—Je l'ai, Axel !
La voix de Nicoleï perça le brouillard de ses sens. Hagard, Axel réalisa que Solerys n'avait plus cette prise sur lui. Une bouffée de soulagement le traversa. Telclet était en sécurité. Les larmes montèrent à ses paupières, s'évaporèrent aussitôt.
Il rappela ses flammes, fit quelques pas dans sa direction. Il n'avait plus à se battre. Plutôt mourir que se laisser contraindre de nouveau. Une barrière céda dans son esprit et il cligna des yeux, désorienté. Il se sentait... plus léger. Pourtant il avait toujours ses poids aux chevilles. Il devait s'en débarrasser.
Oubliant le combat qui faisait rage entre Kenog et Solerys, oubliant Solerys, il généra une fine flamme entre ses doigts, l'appliqua sur l'un des maillons qui retenait ses jambières fermées. Pourquoi avoir cru qu'il ne pourrait jamais défaire la soudure ?
Le métal surchauffa bientôt, virant au rouge, puis au blanc. Axel serra les dents tandis que la douleur augmentait en même temps que l'intensité de son Feu, tira sur les deux parties de sa jambière d'un coup sec. Le maillon s'étira jusqu'à se rompre et Axel jura en voyant combien il était passé près de l'accident quand le morceau de métal mou retomba sur la jambière.
Restait le deuxième. Il procéda de la même façon, se tordit la jambe pour éviter que le métal brulant ne touche sa peau.
La jambière tomba au sol dans un bruit sourd et Axel examina son mollet. Il restait deux traces rouges d'une profonde brûlure, mais c'était un faible prix à payer pour retrouver les cieux et la liberté.
Sans attendre, il s'attaqua à son autre jambe. La concentration faisait perler la sueur sur son front, qu'il essuya d'un geste rageur. Eraïm, il perdait du temps !
La deuxième jambière rejoignit la première et Axel se redressa. Son cœur rata un battement. Nicoleï n'était nulle part en vue. Où était-il passé ? Axel se rua dans une chambre, ne vit rien, revint dans le couloir, plongea sous les bourrasques de Maitre Kenog et se retrouva dans une autre chambre.
—Axel ? fit Tabatha avec surprise.
La Niléenne qui les avait accompagnés ? Axel revint à ses priorités.
—Où est Nicoleï ?
—Il a plongé, dit-elle d'une voix blême, accompagnant ses paroles d'un geste de la main. Par la fenêtre, là-bas.
Elle toussota, et Axel, qui avait fait trois pas vers la fenêtre, revint vers elle. Les vents attisaient les flammes qui restaient et il ne se sentait plus l'énergie suffisante pour les éteindre.
—Ne reste pas là, c'est dangereux. Viens.
Il lui tendit la main, qu'elle saisit avant de se remettre debout avec une grimace.
—Je n'avais pas vu que tu étais blessée, s'excusa-t-il avant de passer un bras autour de ses épaules. Il faut sortir de là.
Ils se dirigèrent à petits pas vers la fenêtre. Tabatha serrait les mâchoires et Axel devinait qu'elle souffrait le martyre.
La culpabilité le submergea une nouvelle fois.
—Tu comptes me faire descendre par là ? questionna-t-elle.
—Oui. Tu n'as pas l'air bien lourde.
Il écopa d'un regard noir et une fois de plus, Axel se demanda pourquoi les femmes semblaient si sensibles à ce détail. Le poids était une donnée importante, pour voler correctement, mais les terrestres ne semblaient pas le comprendre. Certains s'étonnaient que les Massiliens fassent si attention à leur alimentation ; avaient-ils déjà vu voler un ailé en surpoids ? La légèreté était une condition au vol, et quiconque avait volé était prêt à tous les sacrifices pour voler de nouveau.
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Les Vents du Destin (3)
FantasiQue faire quand vos parents ont sauvé le monde et que votre soeur a l'oreille d'un Dieu ? Axel n'a que trop conscience des regards braqués sur lui, à l'affût d'exploits à la hauteur de la réputation de sa famille. Une pression qu'il juge insupporta...