité, le jeune Colville était très jaloux de l'attention que Juliana portait à Caleb. C'est vrai qu'avec ses grands yeux cobalts et ses tresses rousses, elle était bien mignonne. Thomas avait fait des efforts pour se montrer gentil avec elle. Il allait lui chercher des groseilles à la sortie des classes, lui proposait de porter son cartable, de la raccompagner à la boulangerie familiale... Mais Juliana, bien que toujours souriante et ne refusant jamais l'aide de Thomas, préférait largement Caleb.
Avec les années, la situation n'avait pas changé. Le printemps avait fait place à l'été et ses longues journées ensoleillées ; l'été faisait ensuite place à l'automne qui déshabillait les arbres de leurs feuilles ; puis venait l'hiver qui emprisonnait le village sous son voile blanc et enfin, revenait le printemps et les naissances des veaux et autres animaux. Ainsi était rythmée la vie à Tinteclcohe seulement perturbée par les Nuits de la Terreur, fin octobre, qui confinaient tous les habitants dans l'église du Père Salomon le temps qu'Ils passent, inspectent, er partent.
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Tintecloche, le village maudit (histoire courte 12205 mots)
HorrorTintecloche, petit village isolé et pittoresque, vis aux rythme des saisons. Mais tous les ans, à l'approche du dernier jour d'octobre, les villageois se terrent dans l'église du village attendant le passage terrifiant des ombres du passé... Mais ce...