Maëlys

6 1 0
                                    


5 juillet 

Ce silence était étrange, même suspect. D'ordinaire, ceux étant chargés de cuisiner se levaient à l'aube et les garnement suivait le pas une demi-heure plus tard, mais aujourd'hui rien. Aucun bambin ne courait autour d'elle, Xavier ou Kiran. Cela ne laissait qu'une seule possibilité, le diable.

–Où est Marilou? demandais-je.

–Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vue ce matin en me réveillant, répondit Mégane.

–Encore en train de faire un mauvais coup avec les gamins sûrement... Ne cesseront-ils jamais? Je reviens, je vais vérifier s'ils n'ont pas mis quelque chose sur ma chaise… Annonce Jacob.

–Attends je viens avec toi, rétorqua ma sœur de cœur.

Je regardait alors Jacob et Mégane s'éloigner vers la longue table, mais je savais inconsciemment qu'ils ne trouveraient rien. Lorsque les bambins s'attaquaient à Jacob, ils étaient toujours en train de rôder aux alentours pour voir leur méfait, ce qui n'était pas le cas aujourd'hui. 

Puis, soudainement, je me suis senti vidé de mon énergie. Cette étrange sensation je la connaissais très bien, c'était Gabriel qui devait se promener non loin. 

–Les chambres… dit-il sur un ton lasse.

Je n'eut pas le temps de me retourner que j'entendis un hurlement à l'étage, suivit d'une dizaine de rires cristallins. En moins de temps qu'il le fallait pour le dire, je me dirigea vers l'escalier que je montais à toute vitesse. Je courrai dans le corridor jusqu'à ma chambre. En tout, il y avait sept chambres dans l'orphelinat, celle de Judith, des trois aînées Masculin, des aînés féminin, des adolescents garçon et fille puis celle des plus jeunes toujours séparés selon leur sexes de naissance.

–ÊTRES SATANIQUES !! hurla Jason debout sur son lit.

En arrivant dans la chambre des adolescents, j'aperçus la vingtaine d'enfants manquant autour du pauvre nouveau qui n'avait rien demandé. Marilou était parmi eux, en train de rire aux éclats. Si les enfants étaient de véritables démons, Marilou était le Diable dirigeant ses troupes. Elle était, la majorité du temps, celle qui encourage les plus jeunes dans leur bêtise aussi puéril soit elle. Encore là, l'idée d'observer le jeune garçon durant son sommeil pour lui faire peur à l'éveil était l'une de ses farces favorites.

–Ne grandiras-tu jamais Marilou? Tout le monde dehors!

–Mais.. commença Marilou d'un air boudeur.

–DEHORS!

Ayant plus d'autorité qu'elle, tous les enfants se précipitèrent vers la sortie en s'excusant un par un. Même Marilou, franchement déçue, quitta la pièce, vaincue.

–Désolé pour ça,... Ils sont adorables quand ils le veulent. Nous serons en bas si tu souhaites nous rejoindre.. l'informais-je.

Il me regarda avec interrogation, comme s' il cherchait à voir si j'étais sérieuse. Peut-être ne le voyait-il pas encore, mais ces petits garnements étaient mes amis, ma famille, mon petit clan de sorciers. Certes, je ne partageais les liens du sang qu'avec Yoann, mon jumeau, mais quelque chose de plus grand nous liait entre résident de l'orphelinat. Il y avait certain pour qui ce sentiment était plus présent, mais au final, le résultat était le même.

Soudainement une cloche rassurante sonna plusieurs fois. Comme à chaque matin, midi et soir, Kiran faisait sonner l'instrument de métal pour prévenir la maisonnée du repas qui était désormais prêt. Sourire au visage je descendis donc rejoindre les membres de ma patrie dans la salle à manger. Une grande salle avec une immense table de bois qui trônait au centre de la pièce. Un bon nombre d'enfants était déjà assis en train de déjeuner, mais un détail me fit tiquer, Marilou. 

De l'extérieur, elle avait l'air cultivée, grande observatrice, toujours calme et posée, mais elle n'était rien de cela! Au contraire, de ce qu'on pouvait le croire, elle était bordélique, chaotique et toujours en train de sauter sur quelque chose ou quelqu'un à moins qu'elle soit en phase d'hibernation. Diabolique comme personne d'autre, lorsque les enfants étaient finalement sages et patients, c'est elle qui vient leur chuchoter des bêtises à faire dans leurs oreilles. Pourtant, on ne pouvait rien y faire, c'était Mari, mais où était ce problème cette fois? Elle était assise juste à côté de Raphaëlle, la nouvelle et face de Mégane. Je n'eut même pas le temps de réagir que le démon jeta sa cuillère au visage de sa rivale qui hurla de douleur.

–Tu vois Raphi, si elle utilise des ustensiles de bois c'est qu'elle prend un choc à chaque fois qu'elle touche du métal. N'est ce pas amusant? Demanda Marilou.

–Tu sais ce qui est amusant ? S'écria Mégane.

–Quoi donc? Questionna le démon.

Elle eut rapidement sa réponse avec une crêpe étampée sur le visage. J'adorais cette petite impulsive même si elle m'exaspère lorsqu'elle embarque dans les bêtises de son amie. Avec la cicatrice qui lui parcourait le visage jusqu'au pied, elle avait l'air d'une caïde, mais cela n'était en rien le cas. La maîtresse de la foudre était une jeune fille réservée qui aimait écrire la nuit en tenant compagnie à notre très cher insomniaque, Gabriel.

–Mégane, pourquoi as-tu fait cela? Questionna une sage voix derrière moi.

–Judith! C'est marilou qui vient de me lancer du métal dessus!

–Marilou…

–C'était une expérience à but scientifiquement sociologique!De quoi faire avancer notre société…Répliqua innocemment l'accusé.

Avec un soupir fatigué, Judith alla s'asseoir au bout de la table là où était sa place. Je la regardais tristement, elle semblait de plus en plus malade. En tant que guérisseuse, j'avais été la première au courant pour le cancer qui la rongeait petit à petit. J'utilisais mon pouvoir tous les jours pour tenter de l'aider, mais visiblement cela n'améliore en rien les choses. J'avais peur pour l'avenir et je n'étais visiblement pas la seule… Je savais qu'il existait un moyen pour la guérir pour de bon, mais les légendes étaient régulièrement que des mythes. Puis, après tout, pour l'instant, Judith se tenait toujours debout après tout…

Tout pour la sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant